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Les Atteintes Gouvernementales Au «Pouvoir D'Achat Des Français»? C’est Le Parti «Socialiste» Qui En Parlait Le Mieux

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Ségolène Royal a déclaré, avant-hier, qu’il n’y aurait «pas de hausse des tarifs EDF au 1er août» prochain.

Immédiatement : EDF a «chuté en Bourse»

Immédiatement : Manuel Valls, Premier ministre, a «recadré» (comme disent les journalistes comme il faut) la ministre de l’Écologie, en indiquant, hier, qu’il y aurait bien, à l'automne 2014, une hausse du prix de l'électricité– dont il a précisé qu’elle serait d’une  «ampleur plus faible que 5%».

Immédiatement : le Parti «socialiste» a réagi à cette annonce, en publiant un communiqué au vitriol.

Le P«S» constate – le moyen de faire autrement – que «manifestement, le pouvoir d’achat des Français est le cadet des soucis gouvernement».

Car en effet : plusieurs «millions de ménages sont aujourd’hui en situation de précarité énergétique» - et leur nombre «ne cesse de croître».

Mais cela, assène ce communiqué incendiaire, «le gouvernement», dont le cynisme épouvante, «feint» de l’«ignorer» - car, sous son éprouvant règne : «l’exigence de rentabilité a remplacé celle du service public».

Par conséquent : le Parti «socialiste» exige de ce gouvernement qu’il revienne «sur sa décision, pour protéger les usagers d’une hausse indéfendable en la période actuelle, alors que nos concitoyens vivent déjà une crise aiguë de leur pouvoir d'achat», et qu’il se rappelle plutôt que «le rôle de l’Etat et des entreprises publiques est de privilégier l’intérêt des citoyens et le développement économique du pays». 
   
 

(Je rigole, bien sûr : le P«S» a effectivement publié ce communiqué rageur, pour dénoncer la décision gouvernementale d’augmenter de 3% les tarifs EDF.

Mais c’était en septembre 2010.

Quand l’autre droite était au pouvoir.)

 


Mauvaise main pour Michel Tomi

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Le «parrain des parrains» corse a été mis en examen. Dans un dossier qui sent plus la haute diplomatie françafricaine que le grand banditisme corse.

L'astuce n'a pas vraiment été appréciée par Michel Tomi. Convoqué mercredi 18 juin à 10 h pour être interrogé par la Direction centrale de la police judiciaire sur des faits de corruption d'agent public étranger, abus de biens sociaux, blanchiment, etc., l'ancien Pasqua Boy de 67 ans a été interpellé le même jour à l'heure du laitier, dans l'un de ses appartements parisiens.  L'occasion a été saisie par les enquêteurs pour réaliser de spectaculaires perquisitions. Plus d'un millions d'euros en liquide saisis au cours de l'opération dont 400 000 euros au domicile parisien de Tomi. « Certes, c'est beaucoup d'argent », confie un proche. « Mais Michel n'évolue pas dans le même monde que la plupart des gens. Pour lui, 400 000 euros ce n'est pas une somme énorme. Et ce n'est pas comme s'il avait touché une enveloppe dans un parc : c'est sa banque qui lui a mis à disposition à Paris.»Attendue depuis la révélation par Le Monded'une enquête judiciaire ciblant le richissime corsafricain établi au Gabon, la convocation de Michel Tomi a été longuement anticipée. Pour desserrer la pression médiatico-judiciaire, le discret résident de Libreville, qui lui a accordé un passeport diplomatique, a même répondu aux sollicitations :portrait très fouillé et interview dans L'Express, rencontres avec les journalistes du Canard Enchaîné et du Point. Avant de rencontrer les enquêteurs de l'Office central de la grande délinquance financière, l'entrepreneur s'est frotté aux enquêteurs de presse pour faire passer ses messages. Une sorte de répétition générale?  L'ampleur du coup de filet qui a accompagné sa garde-à-vue l'a surpris. 14 personnes arrêtées, principalement des proches et du personnel chargé de son intendance en France. «On ne s'attendait pas à ce que ses intimes soient également placés en garde-à-vue, il y a eu un petit mouvement de panique», admet l'un de ses conseils. Vite rassuré. Si les deux juges en charges de l'enquête, Hervé Robert et Serge Tournaire, se sont répartis les mises en examen, les magistrats ont rapidement signifié qu'aucun des interpellés ne risquait le placement en détention. «Du coup, on ne s'est pas vraiment plongé dans le dossier». Un ancien juge anti-mafia, lui, fulmine. «On trouve un million d'euros en liquide dans des perquisitions et personne ne va au ballon. On les laisse partir comme cela. » 

Tomi l'Africain coincé en France

Pas vraiment. Selon L'Express, Tomi devra s'acquitter d'une caution de 2 millions d'euros. Surtout, le fondateur du groupe Kabi, florissante affaire africaine qui emploie 5000 personnes dans les jeux, l'hôtellerie et les paris sur le continent noir, est interdit de sortie du territoire français. Tant pis pour l'homme qui se définit à l'envi comme un Corse d'Afrique. Les terres de latérite lui sont pour l'instant interdites, tout comme les rencontres avec son «frère», le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), porté au pouvoir avec le soutien de la France et que Tomi est soupçonné d'avoir corrompu.« Avec IBK, nous nous connaissons depuis plus de vingt ans. Parler de corruption, comme le suggère la justice française, n'a aucun sens. Les présidents africains ne sont-ils pas supposés avoir de l'argent? Comment les corrompre? Nous avons le droit de déjeuner ensemble. Si nous avions quelque chose à cacher, croyez-vous que nous serions allés à la maison de la Truffe? L'épisode remonte à deux ans, à l'époque où il n'était pas encore président. Je ne pense pas que l'on puisse parler de corruption pour un repas. Si vous venez chez moi, je ne vais pas vous faire payer l'hébergement. Et je vous inviterai à déjeuner», a expliqué Tomi dans L'Express. Et la même rengaine a été servie au Point et au Canard. Une version frappée au coin du bon sens? A Bakchich, ses proches ont servi le même raisonnement quant aux supposés faux documents administratifs. 

Parrainlytique

«Oui bien sur, des membres de son entourage ont des passeports diplomatiques gabonais. Et alors? Cela concerne le pouvoir gabonais dont la proximité avec la famille Tomi est connue de tous. Alors évidemment, cela peut paraître improbable et compliqué. Mais une fois que Michel Tomi l'explique, cela devient simple ». Des évidences que l'entrepreneur corse a du déverser 72 heures durant aux policiers et aux juges d'instruction, sans être si convaincant. Ses explications n'ont pas empêché ses multiples mises en examen, ni chassé la légende qui l'accompagne. Dans la silhouette du prospère patriarche corsafricain, cloué à une chaise roulante par une sclérose en plaque, se dessine l'ombre du parrain des parrains corse, dont le nom ponctue les archives policières et judiciaires. 

Tonton oui, flingueur non

Condamné dans les années 80 dans l'affaire du casino de Toulon avec des pontes du Milieu marseillais, initié à l'Afrique par la famille Feliciaggi, trait d'union entre  Charles Pasqua et feu Jean-Jé Colonna, considéré jusqu'à sa mort en 2006 comme le parrain du sud de l'île, le nom de Michel Tomi sonne comme une évidence aux oreilles des enquêteurs qui cherchent une tête au grand banditisme corse. La mort de Jean-Jé, de son ancien associé en Afrique Robert Feliciaggi, l'hécatombe qui frappe le gang de la Brise de Mer comme les héritiers de Colonna, a purgé la documentation policière. Ne reste que le patronyme de Tomi. D'autant que c'est à partir d'une affaire emblématique du banditisme insulaire qu'ont été déclenchées les investigations sur sa personne: le coup de force aux Cercle Wagram du 19 janvier 2011. Ce jour là, Jean-Luc Germani, Frédéric Fédérici, Stéphane Luciani et Antoine Quilichini prennent par la force le contrôle de ce cercle de jeux parisiens. Dans une note de synthèse du 17 février 2011, la bande des 4 est décrite comme« Une équipe montante de malfrats défendant de façon violente le patrimoine et les investissements occultes de leur mentor feu Casanova ». Aucun n'est inconnu de Michel Tomi. Quelques jours plus tôt, ils se sont réunis dans le cossu appartement parisien que Tomi l'Africain loue via sa société de jeux africaine. Et met gracieusement à disposition de Sandra Germani, la soeur de Jean-Luc et surtout la veuve de Richard Casanova, ponte présumé de la Brise de Mer dont Tomi revendique encore aujourd'hui l'amitié.

Hospitalité africaine, accent corse

En 2009, «l'équipe montante» est même venue déjeuner à Paris avec l'entrepreneur africain pour lui demander conseil. Les agapes se déroulent à Nanterre, le 11 mars, à quelques pas du siège de la Direction centrale de la police judiciaire. Ses fonctionnaires en profitent pour réaliser quelques clichés qu'ils ressortent quelques mois plus tard, quand Germani et compagnie sont pacés en garde à vue pour l'assassinat de Jean-Claude Colonna. «J'avais rendez-vous avec Michel Tomi, afin d'avoir l'avis d'un expert sur les jeux car j'avais l'opportunité de créer une société d'exploitation de machines de jeux dans un pays africain à savoir te Kinshasa. J'étais à ce moment en discussion avec une personne bien placée dans le gouvernement de ce pays et ce afin d'obtenir les licences ad hoc, Ce dernier m'a alors dissuadé de m'engager dans cette voie, le pays étant instable quant à présent confirme Jean-Luc Germani lors de sa garde-à-vue du 25 novembre 2009. J'ai revu Michel Tomi au mois de mai 2009 au GABON. Jean Luc Cocaccioni qui est associé à Michel Tomi était là bas. Je suis resté environ 1 mois au Gabon. J'ai connu Michel Tomi par l'intermédiaire de ma soeur Sandra qui est elle- même très amie avec lui. Richard Casanova était lui-même très ami avec Michel Tomi». 

Lire: Le Milieu voyage au Congo

Au point de le surnommer «tonton», un surnom dont l'affuble toujours Mme Germani à qui Tomi offre toutes les facilités de vie. Idem pour la famille de Jean-Luc Germani, qu'il a accueillie au Gabon. Et pour Jean-Luc lui même, en cavale depuis les opérations de police au Wagram? «Non», a assuré Tomi au Point et à l'Express. Les pontes de la PJ en sont moins persuadés, qui ont perdu la trace des fuyards entre le Gabon et le Cameroun, quand Bakchich a eu la confirmation de leur passage par le Congo. « Étant donné qu'ils cherchent Germani et sa bande, il n'est pas étonnant qu'ils s'intéressent à leur hôtelier», a sussurré à l'oreille de Bakchich une source judiciaire. 

Seul petit bémol, à ce stade des investigations, l'enquête ne semble pas s'orienter vers les liens de Tomi avec le grand banditisme insulaire. Seulement à son influence dans les palais africains. En mars, la révélation de l'enquête n'avait pas seulement agacé les magistrats en charge du dossier. «IBK commençait à s'éloigner de notre diplomatie. Avec ces fuites, le gouvernement a voulu faire pression sur lui », peste un haut magistrat. «Au détriment de l'enquête.» Un jeu pas bien malien...

QUE DU BONHEUR !

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Tous les sondeurs, tous les analystes le confirment : les Français râlent sans cesse, mais confessent globalement qu’ils sont heureux. Pourquoi pas ?

Passe ton bac d’abord !

Pour comprendre comment fonctionne, dans nos petites têtes, le système des « idées obligées » qui composent le culturellement correct, il suffit de faire l’historique des sujets du bac philo. A l’époque de l’explosion de la linguistique structuraliste, les sujets sur le langage tombaient en avalanche. Après l’inquiétant succès du Grand bleu et la « delphinomania » planétaire qui l’accompagna, on vit déferler des interrogations sur les rapports (tendus) entre l’Homme et la Nature (avec un net avantage à la Nature, et de gros coups de pieds au cul à Descartes, jadis héros national, et devenu dépeceur de bébés-phoques). Comme on avait une Révolution à commémorer et qu’il était de bon ton, chez les essayistes masochistes, de ne parler que de la Terreur, il y a eu à la fin des années 80 des tapées de sujets sur l’Histoire, son immoralité, ses devoirs de mémoire et les orgasmes de la repentance. La vigueur philosophique française s’est alors épuisée dans les vasouilles de la « French theory », à la fois objet de sarcasmes et produit d’importation pour les non-penseurs américains (Derrida, c’est comme le Chanel n°5, on en porte seulement pour sortir le soir). Au niveau du bac, cela s’est soldé par un certain désarroi : le Moi et ses incertitudes furent l’objet d’une romantique attention.

Comble de malchance, la stratégie complaisante de cooptation entre exégètes d’Heidegger ayant vidé nos Sorbonne de toute tête pleine, on s’avisa ensuite de dissoudre les sujets du bac philo dans la conversation de bar-tabac (« Puis-je être certain d’avoir raison quand je dis que tu as tort? ») ou les thèmes les moins problématiques des Sciences Humaines (« Les civilisations sont-elles mortelles, ou alors quoi ? »). Une place de plus en plus grande fut alors consacrée aux sujets sur l’Art, parce que ça ne mange pas de pain, que c’est la question de cours typique, parfaitement adaptée au plan en trois parties avec conclusion en « Finalement, moi je pense que… ». Cette tendance a encore ses chauds partisans aujourd’hui, et passionne d’autant plus les décideurs de sujets que les musées d’Art contemporain font faillite et compteront bientôt plus de gardiens syndiqués FO que de visiteurs. Que l’on évoque le questionnement récurrent sur la Vérité (avec des sujets qui poussent au scepticisme) et à la Science (avec des questions qui engagent à cramer tout positivisme) et l’on aura fait, en gros, l’état des lieux. On pourra alors sortir du placard le beau marronnier du mois de juin : faut-il maintenir la philo au bac, au cas, évidemment, où on conserverait le bac (un marronnier peut en cacher un autre). Quoi qu’il en soit, cette année, le bonheur était officiellement au menu, cela courait sur le net bien avant que les sujets soient sur les tables, non parce qu’il y avait des fuites, mais parce que la question est d’actualité…

Le bonheur, passion française ?

Il est bien connu qu’un certain Saint-Just, Conventionnel de son état, déclara en conclusion d’un court, mais roboratif discours de motivation révolutionnaire, le 3 mars 1794 : « Le bonheur est une idée neuve en Europe ». En fait, ce n’était guère qu’un petit rappel de l’article I de la Constitution de 1793, spécifiant que « le but de la société est le bonheur commun ». Pourquoi « en Europe »? Parce que les constitutions de certains des Etats-Unis avaient déjà mis en avant cette idée forte, reprise dans la Déclaration d’Indépendance de 1776. Cette tension vers le bonheur est un produit des Lumières, une graine de liberté propre à germer d’abord dans des pays neufs, sans rois ni prélats omnipotents installés là depuis des siècles, raison pour laquelle il n’était pas sot de les décapiter. Car cette nouveauté confie désormais à un corps politique, la société, la tâche que prétendait assurer l’Eglise, dont la monarchie n’était que le prolongement –deux obstacles radicaux. Alors, revendiquer ce « bonheur commun » au lieu d’inviter l’individu à ne s’occuper que de son Salut, c’est proprement une révolution, et pas seulement un pétard post-spinoziste (ceci pour les connaisseurs). Et il se trouve que, depuis lors, la question du bonheur est tout, dans notre culture française, sauf une question de dissertation philosophique. La preuve : dans ses œuvres complètes, le père sauveur de notre république, Charles de Gaulle, prenait la peine de prendre pour objectif « ce degré relatif de bien-être et de sécurité que pour un peuple, ici-bas, on est convenus d’appeler le bonheur »…Un bonheur de ménagère souriante qui fait son repassage en écoutant Dario Moreno sur son transistor tout neuf pendant que son Marcel bosse chez Renault soixante heures par semaine.

Mais le père De Gaulle, prudent, ajoutait : « relatif » et surtout « ici-bas », car son catholicisme plaçait le bonheur parfait dans l’au-delà. Et sur ce point, sa pendule retardait. L’idéologie républicaine française ne compte pas sur Dieu pour rendre heureux le citoyen. Si l’on veut mesurer quelque part la laïcité foncière de notre culture, c’est bien là. Il suffit d’observer que, dans les culture empêtrées dans le puritanisme vaguement déiste véhiculé aux Etats-Unis  par les émigrés protestants anglo-saxons, le bonheur est systématiquement déconnecté du Plaisir et raccordé par des câbles grossiers à la Moralité. Nous, on n’emmène Dieu ni à table, ni au lit. Pas même au lit d’hôpital. C’est comme dans le Festin de Babette : chez certains être trop vertueux et bigots, la vie n’est pas faite pour (bien) manger, mais pour se nourrir. Il n’y a finalement qu’une preuve matérielle de cette approbation divine au bonheur d’un individu qu’on appelle ou non « grâce », c’est sa réussite sociale, qui est supposée traduire sa parfaite adaptation au biotope et aux bonnes mœurs. Ailleurs, dans les cultures anglaises et nordiques, l’Ennui n’est pas le contraire du bonheur : il garantirait plutôt une certaine tranquillité de l’âme, tempérée par l’alcool si nécessaire, mais uniquement le vendredi soir. Il est étonnant de voir que cette modélisation de l’ennui comme vertu, qui passe pour la posture caricaturale des gens « comme il faut », cohabite socialement avec une tolérance étrange à l’excès, à la violence même (le hooliganisme), voire à la marginalité plus ou moins pittoresque. C’est dans ce contexte, et sur des critères élaborés à cette aune, qu’ il appert de divers classements que le Danemark serait le pays le plus heureux du monde, idée assez effroyable pour un Français peu inquiet de se voir, dans le même classement, attribuer des places peu reluisantes (entre 32e et 60e). Et dans le même temps, jalousés pour leur complaisance traditionnelles aux plaisirs de la bouche et du corps, leur climat ensoleillé mais tempéré, leur bon goût en matière de monuments historiques et leurs villes pleines de bistrots sympas, les Français voient déferler des touristes nordiques avides de se désennuyer et des Anglais ravis de s’évader en devenant propriétaires d’une maison rurale si grande qu’ils en font aussitôt un bed and breakfast condamné à la faillite. Le french paradoxe n’est pas qu’une affaire de graisse d’oie.

La préoccupation française pour un bonheur « positif », aimable à vivre en tout cas, se traduit politiquement par un trait qui souvent passe inaperçu : alors que l’influence anglo-saxonne pense régler la question du bonheur en « sécurisant » des droits et en favorisant, depuis les années 1950, la consommation, nous accordons un prix particulier (souvent jugé exorbitant par nos amis étrangers…) non seulement aux libertés et à l’égalité, mais encore à cette protection sociale qui est, à nos yeux, la seule preuve véritable que la société se soucie de notre bonheur. D’où l’incessante querelle sur les « droits acquis » en la matière, qui relèvent de la géologie comme socle du contrat social made in France. A rebours, on comprend mieux le caractère manifestement réactionnaire et barbare, par rapport à nos usages, d’une rébellion comme celle des anti-mariage pour tous, qui réclament non un droit, mais le refus d’une liberté. En l’occurrence, cette volonté d’interdire le bonheur, surgissant dans un pays comme la France, a d’autant plus déconcerté l’Europe que partout ailleurs, l’accoutumance à une tolérance progressait généralement sans chaos– un Tea Party français, quelle horreur ! Il y a là l’indice d’une crise, et d’une crise grave. Cela n’a rien à voir, ce me semble, avec un retour en force des fous de Dieu, les églises continuent, Dieu merci, à être vides. Ce qui est grave, c’est que l’opposition de droite au gouvernement en place ait décidé (sans unanimité, et avec des degrés) de prendre appui sur ces pèlerins pour envahir la rue et semer un souk politique au lieu de leur laisser danser un rigodon avec les ultimes Camelots du Roi et les fondamentalistes du non-regretté Mgr Lefebvre. Aveu d’inefficacité politique, ou reniement culturel ?  

Le manège désenchanté

En fait, aucun politique aujourd’hui ne pourrait prétendre, par son action, procurer du bonheur. Plus de justice, oui ; une égalité mieux respectée, la promesse est raisonnable ; mais du bonheur ! A moins que l’on considère l’historique « travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy comme une recette de bonheur : le bonhomme, lui-même sur-consommateur de tout,  a incarné, ou a voulu incarner, avec sa Rolex, son insolence et ce que l’on a appelé son « bling-bling », une société où le bonheur se vérifie comme dans les magazines, par des possessions symboliques (la villa, la piscine, la belle auto allemande…). Autrement dit, en allant jusqu’au bout, cyniquement, d’ un « bonheur à hyper-consommer » qui a, prétendument, donné à la société de consommation son aristocratie, sur-peuple de people qui domine et nargue le peuple fasciné par tant de luxe, tant de gaspillages et néanmoins tant de problèmes sentimentaux plus ou moins futiles – all that money can’t buy… Le drame, le vrai, c’est que ce coup de trompette bouffon a surgi à la veille d’ une crise qui a montré, notamment, que l’enrichissement, condition de ce bonheur de riches, s’opérait nécessairement au détriment des pauvres, et non seulement persistait dans l’appauvrissement d’autrui, mais encore, les statistiques le prouvent, s’en nourrissait. Le bonheur des uns (les happy fews des plafonnés fiscaux de Sarko) fait donc effectivement le malheur des autres, cela s’appelle le capitalisme, monsieur Piketty vient de le rappeler à ceux qui l’avaient oublié. Mais pour autant, on ne voit point se profiler de remède de rechange au bonheur de la consommation. Des solutions individuelles ? Vous en trouverez dans la méditation, c’est tendance, un néo-mysticisme plus discret que le stage en ashram, ou dans l’hédonisme à tout crin, fondé philosophiquement chez Onfray, musicalement par les DJ, chimiquement par les drogues. Mais quid de ce « bonheur commun » qui faisait révolution ? 

On a parlé du « désenchantement du monde » (l’expression est attribuée à Max Weber) lorsque la religion ou  la magie (en fait, c’est pareil) ont cessé, par leurs histoires fantastiques, de faire croire que le monde était l’antichambre du bonheur. Depuis lors, l’amélioration quasi planétaire des conditions de vie (il y a encore des misères archaïques, certaines étant entretenues, justement, par des religions obscurantistes et meurtrières) n’a pas suffi à le ré-enchanter. La médecine soignait ? Depuis l’invention des antibiotiques, elle guérit. L’économie nourrissait ? Elle a permis de spéculer et de bâtir des empires. La technique soulageait l’effort ? Elle a supprimé l’espace et le temps. Et avec ça, vous n’êtes pas heureux ? Non, parce que toutes ces avancées ont vu surgir leur antidote pessimiste, l’idée que les remèdes tuent, que l’économie creuse l’injustice, que la technologie assassine la planète, et tout cela est au moins partiellement vrai. Au moment même où l’on peut considérer comme valide la thèse selon laquelle la croissance est la seule solution à la crise, on sait aussi que la croissance n’est pas une loi physique, encore moins une loi économique, et n’a aucun avenir garanti. C’est face à cette situation que dans l’horizon démocratique, les nuages ont commencé à peser lourdement sur le politique. Certes, les politiques, par leur futilité souvent caricaturale, ont pu contribuer à dévaloriser le politique. Mais finalement, je crois que la dégénérescence idéologique globale, gauche et droite confondue, est plutôt une conséquence qu’une cause de cette dévaluation, que certains appellent « déception », ce qui signifie, implicitement et étymologiquement, tromperie. La désaffection vis-à-vis des partis non-démagogiques est telle que la tentation permanente de la démagogie fait des ravages dans notre paysage politique et syndical (vous aurez certainement des exemples à portée de main). Le bonheur, en tout cas, est sorti de notre culture politique pour longtemps, je le crains…

Le saviez-vous ? La France est le pays au monde qui compte le plus de piscines par habitants. Véridique. Avec un pareil score, on peut s’imaginer que notre classe moyenne ne nage pas dans la misère, mais dans l’eau chlorée. Aucun pays, paraît il, n’a une offre culturelle aussi variée et riche que le nôtre. Je veux bien le croire. C’est sans doute parce que, depuis François Ier, on prend grand soin des artistes, surtout quand ils sont bons. Et nous avons une quantité de fromages dont certains, affinés sur bois, tueraient l’américain moyen qui, comme l’Anglais, lave le poulet avant de le faire cuire. Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux, alors ? Selon l’Equipe, c’est la Coupe du Monde. Selon le Figaro, c’est le retour de Sarko. Selon moi, c’est un peu moins de piscines, de poujadisme, de pessimisme, et un peu plus de solidarité, de patience, de mesure. C’est un chantier politique, ça, ne vous y trompez pas.

Prêt à prix d'ami

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Médiapart a révélé le prêt réalisé par le groupe UMP, présidé par le copéiste Christian Jacob, au parti UMP, présidé par Jean François Copé

Affaire Areva-Uramin: l'auteur de «Radioactif» entendu par la justice

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Le consultant et romancier Vincent Crouzet a été entendu pendant 7 heures à la brigade financière de Paris, dans le cadre de l'enquête sur l'achat d'Uramin par Areva en 2007.

Le château des rentiers, siège de la brigade financière parisienne, a accueilli pendant 7 heures en ses murs un romancier, ce 18 juin. Dans l'agréable statut de témoin, Vincent Crouzet, auteur du roman d'espionnage Radioactif, a été interrogé de 9h à 16 h sur les clés de son oeuvre. Les limiers se sont ainsi retrouvés à chercher à faire la part du vrai, du faux et du probable nichés dans les quelques 400 pages de son livre, qui narre une histoire aux nombreux points communs avec l'actualité. Et pour cause.

Comme il l'a dévoilé à Bakchich, pour écrire son intrigue, Crouzet s'est plus qu'inspiré de la saga Uramin - cette société canadienne immatriculée aux Iles Vierges Britanniques et rachetée 2,5 milliards de dollars par Areva en 2007: il dit s'être appuyé sur le témoignage de l'un des rouages de la vente, l'indo-pakistanais Saifee Durbar. A l'époque de la transaction, l'intermédiaire était conseiller du président centrafricain François Bozizé, chef d'un Etat où Uramin et Areva avaient quelques intérêts.

A lire son roman Radioactif, Crouzet dévoile une irradiante hypothèse. Que la vente d'Uramin à Areva n'a été qu'une gigantesque opération de rétrocommissions entre la France, l'Afrique du Sud, la Namibie et la Centrafrique. D'ailleurs, depuis 2011 et le crash du cours de l'uranium, les actifs d'Uramin ont été dépréciés de quasi toute leur valeur dans les compte d'Areva...2 milliards d'euros d'argent public partis en fumée.

L'hypothèse, qui a pu faire sourire lors de la parution de son roman en avril dernier, fait depuis grincer bien des dents. Sur une alerte de la Cour des comptes, le parquet national financier a en effet lancé une enquête préliminaire afin d'éclaircir les conditions d'achat d'Uramin par Areva. Les magistrats financiers se sont étonnés à la fois de l'agenda de l'achat, acté entre les deux tours de la présidentielle de 2007, son montant - qui en fait la plus grosse OPA de l'hsitoire d'Areva- et les documents qui ont servi de support à la transaction.

Lire: Uramin, les coquilles d'Areva

C'est dans ce cadre que Vincent Crouzet a été auditionné. En attendant que d'autres personnages de son livre ne passent à confesse?

 

 

Islamophobie : une «violence sans précédent», des réponses «insuffisantes»

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Le CCIF publie aujourd’hui son nouveau rapport annuel. Comme toujours, il est accablant : les actes antimusulmans sont en augmentation constante, les agressions physiques, toujours plus fréquentes, ont été, en 2013, «d’une violence sans précédent», et la réponse des pouvoirs publics est encore et toujours très «insuffisante», au regard de la «gravité de la situation».

Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) retient, pour qualifier précisément cette intolérance particulière, la définition suivante : «il s’agit de l’ensemble des actes de discrimination ou de violence contre des institutions ou des individus en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à l’islam», expliquent les auteurs du nouveau rapport annuel - le dixième, depuis 2004 – de cette association fondée en 2003. Qui précisent ensuite que : «Ces actes sont également légitimés par des idéologies et des discours incitant à l’hostilité et au rejet des musulmans.»

L’un des effets (2) de cette légitimation est que ces actes sont en augmentation constante. Pour l’année 2013 : le CCIF en a enregistré 691, contre 469 en 2012. La plupart – 640, dont 158 «agressions physiques et verbales» (3) - ont été perpétrés contre des individus. Les autres visaient des institutions. Cela fait une hausse, en un an, de 47,33%, qui vient s’ajouter à celles, tout aussi considérables, des années précédentes, et dont les principales victimes sont toujours - et de très loin - les musulmanes : «Les femmes portant un foulard demeurent la première cible des agresseurs islamophobes.» Au surplus, constatent les auteurs du rapport : «La nature de ces actes évolue.» Plus précisément : les agressions physiques sont de plus en «plus fréquentes», et «d’une violence sans précédent», dont témoignent, dans certains cas, «la préméditation et l’utilisation d’armes».

Or, «les réponses pénales et médiatiques»à ces exactions restent très «insuffisantes». Les «moyens mis en œuvre» par les pouvoirs publics sont très en deçà de ce qu’ils devraient être, «compte tenu de la gravité de la situation» (4). L’État, explique le CCIF, «peine»«à se remettre en question» (5), cependant que les médias (6) se dédient, plutôt qu’à la mise en lumière de ses accablants effets concrets, à l’entretien, dans l’époque, d’une anxiété islamophobe.

«Déshumanisation des victimes»

En somme, tout concourt à une «déshumanisation des victimes», qui parfois même sont «mises en cause plutôt que soutenues»  par ceux-là mêmes qui devraient avoir le constant souci de les protéger. Et cela est d’autant plus regrettable que les données du CCIF, pour – très - alarmantes qu’elles soient, sont encore loin de refléter l’ampleur véritable de la réalité qu’elles dénoncent. Car en effet : «seule une faible proportion des victimes» d’actes antimusulmans «déclarent les préjudices dont elles sont la cible, tant auprès des pouvoirs publics que des organisations spécialisées». En d’autres termes : la plupart de ces agressions, parce qu’elles ne font l’objet d’aucune plainte, ne sont jamais comptabilisées.

Pour mieux mesurer ce «décalage», le CCIF a mené pendant un an, auprès de 1417 musulmans, une passionnante enquête dont l’objectif était de «mieux comprendre» leur perception du  «fait islamophobe», et «les réponses qui lui sont apportées».

Et son résultat est tristement édifiant, puisque 68 % des personnes interrogées ont expliqué avoir déjà été victimes d’une agression antimusulmane : remarques et propos hostiles (62%), insultes caractérisées (22%), menaces (5%), discriminations (31%), violences physiques (2%) – dont les principales victimes sont des femmes. De sorte qu’il est finalement permis d’estimer qu’à l’échelle du pays, «un(e) musulman(e) sur trois a potentiellement été victime d’un acte d’islamophobie».

Pour 75% des personnes interrogées, rapporte ensuite le CCIF : l’islamophobie se nourrit d’abord du «traitement médiatique de l’islam et des musulmans» - car «de trop nombreux médias ont offert des espaces d’expression à la parole islamophobe, en normalisant ces idées». De même, «le discours politique est identifié» (7) comme «une cause majeure» d’une «islamophobie» portée indistinctement «par des personnalités politiques de droite ou de gauche» : c’est probablement ce qui explique pourquoi de nombreuses victimes, parce qu’elles n’ont aucune «confiance dans la capacité des institutions à apporter une réponse satisfaisante à ces formes de préjudices», ne signalent pas ces agressions (8), qui ne sont donc pas prises en compte dans les statistiques qui mesurent la gravité du phénomène.

Pour conclure son rapport annuel : le CCIF formule plusieurs «recommandations». Il conviendrait, par exemple, préconise-t-il, que «la dénonciation de l’islamophobie» fasse enfin «l’objet d’une déclaration et d’une reconnaissance solennelles, sans ambiguïtés, afin de donner un signal fort». Que «les partis politiques» organisent, «en interne, un examen critique sur les questions d’islamophobie, afin de réellement se donner les moyens de déconstruire l’idéologie raciste qui progresse en France». Ou encore, que les médias organisent «des formations afin d’être mieux préparés au traitement des cas d’islamophobie» - et, «plus généralement, de l’islam et des musulmans».

Chiche?

 

 

(1) Cette observation est corroborée, notamment, par les enquêtes de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH).

(2) Constaté aussi par la CNCDH.

(3) Et 482 cas de discrimination.

(4) Peut-être parce que «plus de 56 % des discriminations » visant des musulmans ont été constatées « dans des services publics» ?

(5) «Du côté du ministère de la Justice», par exemple, «le silence est assourdissant sur la question » précise « de l‘islamophobie, alors même que Madame Taubira réaffirme régulièrement son engagement contre le racisme et pour le respect des droits fondamentaux».

(6) Où la thématique générale de «l’insécurité» est pourtant regardée, dans la plupart des cas où ses victimes ne sont pas musulmanes, comme essentielle.

(7) Par 50% des personnes interrogées. « L’ignorance et la méconnaissance de l’autre » (à 49%) et le «comportement de certains musulmans» (à 41%) sont également  regardées comme des rouages importants de la «production de l’islamophobie».

(8) Par ailleurs : ces victimes souffrent d’un classique «déficit d’information quant aux institutions et ONG » susceptibles de leur venir en aide.

THE ANGRY CATS : DU ROCK’N’ROLL ET DES IDÉES

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Rencontre avec Fred Alpi, chanteur et guitariste de The Angry Cats, à l’occasion de la sortie du nouveau CD de ce triumvirat de référence de la scène rock française : cinq titres pour patienter, en attendant l’insurrection.

 

Bakchich : Peux-tu faire une rapide présentation de The Angry Cats?

Fred Alpi : Le groupe existe depuis 2011 sous sa forme actuelle, mais il a été créé en 2008 - un peu par hasard, d’ailleurs. Mon idée de départ, c’était simplement de bosser des reprises de rockabilly et de country, pour découvrir d’autres façons de jouer de la guitare que celles que je connaissais jusqu’alors, un peu limitées à mon goût. Mais après quelques concerts, nous avons eu envie de créer un répertoire de compositions originales. De ne plus nous limiter à ces styles, même s’ils restent des influences majeures du groupe. The Angry Cats est un power trio, composé de Chris Gianorsi à la batterie, Tom Decaestecker à la basse, et moi-même au chant et à la guitare. Nous avons des parcours personnels et musicaux très différents, avec le rock’n’roll comme point commun. C’est cette diversité qui donne le son original et la personnalité forte du groupe, dont on pourrait dire qu’il est, musicalement, une rencontre inattendue entre The Stray Cats, The Clash et Led Zeppelin.

 

Votre deuxième CD 5 titres, Rock’n’riot in town, vient de sortir : que peux-tu en dire?

Ce disque est une bonne illustration de ce que nous sommes : les 5 titres reflètent bien la diversité et l’évolution de notre son. Nous avons pu enregistrer dans de bonnes conditions, au légendaire Studio Garage à Paris. Et toujours avec Tristan Mazire, le talentueux ingénieur du son et réalisateur avec lequel nous travaillons depuis plusieurs années maintenant. Le disque a ensuite été, comme notre précédent CD, masterisé à New York par Drew Cappotto, au Vérité Sound Studio.

 

 

De fait, le son du groupe n’est plus du tout ce qu’il était sur votre premier CD : vous vous êtes quelque peu éloignés, semble-t-il, du rockabilly relativement orthodoxe de vos débuts. À quoi correspond cette évolution? Traduit-elle des envies – ou éventuellement des lassitudes – particulières?

Elle est tout simplement le reflet de l’évolution de notre complicité de groupe, et donc de notre façon de créer et de jouer. Au début, je composais toutes les musiques, sur des bases assez classiques. Nous les élaborons désormais à trois, et le son du groupe est de fait devenu beaucoup plus original. On y retrouve les influences des uns et des autres, qui vont donc du rockabilly au blues, en passant par le punk, le stoner ou même la musique industrielle. Notre méthode de composition nous permet de bien digérer tout ça : cela contribue à l’installation de la véritable personnalité du groupe. De fait, nous ne jouons presque plus de reprises, car nous avons fait ce choix de nous concentrer sur nos propres morceaux, dans lesquels nous nous retrouvons mieux - mais cela peut nous faire plaisir de jouer quelques classiques de temps à autre.

 

Comment se passe précisément la composition des morceaux?

Nous partons en général de phrases musicales assez basiques, sur lesquelles nous improvisons pour comprendre tout ce qu’elles peuvent devenir, puis nous construisons-déconstruisons-reconstruisons le morceau jusqu’à ce qu’il ait une forme qui nous convienne. C’est le fait de le jouer plusieurs fois sur scène avant de l’enregistrer qui lui donne sa forme définitive : un concert est en effet le meilleur endroit pour comprendre ce qu’il est vraiment - tant pour le groupe que pour le public, d’ailleurs.

 

C’est toi qui écris vos textes, et ils sont souvent très engagés. Concevrais-tu de faire de la musique sans cette dimension politique? Lorsque tu composes, t’attaches-tu à certains thèmes particuliers – et à quels engagements personnels éventuels correspondent-ils?

Le rock’n’roll, sans la révolte, ne serait qu’une musique de divertissement qui aurait rapidement disparu, comme toutes les musiques sans âme. Son histoire a accompagné - voire suscité - des changements radicaux dans la société, que ce soit sur le plan social, racial, sexuel, et le plus souvent dans un mouvement d’émancipation. C’est une des musiques importantes de la contre-culture, toujours associée à une vision du monde qui permet à toutes et tous de remettre en cause l’ordre dominant en prenant du plaisir. Mon thème de prédilection, c’est la révolte de l’individu contre les dominations, quelles qu’elles soient – y compris celles qu’il s’impose parfois à lui-même. Mais je peux écrire aussi des chansons d’amour, parce que ça reste une pulsion de vie irremplaçable. Prenons les titres du nouveau CD : «Fly away from the nightmare» est inspiré par l’histoire de Joe Stack, un texan qui a été abusé par le mirage du rêve américain et a crashé un avion dans l’hôtel des impôts d’Austin, en 2010. La chanson n’incite pas au suicide, loin de là, mais rappelle que nous avons parfois cette même envie de fuir le cauchemar capitaliste, même déguisé en pseudo social-démocratie. «You won’t ever sail home» parle des aventures sexuelles qui changent une vie. «Rock’n’riot in town» est un appel à l’inéluctable insurrection qui vient. «The main enemy» - qui doit son titre au livre L’Ennemi principal, de Christine Delphy - est une réflexion sur les normes sociales que nous avons intériorisées, et sur notre difficulté à les remettre en question. «He who laughs best laughs last», enfin, taquine les rebelles provisoires pour qui la révolte s’arrête avec la fin de la crise d’adolescence, et qui rentrent sagement dans les rangs du conformisme – par opportunisme ou par lâcheté – après l’avoir pourtant bien bruyamment critiqué.

 

Vos concerts attirent de plus en plus de monde : qui écoute The Angry Cats?

Notre public est un public résolument rock, et heureusement représentatif de sa diversité. Nous y retrouvons une proportion égale de femmes et d’hommes, qui peuvent par ailleurs apprécier toute la palette de ce que le rock’n’roll a produit depuis soixante ans. Il y a donc des jeunes et des moins jeunes aussi. Et c’est très bien comme ça : nous ne voudrions surtout pas nous enfermer dans un ghetto, quel qu’il soit.

 

Quels sont vos projets immédiats?

Le principal est de faire le plus de concerts possibles, dans les meilleures conditions possibles, pour pouvoir donner sur scène tout ce que nous avons à donner. C’est en effet là que nous prenons le plus de plaisir à jouer. Nous avons la chance d’être programmés au célèbre Montreux Jazz Festival le 8 juillet, mais nous allons également jouer dans bien d’autres lieux dans les prochaines semaines - que ce soit en France, en Suisse et en Allemagne. Nous allons par ailleurs travailler sur un second clip pour accompagner la sortie du nouveau CD : outre le fait que nous avons beaucoup aimé tourner le premier - toujours avec Tristan -, nous trouvons que c’est une occasion d’aller plus loin dans notre démarche artistique, en mettant des images, et pas seulement des sons, sur nos idées.

 

Un dernier mot pour la route?

Le mieux pour vraiment connaître le groupe, c’est de venir l’écouter et le voir en concert. Pour en savoir plus, et notamment connaître les dates de concert, voici quelques liens. Un site : www.theangrycats.com. Une page Facebook : www.facebook.com/TheAngryCats. Notre musique s’écoute ici : http://theangrycats.bandcamp.com. Et nos clips se visionnent ici : http://vimeo.com/theangrycats. Keep on rockin’!

 

(Photos: Jean Fabien.)

Arc-en-ciel alimentaire

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Marisol Touraine veut des codes couleurs pour distinguer les produits alimentaires... nous attendons de voir comment le consommateur va se débrouiller avec une boite de smarties...


Mauvaise main pour Michel Tomi

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Le «parrain des parrains» corse a été mis en examen. Dans un dossier qui sent plus la haute diplomatie françafricaine que le grand banditisme corse.

L'astuce n'a pas vraiment été appréciée par Michel Tomi. Convoqué mercredi 18 juin à 10 h pour être interrogé par la Direction centrale de la police judiciaire sur des faits de corruption d'agent public étranger, abus de biens sociaux, blanchiment, etc., l'ancien Pasqua Boy de 67 ans a été interpellé le même jour à l'heure du laitier, dans l'un de ses appartements parisiens.  L'occasion a été saisie par les enquêteurs pour réaliser de spectaculaires perquisitions. Plus d'un millions d'euros en liquide saisis au cours de l'opération dont 400 000 euros au domicile parisien de Tomi. « Certes, c'est beaucoup d'argent », confie un proche. « Mais Michel n'évolue pas dans le même monde que la plupart des gens. Pour lui, 400 000 euros ce n'est pas une somme énorme. Et ce n'est pas comme s'il avait touché une enveloppe dans un parc : c'est sa banque qui lui a mis à disposition à Paris.»Attendue depuis la révélation par Le Monded'une enquête judiciaire ciblant le richissime corsafricain établi au Gabon, la convocation de Michel Tomi a été longuement anticipée. Pour desserrer la pression médiatico-judiciaire, le discret résident de Libreville, qui lui a accordé un passeport diplomatique, a même répondu aux sollicitations :portrait très fouillé et interview dans L'Express, rencontres avec les journalistes du Canard Enchaîné et du Point. Avant de rencontrer les enquêteurs de l'Office central de la grande délinquance financière, l'entrepreneur s'est frotté aux enquêteurs de presse pour faire passer ses messages. Une sorte de répétition générale?  L'ampleur du coup de filet qui a accompagné sa garde-à-vue l'a surpris. 14 personnes arrêtées, principalement des proches et du personnel chargé de son intendance en France. «On ne s'attendait pas à ce que ses intimes soient également placés en garde-à-vue, il y a eu un petit mouvement de panique», admet l'un de ses conseils. Vite rassuré. Si les deux juges en charges de l'enquête, Hervé Robert et Serge Tournaire, se sont répartis les mises en examen, les magistrats ont rapidement signifié qu'aucun des interpellés ne risquait le placement en détention. «Du coup, on ne s'est pas vraiment plongé dans le dossier». Un ancien juge anti-mafia, lui, fulmine. «On trouve un million d'euros en liquide dans des perquisitions et personne ne va au ballon. On les laisse partir comme cela. » 

Tomi l'Africain coincé en France

Pas vraiment. Selon L'Express, Tomi devra s'acquitter d'une caution de 2 millions d'euros. Surtout, le fondateur du groupe Kabi, florissante affaire africaine qui emploie 5000 personnes dans les jeux, l'hôtellerie et les paris sur le continent noir, est interdit de sortie du territoire français. Tant pis pour l'homme qui se définit à l'envi comme un Corse d'Afrique. Les terres de latérite lui sont pour l'instant interdites, tout comme les rencontres avec son «frère», le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), porté au pouvoir avec le soutien de la France et que Tomi est soupçonné d'avoir corrompu.« Avec IBK, nous nous connaissons depuis plus de vingt ans. Parler de corruption, comme le suggère la justice française, n'a aucun sens. Les présidents africains ne sont-ils pas supposés avoir de l'argent? Comment les corrompre? Nous avons le droit de déjeuner ensemble. Si nous avions quelque chose à cacher, croyez-vous que nous serions allés à la maison de la Truffe? L'épisode remonte à deux ans, à l'époque où il n'était pas encore président. Je ne pense pas que l'on puisse parler de corruption pour un repas. Si vous venez chez moi, je ne vais pas vous faire payer l'hébergement. Et je vous inviterai à déjeuner», a expliqué Tomi dans L'Express. Et la même rengaine a été servie au Point et au Canard. Une version frappée au coin du bon sens? A Bakchich, ses proches ont servi le même raisonnement quant aux supposés faux documents administratifs. 

Parrainlytique

«Oui bien sur, des membres de son entourage ont des passeports diplomatiques gabonais. Et alors? Cela concerne le pouvoir gabonais dont la proximité avec la famille Tomi est connue de tous. Alors évidemment, cela peut paraître improbable et compliqué. Mais une fois que Michel Tomi l'explique, cela devient simple ». Des évidences que l'entrepreneur corse a du déverser 72 heures durant aux policiers et aux juges d'instruction, sans être si convaincant. Ses explications n'ont pas empêché ses multiples mises en examen, ni chassé la légende qui l'accompagne. Dans la silhouette du prospère patriarche corsafricain, cloué à une chaise roulante par une sclérose en plaque, se dessine l'ombre du parrain des parrains corse, dont le nom ponctue les archives policières et judiciaires. 

Tonton oui, flingueur non

Condamné dans les années 80 dans l'affaire du casino de Toulon avec des pontes du Milieu marseillais, initié à l'Afrique par la famille Feliciaggi, trait d'union entre  Charles Pasqua et feu Jean-Jé Colonna, considéré jusqu'à sa mort en 2006 comme le parrain du sud de l'île, le nom de Michel Tomi sonne comme une évidence aux oreilles des enquêteurs qui cherchent une tête au grand banditisme corse. La mort de Jean-Jé, de son ancien associé en Afrique Robert Feliciaggi, l'hécatombe qui frappe le gang de la Brise de Mer comme les héritiers de Colonna, a purgé la documentation policière. Ne reste que le patronyme de Tomi. D'autant que c'est à partir d'une affaire emblématique du banditisme insulaire qu'ont été déclenchées les investigations sur sa personne: le coup de force aux Cercle Wagram du 19 janvier 2011. Ce jour là, Jean-Luc Germani, Frédéric Fédérici, Stéphane Luciani et Antoine Quilichini prennent par la force le contrôle de ce cercle de jeux parisiens. Dans une note de synthèse du 17 février 2011, la bande des 4 est décrite comme« Une équipe montante de malfrats défendant de façon violente le patrimoine et les investissements occultes de leur mentor feu Casanova ». Aucun n'est inconnu de Michel Tomi. Quelques jours plus tôt, ils se sont réunis dans le cossu appartement parisien que Tomi l'Africain loue via sa société de jeux africaine. Et met gracieusement à disposition de Sandra Germani, la soeur de Jean-Luc et surtout la veuve de Richard Casanova, ponte présumé de la Brise de Mer dont Tomi revendique encore aujourd'hui l'amitié.

Hospitalité africaine, accent corse

En 2009, «l'équipe montante» est même venue déjeuner à Paris avec l'entrepreneur africain pour lui demander conseil. Les agapes se déroulent à Nanterre, le 11 mars, à quelques pas du siège de la Direction centrale de la police judiciaire. Ses fonctionnaires en profitent pour réaliser quelques clichés qu'ils ressortent quelques mois plus tard, quand Germani et compagnie sont placés en garde à vue pour l'assassinat de Jean-Claude Colonna. «J'avais rendez-vous avec Michel Tomi, afin d'avoir l'avis d'un expert sur les jeux car j'avais l'opportunité de créer une société d'exploitation de machines de jeux dans un pays africain à savoir te Kinshasa. J'étais à ce moment en discussion avec une personne bien placée dans le gouvernement de ce pays et ce afin d'obtenir les licences ad hoc, Ce dernier m'a alors dissuadé de m'engager dans cette voie, le pays étant instable quant à présent confirme Jean-Luc Germani lors de sa garde-à-vue du 25 novembre 2009. J'ai revu Michel Tomi au mois de mai 2009 au GABON. Jean Luc Cocaccioni qui est associé à Michel Tomi était là bas. Je suis resté environ 1 mois au Gabon. J'ai connu Michel Tomi par l'intermédiaire de ma soeur Sandra qui est elle- même très amie avec lui. Richard Casanova était lui-même très ami avec Michel Tomi». 

Lire: Le Milieu voyage au Congo

Au point de le surnommer «tonton», un surnom dont l'affuble toujours Mme Germani à qui Tomi offre toutes les facilités de vie. Idem pour la famille de Jean-Luc Germani, qu'il a accueillie au Gabon. Et pour Jean-Luc lui même, en cavale depuis les opérations de police au Wagram? «Non», a assuré Tomi au Point et à l'Express. Les pontes de la PJ en sont moins persuadés, qui ont perdu la trace des fuyards entre le Gabon et le Cameroun, quand Bakchich a eu la confirmation de leur passage par le Congo. « Étant donné qu'ils cherchent Germani et sa bande, il n'est pas étonnant qu'ils s'intéressent à leur hôtelier», a sussurré à l'oreille de Bakchich une source judiciaire. 

Seul petit bémol, à ce stade des investigations, l'enquête ne semble pas s'orienter vers les liens de Tomi avec le grand banditisme insulaire. Seulement à son influence dans les palais africains. En mars, la révélation de l'enquête n'avait pas seulement agacé les magistrats en charge du dossier. «IBK commençait à s'éloigner de notre diplomatie. Avec ces fuites, le gouvernement a voulu faire pression sur lui », peste un haut magistrat. «Au détriment de l'enquête.» Un jeu pas bien malien...

Censure : Twitter aux ordres du Pakistan ?

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Cible de virulentes critiques après la censure de nombreux contenus au Pakistan sur demande expresse des autorités, Twitter fait marche arrière et lève son blocage.

Après plusieurs semaines de controverses, Twitter a finalement levé son blocage sur les contenus considérés comme « blasphématoires » au Pakistan.

Petit rappel des faits : le 22 Mai dernier, le réseau social bloquait l'accès à tout contenu critique envers le prophète Mahomet, ainsi qu'à tout les tweets touchant de près ou de loin à la  pornographie sur le territoire Pakistanais,  à la demande des autorités locales, plus précisément du PTA (Pakistan Telecommunications authority) et de son directeur Abdul Batin. Cette censure avait fortement déplu à la jeune « comédienne » Belle Knox, spécialisée dans les films pour adultes, dont le compte a été bloqué : 

« Je crois que Mr Batin a un problème personnel avec moi: je suis une femme qui s'exprime librement, perçue comme une icône de la dégénérescence culturelle, qu'il croit pouvoir censurer pour se sentir mieux lui même» a déclaré la jolie brune à Forbes.«S'il me prend pour une cible facile, il risque d’être surpris. De cette action va découler un précédent plutôt troublant:  si le Pakistan peut censurer les utilisateurs de Twitter pour du contenu offensant, il peut également le faire pour du contenu contestataire, c'est une méthode de contrôle social» Belle Knox, figure de proue de la censure de Twitter, avait ensuite écrit un tweet provocateur : « Dédicace à tous mes fans pakistanais. Le PTA ne m'aime peut être pas, mais moi je vous aime ! »

Si l'anecdote prête à sourire, elle a – plus sérieusement- fait grincer quelques dents : à commencer par celles d'Eva Galperin, qui publie une tribune au lance-flammes sur le site de l'Electronic Frontier Foundation, association défendant les libertés civiles sur Internet.

Titré « liberté d’expression : Twitter quitte la partie», la journaliste affirme que Twitter, en exécutant les ordres des autorités Pakistanaises, a « trahi ses valeurs fondamentales de départ », en prenant l'exemple de cas similaires opérés par le réseau social à l'oiseau bleu en Russie, ou en Turquie.« Au cas où vous pensiez que la tendance de Twitter à trahir ses valeurs les plus fondamentales se limitait à la Russie, sachez que l'entreprise a également commencé une procédure de censure spécifique à chaque pays., notamment au Pakistan, en réponse à une décision de justice. Un autre pays où Twitter n'a ni employés, ni patrimoine. Un autre pays où la liberté de la presse est limitée, et où Youtube a été bloqué depuis 2012, lorsque la plateforme vidéo avait refusé de retirer une vidéo « offensante ».

Sans doute embarrassé par ces critiques de plus en plus virulentes, Twitter a interrompu son blocage  le 18 Juin dernier, au motif que les autorités Pakistanaises n'avaient pas pu justifier leur demande de censure.  Les internautes sont désormais libres de chercher le terme de « Burn Quran » (brûler le Coran, en VF), qui donne accès à des photos d'autodafés, l'une des expressions bannies tout au long du blocage.

« Burritos, no bullets »…

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ou quand un slogan un brin ridicule du lobby anti-armes fait plier une puissante enseigne de restauration Mexicaine.

Nouvelles victoire pour l'association anti-armes à feu Américaine Mom demand action for gun sense in America. Le mouvement anti-armes faisait pression sur les restaurants mexicains Chipotle depuis plusieurs semaines. L'entreprise a cédé sous la pression, publiant le 20 mai 2014 un communiqué « officiel » : 

« Récemment, des participants à une manifestation au texas ont introduit des armes (incluant des mitraillettes longs rifles de type militaire) dans certains de nos restaurants, causant de l'anxiété et de l'inconfort chez de nombreux consommateurs. De ce fait, nous demandons respectueusement à nos clients de ne pas apporter d'armes dans nos restaurants, à moins d’être membre du personnel des forces de l'ordre » La photo d'un Texan, membre du groupe « Open Carry » qui organise des virées armées partout en Amérique, immortalisé tout sourire et gun à la ceinture dans le restaurant de Dallas avait mis le feu aux poudres. Profondément choqués par la photo borderline diffusée sur Internet, de nombreux internautes avaient interpellé les assoc' anti-armes. L'influente association Mom demand action, soutenue par l'ex maire de New York Michael Bloomberg, qui avait lui même co-fondé le groupe « Les maires contre les armes illégales » a  répondu présente à l'appel.  Et a forcer Chipotle a s'exprimer, au moyen d'une campagne via les réseaux sociaux vite devenue virale, en grande partie grâce à son slogan loufoque : « Buritos, no bullets » (Oui aux burritos, non aux flingues, pour les non anglophiles). Leur pétition en ligne  a remporté plus de 10 000 signatures ; la fondatrice du groupe d'action, Shannon Watts, qui avait crée Mom demand action après la tuerie de l’école Sandy Hook en Décembre 2012, a salué l'initiative de Chipotle, qu'elle a qualifiée de « courageuse et significative ».

 

L'Internet britannique chasse les filtres

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Un groupe anti censure sensibilise les Britanniques aux nouveaux « filtres » que comporte leur accès à Internet. L'association, Open right group, veut lancer une véritable campagne de prévention sur les risques de telles limitations pour les libertés individuelles.

Mis en place, il y a plusieurs mois, les filtres de sécurité auxquels sont soumis tous les iBritanniques ayant accès à Internet sont supposés protéger les plus jeunes des contenus « indésirables  et inappropriés», soit violents ou pornographiques. Mais voilà, il semblerait que la fonction de ces filtres ne s’arrête pas là. Pire, les nouveaux paramètres de filtre opéreraient une véritable censure sur l'Internet Made In Uk. C'est du moins ce qu'avancent les membres de Open Right Group, association qui milite pour la transparence sur le web, et le libre accès à toutes les données. Très active sur Twitter, avec plus de 22 000 followers, l'association prévoit la création d'une grande campagne d'information, et ouvre les hostilités au moyen d'une vidéo Youtube alarmante. Open Right Group a lancé  un appel aux dons via le site de crowfunding Indiegogo, et  a déjà recueilli la jolie somme de 13000 pounds.

[video:https://www.youtube.com/watch?v=UwgLhT8clOs width:600]

Under the Skin : des étoiles à l’origine du monde

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Tombée du ciel, une E.T. sexy séduit des hommes avant de les faire disparaître. Une expérience de cinéma radicale, avec une sublime Scarlett Johansson.

 

- Alors, ça y est ?

- Hein, quoi ?

- Attends, tu me gonfles depuis des mois avec Under the Skin

- OUI, le jour de gloire est arrivé ! Le film de Jonathan Glazer a été tourné en 2011. Il est passé par le festival de Venise où il s’est fait copieusement huer et déboule enfin en France après une sortie US en avril. 

- Et donc ?

- C’est un film immense, le genre de film que tu attends mois après mois, année après année, ce genre qui te redonne foi dans le 7e art, qui te crucifie à ton fauteuil, te fait décoller et rêver des mois après la projection.

- On commence par le commencement ?

- Tu as raison. Le commencement, c’est Jonathan Glazer. Réalisateur de pubs et de clips, il a ciselé une série de pépites, des œuvres bizarres, décalées, visionnaires pour Radiohead, Jamiroquai ou Massive attack. En 2000, il signe son premier long-métrage, Sexy Beast, un polar malin et hilarant avec Ray Winstone en truand en préretraite en Espagne et Ben Kingsley en gangster psychopathe-hurleur qui veut le remettre au turbin.

- Enorme !

- Quatre ans plus tard, il réalise Birth, une troublante histoire de réincarnation avec Nicole Kidman. Le film est magnifique, mais se banane gravement en salles et Glazer va galérer dix ans pour monter son film suivant, Under the Skin, un script adapté d’un roman de SF de Michel Faber qui traîne depuis des années et sur lequel Brad Pitt avait un temps flashé. 

Dans la peau d’un alien

- Le pitch est tout simple : une extraterrestre débarque sur Terre pour séduire des hommes avant de les faire disparaître.

- Cela pourrait être une série Z style La Mutante, mais Glazer a une idée de mise en scène aussi simple que sublime : partager le point de vue de l’alien, mettre le spectateur dans sa peau, pour ainsi dire. Dès le début, tu es emporté dans un trip glacial, noir, qui provoque la sidération. Avec une bande-son hallucinante et la musique de Mica Levi, Glazer transforme la réalité, le quotidien. Les sons sont étouffés, déformés, et les rues de Glasgow dans lesquelles chasse l’alien ressemblent à une planète étrange, les lieux du quotidien se métamorphosant en espaces fantastiques. C’est quasiment du cinéma expérimental, tourné en partie en caméra cachée dans les rues écossaises, avec une succession de séquences que tu ne comprends pas vraiment. Tu es dans la sensation, le dérèglement des sens, dans un ailleurs cinématographique. Délaissant les repères narratifs traditionnels, Glazer t’entraîne dans son monde, t’ouvre l’œil comme Luis Buñuel il y a presque cent ans, et t’aspire dans un voyage hypnotique. Bientôt, l’alien se met en chasse et sillonne Glasgow dans son van. Les séquences s’enchaînent, se répètent inlassablement, un peu comme dansDeux jours, une nuit des frères Dardenne. Nous sommes dans une boucle, dans la répétition, avec des scènes déclinées plusieurs fois : errance dans la rue, approche d’une proie, départ en voiture, disparition des hommes dans une sorte de magma noir. Et on recommence…

Une proposition de cinéma

- Cette répétition n’est pas un peu pénible ?

- Under the Skin est un film très clivant. Soit tu acceptes le voyage et tu plonges dans un univers sidérant, une proposition de cinéma d’une force tellurique ahurissante. Soit tu restes sur le bord du chemin et tu vas trouver le temps sacrément long, comme certains critiques à Venise…

- D’autres ont évoqué Kubrick.

- Jonathan Glazer fait une fixette sur Stanley Kubrick depuis longtemps et le cite volontiers dans ses clips ou dans ses longs-métrages. Ici, le réalisateur évoque ouvertement 2001 l’odyssée de l’espace, notamment au début, avec l’arrivée de l’alien sur Terre. Mais Glazer a d’autres influences : le travail sur la bande-son et le climat d’inquiétante étrangeté rappellent les meilleurs David Lynch, d’Elephant Manà Lost Highway, et la liberté, la poésie de l’ensemble brille comme les feux de Holy Motors de Leos Carax. 

Sexy Scarlett

- Le gros argument du film, c’est Scarlett Johansson.

- Ce qui est drôle, c’est qu’elle n’est pas le premier choix de Glazer et le rôle a été proposé à plusieurs actrices dont Eva Green ou Megan Fox. Après Her de Spike Jonze où elle n’était qu’une voix, Scarlett hérite ici d’un rôle quasi muet et n’est plus qu’un corps, ou plutôt une enveloppe corporelle. Brune, la bouche peinte en rouge, engoncée dans un manteau de fourrure, elle exprime l’étrangeté de son personnage par sa seule gestuelle, sa façon de marcher, son regard fixe. Un jeu tout en retenu, où les effets, les tics sont systématiquement gommés et avec une tension érotique dingue qui culmine quand Scarlett se déshabille en marchant devant ses victimes, dans une véritable danse de mort. Le voyage au-delà des étoiles débouche alors sur l’origine du monde, le continent noir du sexe féminin, dans une séquence absolument tétanisante, inoubliable. 

- Donc, je fonce ?

Donc tu fonces ! Jonathan Glazer te propose un trip hypnotique, poétique, mélancolique, un conte noir existentiel où il réinvente le cinéma, une expérience comme tu en vivras rarement dans une salle. Tu pourrais manquer un truc pareil ? 

[video:https://www.youtube.com/watch?v=4dgWM5OvktE width:600]

Under the Skin de Jonathan Glazer avec Scarlett Johansson.

Sortie en salles depuis le 25 juin 2014.

 

 

 

Mauvais Tam tam à la mairie de Marseille

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Une juge d'instruction mène l'enquête dans le service du parc automobile de la ville, bastion de Force Ouvrière. Un résumé des dysfonctionnements de l'administration municipale.

Prompte à monter au front pour défendre l'image de la ville, son boom touristique et culturel, ou à organiser les célébrations de son écrasante victoire aux dernières municipales, l'équipe de Jean-Claude Gaudin se fait discrète dès lors que ses coulisses sont évoquées. « On s'organise, ce n'est pas une période de polémique, s'agace un intime de Jean-Claude Gaudin. A la Communauté urbaine, Teissier et son cerveau Lionel Royer Perraud se mettent en ordre de marche. On peut bien les laisser dire "moi je"  on ne va pas s'en plaindre. Ils ont toutes les emmerdes, tous les problèmes (Marseille Provence Métropole a la haute main sur la voirie, la propreté, les transports, ndlr).» Et de botter en touche à l'évocation de l'ombre judiciaire qui plane sur le service du Parc Automobile, ses 2200 et quelques véhicules, dont 800 voitures particulières, ses millions d'euros de budget et de marchés publics. «Je ne connais pas le dossier, mais je crois savoir qu'il y a un problème de management. Le chef de service a voulu mettre les gens au travail et s'y est mal pris». Doux euphémisme...  sur lequel aucune voix officielle ne veut s'épancher. Appels, messages téléphoniques, textos et courrier électroniques adressés à tous les directeurs de la ville concernés comme au syndicat majoritaire, la toute puissante Force Ouvrière, rien n'y fait. L'administration marseillaise se tient coite au moment d'évoquer la situation de l'un de ses services emblématiques, plus connu sous son ancienne appellation de Tam (Transports automobiles municipaux). L'ex-Tam renvoie pourtant depuis des années un si mauvais écho que la juge d'instruction Anne Tertian a été saisi par le parquet de Marseille d'une information judiciaire pour harcèlement moral, dégradations des conditions de travail, pouvant porter atteinte aux droits, à la santé, à la dignité ou à l'avenir professionnel. Le dossier, ouvert contre X, pourrait s'élargir très loin, tant les 7 plaignants, que la magistrate a invité à sa constituer partie civile le 2 juin dernier ont alerté les pontes de la ville des brimades qu'ils ont eu à subir au sein du SPA. 

Une saine ambiance de travail

L'histoire de chien démarre en 2010 par un simple changement à la tête du service. 

Ancien militaire, Olivier Proisy (1) succède alors à Paul Antomarchi. Comme de coutume en pareille occasion le nouveau patron s'entoure d'une nouvelle équipe, place autour de lui ses hommes et femmes de confiance... sans grand ménagement pour les anciens agents, notamment les fonctionnaires qui ont la main sur les marchés publics. Refus de congés, de promotions, de formation au nouveau logiciel Pégase nécessaire à la saisie des informations, pertes de responsabilités, rapports vexatoires et négatifs s'enchaînent dans le département, assortis de quelques remarques bien senties envers la gent féminine. «De toute façon ce ne sont que des compléments de salaires» s'entendent répondre les agents, quand ne leur est pas reproché leurs absences pour maladies...Une sorte de liste à la Prévert du harcèlement qui installe une saine ambiance de travail dans un département qui, en 2010, a déjà connu un suicide. Un nouveau drame est évité de peu en septembre 2012 quand, après une menace de rapport disciplinaire de Proisy, envoyé par courriel, un cadre attente à ses jours de retour à son domicile. Un mois après, une première plainte est déposée pour harcèlement moral à la Brigade de sûreté urbaine Nord, rapidement complétée par trois autres plaintes. Des témoignages suffisamment caractérisés et structurés sur les agissements de la direction du Tam pour que le parquet lance une enquête préliminaire et surtout, mandate des expertises psychologiques auprès des plaignants dès le mois de novembre suivant. 

Alertes ignorées à la mairie

Les rapports, que Bakchich a pu consulter, concluent tous à «l'existence de stress post traumatique lié au travail». Comprendre que les victimes ne fabulent pas. Entendu par la police, l'ancien chef de service Antomarchi se dit «déçu du comportement» de son successeur et avoue son «erreur d'avoir soutenu» sa promotion.  Auditionné le 24 janvier 2013, Olivier Proisy, lui, nie les faits tout en accablant les plaignants «au mauvais caractère». Une perquisition dans les locaux du service du parc automobile plus tard, au printemps 2013, le directeur général des services lui-même, Jean-Claude Gondard a été invité à donner sa version des faits en juin aux services de polices. Une audition qu'il a, selon des indiscrétions judiciaires, particulièrement mal vécu.

Fidèle d'entre les fidèles du maire Jean-Claude Gaudin, Gondard a en effet mouillé sa chemise pour le directeur de l'ex-Tam. 

Le soutien du DGS, intime de Gaudin

Par exemple lors de la commission administrative paritaire du 20 décembre 2012 dont Bakchich a obtenu le procès verbal. D'ordinaire réservée aux promotions des agents et autres avancement, la séance s'est tendue quand l'avancement d'Olivier Proisy a été soumis aux délégués. Quand le syndicat SDU 13 s'est ému des «procédures en cours», Jean-Claude Gondard a prestement coupé court aux débats, soulignant «les difficultés inhérentes à l'exercice des responsabilités dans un tel service». En pleine enquête judiciaire, sa promotion a été maintenue, sur demande du DGS et avec l'approbation de la garde rapprochée du maire, présente à la réunion…

Sans doute l'une des raisons du silence de la mairie. Si elle ne peut être tenue pour pénalement fautive, elle est civilement responsable du sort de ses agents qu'elle ne bichonne guère.

Les plaignants n'ont ainsi pas bénéficié de la protection fonctionnelle qu'elle doit, légalement, accorder à ses employés. Le représentant syndical de la SDU qui le soutient a dû, lui, attaquer la Ville devant le tribunal administratif afin de pouvoir exercer ses droits syndicaux, quand l'agent qui a attenté à ses jours s'est vu en fin d'année dernière, reconnaître son acte comme un accident de travail. Une lutte acharnée devant la justice administrative qui promet de faire des étincelles au pénal.

Un syndicat en porte à FO

Bouclée en septembre dernier, l'enquête préliminaire a été si riche qu'une information judiciaire a été ouverte à l'automne, avant- valse des juges oblige- d'atterrir au printemps sur le bureau d'Anne Tertian. Qui a hérité d'un dossier fort sensible. Au plan humain bien évidemment. Mais également au plan politique.

Olivier Proisy n'a caché auprès de ses subordonnées ni son appartenant à Force Ouvrière, ni sa proximité avec nombres d'élus de la majorité municipale. Surtout, les supérieurs de Proisy au sein de l'administration, que ce soit à la direction de la logistique ou des ressources humaines, ont tous été alertés de ses agissements. Tout comme la hiérarchie de Force Ouvrière. 

A la tête d'un département en charge du parc automobile, avec ses voitures, ses cartes essences et son garage, «il a rendu service à beaucoup de monde et se croit intouchable», ose l'un des plaignants. 

«Au service des marchés, sitôt que nous nous opposions à ses décisions, les brimades commençaient», témoigne un autre, qui liste. Candidatures aux appels d'offres acceptés hors délais, voitures commandées avant même la publication de l'appel d'offres, des pièces détachés qui disparaissent sitôt arrivées, voitures particulières réparées par les agents municipaux (2). Sans compter les voitures envoyées «à la réforme» (à la casse) parce que le service des achats a omis de commander les composants les plus simples. Du gâchis d'argent public, des souffrances humaines, un silence des responsables. L'ancien Tam, un résumé des errances de la municipalité marseillaise?

 

(1) joint par mail et sur son portable, Olivier Proisy n'a pas retourné nos appels

(2) Olivier Proisy a attaqué en diffamation le magazine syndical Puzzle qui a évoqué des soucis sur la gestion du SPA dans un de ses numéros. Le procès doit se tenir le 11 septembre prochain

Sarko le retour épisode 312

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L'ancien président peaufine sa tactique pour revenir en politique...


Au Cannet, la police municipale, c’est extras

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Les policiers municipaux de la charmante cité azuréenne, dont le chef ne prise guère « les journalistes de m…», sont parfois assignés à des taches novatrices, allant de la distribution du magazine de la mairie UMP à la tenue d’un stand merguez. Aux frais, toujours, du contribuable.

Au Cannet, petite ville azuréenne d'un peu plus de 40 000 âmes au rayonnement contrarié par son opulente voisine Cannes, existent tout de même quelques motifs de fierté. A commencer par l'efficacité de sa police municipale. Passée sous le règne de la députée-maire UMP Michèle Tabarot de 25 à 90 agents depuis 1995, ses effectifs sont d'une si redoutable efficacité que son emblématique directeur Alain Cherqui n'hésite pas à vanter «la commune la plus sûre du département, voire de France». 

Toute une page du site internet de la mairie est consacrée à la promotion et la disponibilité de la Police Municipale cannetane, qui insiste notamment sur sa charte de bonne conduite pour les livreurs de pizza à domicile. Ouverts 24 heure sur 24, les poulets du Cannet font la part belle aux actes de prévention et à la vidéoprotection. «Nous sommes au service des citoyens», clame Cherqi entre deux tirades d'amour pour sa ville et sa maire Michèle Tabarot, qui en a fait son chef de police, directeur général adjoint des services et chargé de la salle de spectacle de La Palestre. Et de rappeler à son interlocuteur son honneur de travailler pour une «professionnelle de la politique» comme la fervente copéiste, «qui n'a jamais donné une consigne dans l'attribution de marchés publics». Précision d'autant plus importante que Bakchich n'avait rien demandé à M. Cherqui sur le sujet. Mais l'homme, en bon serviteur de l'Etat comme de la municipalité, sait devancer les besoins de ses interlocuteurs, quand bien même ce sont des «journalistes qui aiment à renifler la m…»

Police academy

Les présentations ainsi faites, Cherqi la joue un rien faux modeste. La police municipale du Cannes ne se contente pas de gérer la circulation, coller les PV, recevoir les plaintes dans son «Police Drive» mondialement connu ou aider à la résolution de 1300 faits constatés «malgré la réglementation en vigueur». 

 

Comme l'a dévoilé Médiapart, elle prête volontiers assistance aux journalistes avides de tourner des sujets sur les bienfaits des polices municipales... quitte à bidonner un peu en faisant endosser le rôle d'agresseur à ses propres agents, distribuant les rôles et mettant en scènes des situations de délits brillamment résolus par la police du Cannet. Joints par Bakchich, les acteurs d'alors se remémorent des moments d'anthologie où chacun se rappelle son rôle de composition, égrène des anecdotes de «tournage» et sourit devant l'inutilité du procédé. « Certains appareils présentés dans ces reportages comme des nouveautés ne fonctionnaient même pas». Tant pis, même dans un reportage de cochon, tout est bon pour la police municipale. «L'important c'était de faire de la pub, que l'on parle du Cannet, de l'action de la police et surtout du maire Michèle Tabarot, surtout pendant les périodes d'élections». Classique procédé médiatico-électoral un rien éloigné des missions de police administrative et judiciaire assignées d'ordinaire à la police locale. Mais au Cannet, la PM embrasse un champ d'action bien plus large, comme l'ont découvert un jour du printemps 2012, deux pimpants Agents de surveillance de la voie publique, rattachés à la police municipale du Cannet.

Les déménageurs cannetans

Arrivés au 26 boulevard Carnot, au secrétariat général du service, les deux vacataires se voient assigner une mission de première importance. Et incognito. «Quand nous sommes arrivés, nos supérieurs nous ont dit de nous mettre en civil et de nous rendre à l'hôtel Rachel afin de vider le mobilier des lieux». De fait, durant deux jours les employés de la mairie ont parcouru les 5 étages de l'établissement pour le vider de ses chaises, tables, etc., avant que Park and Suite, qui avait racheté les lieux, ne redécore le tout. « Les patrons de l'établissement nous ont autorisé à récupérer des chaises qu'ils n'utilisaient pas.» Fort urbain dédommagement pour une action qui n'entre pas forcément dans les attributions de la police municipale. Ce n'est pas le seul petit extra qui a été demandé à ces apprenti-policiers. Par exemple, «le boîtage et la distribution du magazine municipal ou de la pub pour la salle de La Palestre», assure notre témoin. Ou encore «le montage et le démontage du village de Noël à La Palestre, voire quelques fois la tenue du stand de merguez». Des tâches parfois réalisées en tenue, parfois en civil mais toujours justement récompensées. «Ces jours là la cantine municipale nous était offerte, et les heures de service nous étaient intégralement payées». Comprendre que même la pause déjeuner était comptée en heure de travail, sur lesquelles la municipalité n'est pas mauvaise fille. Dans son dernier rapport, la chambre régionale des compte a noté que la police municipale du Cannet emporte près de la moitié des heures supplémentaires des fonctionnaires de la commune. Entre 16 et 18 000 heures selon les années, pour un montant oscillant entre 325 000 et 367 000 euros d'argent. Si bien utilisés.

Des petits écarts dont Alain Cherqi ne s'offusque pas. «Nous avons un devoir d'information des administrés, c'est pourquoi nous distribuons le magazine municipale. Cela se fait en un jour quand une société privé le ferait en une semaine et que cela coûterait beaucoup plus cher», s'emporte-t-il auprès de Bakchich. Quant aux déménageurs cannetans, «c'était des ASVP (agent de sécurité voie publique), ce sont des employés communaux, ils doivent servir la cause des manifestations».  Pourtant, comme leur nom l'indique les ASVP sont censés s'occuper seulement de la sécurité de la voie publique, être agréés par le procureur de la République et assermentés. Des procédures un peu lourdes pour de simples déménageurs...

Femmes de footballeurs

NFL : La marque Redskins jugée dégradante pour les peaux-rouges

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La marque « REDSKINS » serait dégradante pour les amérindiens. Elle vient d’être annulée par l’équivalent américain de l’INPI.

Oubliés l’Irak et l’Afghanistan, la Syrie et tutti quanti, l’Amérique n’a plus qu’un seul sujet de discorde : la décision prise ce 18 juin par le Bureau Américain des Brevets et des Marques (US Patent and Trademark Office), l’équivalent de notre INPI hexagonal, d’annuler 6 déclinaisons de la marque « REDSKINS » propriétés de la célèbre équipe de foot américain aux couleurs grenat et jaune.

La décision (Amanda Blackhorse, Marcus Briggs-Cloud, Philip Gover, Jillian Pappan et Courtney Tsotight v. Pro-football Inc - annulation n° 92046185 ») prive essentiellement l’équipe de foot de la NFL du droit de plaquer la marque et le logo (la fameuse tête d’indien de profil) sur les produits dérivés vendus par son service Merchandising. L’équipe conserve toutefois le droit d’utiliser le nom et le logo pour ses applications strictement sportives sans qu’ils demeurent protégés.

Cela fait plusieurs dizaines d’années que divers groupes d’activistes politiques US combattaient la marque « Redskins » qu’ils tenaient comme porteuse de stéréotypes racistes. Mais cette fois, les experts du TTAB (Trademark Trial and Appeal Board, le service en charge des actions judiciaires du Bureau des Marques) a écrit noir sur blanc -ou rouge sur blanc, au choix-, que la marque « Peaux Rouges » en français était « dégradante »  pour les natifs, ou les amérindiens, bref, ceux qui étaient là bien avant que ne se pointent les hommes blancs venus d’Europe en quête d’or et d'épices...

Depuis 1967 date du premier dépôt du logo « RedSkins » comme modèle, les déclinaisons ont été nombreuses. Les fans des Washington Redskins ont notamment en tête l’apparition en 1990 des appétissantes « Redskinettes » marque déposée pour désigner « des majorettes qui exécutent des danses convenues lors des matches professionnels de football ».

En 1999 déjà, le Bureau avait pris une décision semblable qui avait été annulée en 2003 par le US District Court du District de Columbia au terme d’une bagarre juridique homérique. L’avocat du club Bob Raskopf a évidemment fait savoir qu’il allait contester la décision, ajoutant que « les preuves apportées dans le litige actuel sont quasiment identiques à celles considérées comme insuffisantes par un juge fédéral il y a 10 ans ».

Obama s'en mêle

C’est assez récemment que l’affaire a pris un tour politique plus prononcé.

En 2010, une cinquantaine de sénateurs Démocrates avait appelé à un changement de nom de l’équipe. Obama, a ajouté sa touche personnelle en affirmant que s’il était le propriétaire de l’équipe, il en aurait modifié le nom depuis longtemps. 

Le bouquet final (provisoire ?) a été tiré par le leader Démocrate au Sénat le très démagogue sénateur du Nevada  Harry Reid, qui s’est enflammé sur une TV nationale en affirmant qu’il n’assisterait plus à une seule rencontre de l’équipe tant que son nom n’aurait pas été modifié « Daniel Snyder est peut être la dernière personne au monde à en prendre conscience mais c’est juste une question de temps avant qu’il ne soit contraint à prendre la bonne décision et à changer le nom ».  

Le membre du Board de l’INPI local mis en minorité (la décision a été prise à un score de 2 contre 1 un certain Marc Bergsman a commenté la décision et la raison de son désaccord, en des termes très proches de ceux de l’avocat des Washington Redskins : « en étant d’un avis contraire, je ne prétend pas que le terme « Peaux Rouges » n’est pas dégradant. Je constate simplement que les preuves apportées par les plaignants ne le démontrent pas… »

En droit US, on considère qu’un terme est dégradant et éventuellement préjudiciable, si un nombre significatif d’individus le pense. 

En l’occurence, Le Bureau US des Marques s’est appuyé sur une résolution prise en 1993 par Le Conseil National des Indiens d’Amérique contre la marque, qui représenterait à lui seul, plus de 30% des descendants d’Amérindiens, même si dans le cas présent, ce sont 5 d’entre eux seulement qui ont engagé l’action ayant abouti à la décision du 18 juin. 

Depuis, les choses se sont gravement envenimées. Le 19 décembre 2007, la tribu des Sioux ou ce qu’il en reste a rompu le traité de paix signé avec les USA, par une déclaration de leur chef, Russel Means qui a accusé les Etats Unis d’avoir violé le traité à de multiples reprises « afin de voler notre culture, nos terres et nos coutumes ».

Vu de Paris, on a un peu de mal à comprendre comment le terme « Peaux-Rouges » peut être dégradant en soi pour la communauté des indiens d’Amérique. Il trouve d’ailleurs son origine de ce côté-ci de l’Atlantique lorsque, dans le courant des années 150 après Jésus-Christ ( !) le géographe voyageur grec Pausanias le Periégète évoquant les habitants des îles Satyrides qu’il situe outre-Atlantique, les décrit comme « des hommes à peau rouge, à chevelure noire et raide comme le crin d’un cheval… » 

Quid des marques « discriminantes » en France ? Notre équivalent Héxagonal des Peaux Rouges se nomme...Banania. Et même « Ya-bon Banania » pour ancrer solidement la boisson chocolatée dans l’univers colonial au moyen du tirailleur sénégalais figurant en bonne place sur son emballage.

 A l’instar des Indiens d’Amérique, le MRAP a obtenu que la Cour d’Appel de Versailles ordonne le 19/05/2011 aux propriétaires de la marque, de supprimer le slogan « ya-bon » considéré par les juges comme à connotation raciste, sous astreinte de  20 000€ par jour et par infraction constatée.

 

 

5) Raclette

6) Mambo Miam Miam

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