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Radicalement décomplexé

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Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, vient de l’énoncer distinctement, dans une circulaire adressée aux préfets: «Il y a lieu de faire preuve de la plus grande vigilance lorsque sont susceptibles d'être prononcés des propos incitant à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une race ou une religion donnée.»

 

Cela est parfaitement exact – et nous devons souhaiter que cette nécessaire «vigilance» s’applique dans toutes les occasions où de tels «propos» risquent d’être «prononcés».

 

Car en effet – et contrairement à ce que pourrait donner à penser l’actualité de ces derniers jours: ce n’est pas seulement dans les endroits où se produit un ex-humoriste reconverti dans la vomissure antisémite, que sont dits des «mots de haine».

 

Bien au-delà du cas de ce personnage: c’est tous les jours, ou presque, que sont formulées, dans l’espace public – le plus souvent sous le prétexte, un rien orwellien, de lutter contre une imaginaire censure des «bien-pensants» -, des proférations qui, de fait, discriminent des personnes (ou des groupes de personnes) «à raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une race ou une religion donnée»

 

…Et qui sont d’autant plus alarmantes qu’elles ne sont, quant à elles, pas du tout cantonnées dans quelques fétides recoins – mais (presque) partout exhibées, et (presque) partout données comme autant de gages d’un très salutaire iconoclasme: c’est ce que démontrent, par exemple, l’étude du traitement que la presse dominante, gavée d’aides publiques, réserve coutumièrement aux Roms ou (bien plus encore, et «à raison de leur appartenance à une religion donnée») aux musulman(e)s…

 

 

…Ou celle du comportement du personnel politique français, qui n’en finit plus - sous l’abri du bris de prétendus «tabous» - de libérer dans l’époque des logorrhées dont la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) assure qu’elles contribuent «du moins à légitimer des attitudes de méfiance à l’égard de l’Autre, du différent, de l’étranger».

 

Dans ces pratiques, où «le discours d’une partie de la classe politique semble», toujours selon la CNCDH, «rompre avec un discours “politiquement correct“ qui interdisait de mettre en cause voire de nommer certaines catégories de la population en fonction de leurs origines», et «vient» par conséquent «renforcer la légitimité d’un discours ou d’attaques visant nommément tel ou tel groupe»: la droite peut légitimement se prévaloir d’une certaine ancienneté.

 

Mais elles se rencontrent aussi dans des formations qui se réclament de la gauche.

 

À cet égard: il est intéressant de constater que l’un, parmi les plus chevronné(e)s, de ces politicien(ne)s «iconoclastes» - mainte fois salué comme tel par des publications versées sinon dans le sarkozysme désinhibé – vient du Parti «socialiste».

 

Dans ses années de députation: il s’est notamment fait connaître par sa visite d’un marché d’une importante ville du département de l’Essonne, où, découvrant plus de citoyen(ne)s noir(e)s de peau que dans – disons - les travées de l’Assemblée nationale (où il n’avait que peu réclamé qu’on mît plus de couleur[s]), il suggéra qu’on les mélange de «quelques Blancs, quelques Whites, quelques Blancos».

 

Mais heureusement: ses camarades ne lui en ont pas tenu rigueur, et depuis un an, il est ministre.

 

D’État, comme il se doit.

 

Et dans ces nouvelles fonctions, il a, jusqu’à présent, régulièrement entretenu la flamme de ce que l’hebdomadaire Marianne, qui ne le hait point (du tout) – et ne reste jamais longtemps sans lui prodiguer quelque nouvel encouragement à ne pas se laisser circonvenir par la «gauche morale» - appelle sa «stratégie anticonformiste»: lorsqu’il a jugé, par exemple, que «les Roms» avaient«vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie» (car «ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation» avec nos lumineuses traditions)…

 

…Ou lorsqu’il a estimé – dans une démonstration qui lui a dit-on valu un regain de popularité dans les rangs de l’UMP - que «la question du regroupement familial» pouvait  «être posée»

 

…Ou lorsqu’il a, souvent – car c’est, chez lui, presque une marotte –, administré aux musulman(e)s des leçons de maintien républicain.

 

Nous parlons ici, on l’aura reconnu, de Manuel Valls, ministre de l’Intérieur.

 

Qui vient donc de passer, pendant que son gouvernement continuait de subventionner une presse largement dédiée à l’entretien de phobies désinhibées, de longs mois, quant à lui, à lâcher, depuis les plus hautes hauteurs de l’appareil d’État, des proclamations qui n’incitaient pas exactement à l’empathie «à l’égard» de divers groupes «de personnes à raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une race ou une religion donnée»

 

…Mais qui tout soudain proclame qu’«il y a lieu de faire preuve de la plus grande vigilance lorsque» de tels«propos sont susceptibles d'être prononcés»: preuve qu’il est, de fait, radicalement décomplexé.

 

lun, 06/01/2014 - 22:45

Les mauvaises manières lyonnaises d'une filiale du Crédit Mutuel

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La justice monégasque n'est pas la seule à s'intéresser aux agissements de la banque Pasche, filiale du respectable groupe Crédit Mutuel-CIC. Deux procédures judiciaires menées à Lyon intriguent particulièrement les enquêteurs de la principauté, sur la piste d'un système de blanchiment de capitaux et d'évasion fiscale.

 

Les fêtes sont passées, les cadeaux ont été distribués et le ménage fait. Sur son site Internet, le groupe Banque Pasche, filiale du Crédit Mutuel-CIC, ne revendique plus la propriété de son établissement monégasque. Vendu dans les derniers mois de l'année dernière à la banque luxembourgeoise Havilland, le comptoir commençait à entacher la proprette réputation de la banque à qui parler. Surnommée «la banque cash» sur le Rocher, l'enseigne est depuis juillet dernier la cible d'une enquête de la brigade financière de la principauté, saisie de possibles faits de blanchiment et de fraude fiscale. Une pierre dans le jardin de sa maison mère - d'autant que, comme l'a narré Bakchich, ses dirigeants ne pouvaient ignorer les faits.

Trois salariés de la banque, inquiets des pratiques locales, ont en effet alerté par l'entremise de leur avocat les pontes du CM-CIC au printemps 2012. Le président Michel Lucas soi-même, grand manitou bancaire et accessoirement patron d'une bonne partie de la presse quotidienne régionale de l'Est a été mis au parfum de l'étonnant laisser-aller de ses ouailles monégasques. Sans réagir trop brusquement. Si les opérations suspectes, malgré les promesses de Christophe Mazurier, président de Pasche et proche de Lucas, n'ont pas été interrompues,  les salariés ont été tout bonnement licenciés pour avoir endossé malgré eux un statut de lanceurs d'alerte. Et, tout en contestant devant le tribunal du travail leur éviction, se sont résignés à dénoncer auprès du procureur général de Monaco, en juillet, de possibles faits de blanchiments. 

Lire: Blanchiment à Monaco: Crédit Mutuel la banque à qui parler et

Crédit Mutuel, la banque à qui parler cash

Depuis lors, la sûreté publique bûche, multiplie les discrètes auditions et se pique d'intérêt pour les agissements de la banque Pasche – au-delà même des étroites limites de l'État-confetti. La curiosité des policiers monégasques porte notamment sur une procédure qui a défrayé la chronique lyonnaise en 2011. 

Labyrinthe bancaire à la lyonnaise

Abus de faiblesse, abus de confiance, démarchage illicite de clients, héritage spolié: les motifs de la saisine du tribunal de commerce de Lyon par les héritiers des fondateurs de la marque La Canadienne, avaient émoustillé des plumes de presse qui avaient joliment présenté le dossier comme une «affaire Bettencourt» locale. En fait de quoi: aucune ramification politique n'a été mise au jour, mais les étranges manières de la part de la Lyonnaise de Banque et de la banque Pasche Genève ont été mises en évidence. Une saga qui mérite d'être contée.

Fils des fondateurs de la Canadienne, Roland Chabot découvre au décès de sa mère, en 2004, que ses parents ont planqué quelques émoluments loin des yeux du fisc français, en Suisse. Un pactole de quelques 54 millions de francs suisses dont il aura le plus grand mal à retracer le parcours. D'abord logé au Crédit suisse, le magot a été récupéré par la Banque Pasche en 2000. Le chargé d'affaires suisse présente alors à madame Chabot un avocat genevois de sa connaissance, qui crée pour la richissime veuve une fondation liechtensteinoise, Stani, dont les comptes sont logés dans la même banque Pasche. Un an après, soit en octobre 2001, les fonds abondent les comptes d'une société panaméenne, entièrement détenue par Stani et toujours cliente de la banque Pasche. Autant d'opérations réalisées sans le moindre souci de ce que les lois françaises et suisses prévoient pour lutter contre le blanchiment ou l'évasion fiscale.

40 % d'évaporation

L'héritier Chabot aura le plus grand mal à obtenir de la fondation  créée au nom de sa mère et de la banque Pasche la restitution des actifs: lui est opposé le secret professionnel... 

Après quatre ans de procédures devant les tribunaux de Vaduz, l'homme met enfin la main sur le pactole de la Fondation Stani début 2011, et le déclare à l'administration fiscale française pour le régulariser. Il s'aperçoit alors de la déperdition de dizaines de millions dans le labyrinthe bancaire, favorisée par l'étonnante gestion de la Banque Pasche.

Entre droits de garde, commissions exorbitantes, jeux boursiers et retraits en liquide, son pécule a fondu de près de 40%, passant de 61 millions de francs suisse à un peu plus de 38 millions entre 2001 et 2006…

Un si attentionné chargé de clientèle

Deux documents intriguent notamment le fils Chabot: des mandats de gestion à hauts risques confiés par la fondation Stani à la banque pour gérer les avoirs suisses, signés en 2000 et 2001. Alors âgée de 77 ans, soumis à l'ISF en France, la respectable madame Chabot, aurait ainsi été prise d'une frénésie de boursicotage… Mais nulle trace de sa signature dans les documents, comme n'est retrouvée aucune lettre portant son seing, autorisant les transferts de fonds du Crédit suisse vers la banque Pasche. En revanche, les nombreuses visites du chargé d'affaires lors des hospitalisations de Mme Chabot ont laissé des traces: ce grand professionnel a même réservé au nom de sa cliente des chambres auprès des cliniques de Montreux ou Genève en 2002.

Autant d'éléments qui inspirent un tel soupçon à M. Chabot qu'il décide d'ester au tribunal de commerce de Lyon pour abus de faiblesse, abus de confiance et démarchage illicite, non seulement contre Pasche mais aussi contre  son actionnaire, la Lyonnaise de Banque, guichet historique de la famille suspecté d'avoir orienté sa mère vers la dispendieuse filiale suisse. 

Enterré en première instance puis en appel pour incompétence territoriale, le dossier a ressurgi le 6 novembre 2013. La cour de cassation a demandé son renvoi devant la cour d'appel de Grenoble qui doit statuer cette année. Sont notamment demandées les auditions du chargé de clientèle si attentionné, de son assistante, et du grand patron de la Banque Pasche, Christophe Mazurier. 

Peut-être une bonne occasion de s'entraîner. Car en parallèle de cette procédure civile, Roland Chabot a déposé à l'été 2012 une plainte pénale contre X pour abus de faiblesse, abus de confiance, faux et démarchage illicite auprès du parquet de Lyon. Selon les informations de Bakchich, une enquête préliminaire a été diligentée. 

Après avoir vendu Pasche Monaco, le Crédit-Mutuel CIC va peut-être songer à se séparer de Pasche Genève - parce que le monde de la justice bouge?

 
mar, 07/01/2014 - 19:45

TOURNANT ?

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On l’attendait au virage : avant même que François Normal ait lu ses vœux, il était clair qu’il changerait de cap pour des tas d’esprits fins…

Je ne me lasserai jamais d’admirer, en politique, les « je-vous-l’avais-bien-dit ». Ils se divisent en deux groupes complémentaires : les Cassandres et les La Palisses. Les Cassandres prédisent sans cesse des catastrophes, et il y a toujours moyen, après coup, de trouver une catastrophe quelque part, dans la mesure où rien ne marche jamais à cent pour cent dans ce bas monde (par exemple, l’agriculteur a toujours trop de pluie ou pas assez de pluie). Les La Palisses affirment que quand il pleuvra, ça mouillera, et par conséquent se trompent rarement : dans l’immense espace des banalités de portée générale, il serait étonnant que les faits ne viennent pas corroborer vaguement leurs vaticinations.  A l’heure actuelle, si vous voulez des Cassandres, ouvrez le Figaro ; si vous êtes fatigués des La Palisses, fermez le journal de Pujadas à l’heure où le Lenglet sort des bois

Lire: Bashing (pas Alain)

T’es pas cap !

Dans l’un et l’autre de ces contextes critiques, le mot « cap » a été employé à tort et à travers depuis des mois, et de façon souvent contradictoire : il est en effet surprenant, mais courant, de feindre (tout cela est de la posture, évidemment) de se demander primo si le Président « a un cap », et secundo « s’il va en changer ».  Que l’opposition le fasse, faute de mieux, on le comprend :  à l’UMP, on est plutôt déboussolés, depuis le gadin de mai 2012, et, comme on le dit sur les terrains de rugby, il n’y a pas la lumière dans toutes les pièces ; et au Front de Gauche, on ne sait plus où est le front, ni même si front il y a. Mais si l’on fait l’analyse politique de ces derniers mois, on ne peut pas dire que Pépère n’ait pas clairement balisé sa route, ni foncé dans la direction indiquée : phase 1, faire rentrer des sous fiscalement pour arrêter la dérive, phase 2, consolider la reprise économique par de la relance, phase 3, redistribuer les produits du redémarrage. Qu’il arrive aujourd’hui, demain ou après demain à un résultat convaincant, c’est autre chose, et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est pas gagné ; mais relisez les programmes et les propos, le menu des réjouissances n’a jamais changé.

Lire: Optimiste (ou pas)

En fait, l’accusation de flottement dans le cap s’est greffée, sans doute à tort, sur deux données qui n’ont rien à voir avec ce « cap » : d’une part, l’a priori d’une indécision foncière du bonhomme, au niveau caractériel comme au niveau idéologique ; d’autre part, les effets crados de toute une succession de gaffes du gouvernement, d’engagements trop hâtifs suivis de dégagements poussifs, et de corrections de tir pas particulièrement bien négociées. Je laisse le mot de « couacs » à tous ceux et celles qui ont oublié comment se sont plantés les ministres de Mitterrand au début des deux mandats, l’exil précipité des « jupettes », les recadrages de Bockel sur l’Afrique ou de Besson sur l’identité lorsque Sarko était supposé gérer sa magic team d’une main de fer. Dans la forme, ce début de quinquennat a été souvent catastrophique, mais, si l’on regarde un peu en arrière, c’est le cas de tous les débuts de mandat (on aura la charité de ne pas remonter jusqu’aux pitreries de Giscard). A la longue, il s’avère que Pépère serait plutôt du genre  « j’écoute, mais je persiste » que du genre girouette, sur les grands sujets en tout cas – inébranlable pour le mariage pour tous, ferme face aux syndicats, solide face au vent mauvais des sondages, il est passé, dans la bouche de ses plus violents opposants, du statut de chamallow sur pattes à celui d’obstiné psychorigide bloqué dans le déni. Parce que dans le détail, hésiter sur la taxation des PEL ou la fixation de la vitesse sur le périph, c’est pas capital pour l’avenir du pays. Il n’empêche que tout cela fait désordre : épris de liberté, les Français adorent la schlague, c’est comme ça… 

Un style Pépère ?

 

Finalement, Hollande continue à faire du Hollande, sans désemparer, depuis douze ans. Ca ne lui a pas mal réussi. A l’époque où il se retrouvé avec la délicate tâche de recoller les morceaux d’un PS explosé en vol avec le crash de Jospin, il s’est bien gardé d’imposer l’unité par la force, comme Mitterrand l’avait fait (secondé par Chevènement !) lors de l’illustre congrès de Metz. Il a laissé brailler, attendu que les courants perdent leur jus, le temps que les lignes d’opposition réelles se dégagent d’un magma de rivalités creuses, et que se redessinent les trois composantes traditionnelles de la gauche socialistes depuis quarante ans, les ex-néo-gauchistes, les socio-démocrates et les droits-de-l’hommistes associatifs. Puis il a repris le troupeau en mains, sans doute cinq ans trop tard à son goût, puisqu’il s’était fait doubler, en 2007, par sa moitié. Mais bonne pioche, cet échec de Ségolène : c’est lui la clé du succès de François en 2012, en grillant Sarko et en montrant ce qu’il ne faut pas faire. Depuis lors, loin de tenir serrés, à la bride, des ministres engagés dans un boulot pas forcément populaire, il s’en est quasiment servi comme agents de diversion, en ne s’engageant personnellement que sur un point, l’inversion de la courbe du chômage, et en revêtant la cuirasse du chef des armées de la République, comme le veut sa fonction. 

Lire: Hollande la doctrine fantôme

 

Ne chicanons pas, l’objectif a été atteint, pour le chômage, ou le sera dans un ou deux mois – comme c’était prévisible, vu l’évolution des données dans le monde et en Europe. Pour le reste aussi, les Cassandres ont de plus en plus de mal à dénoncer la dérive des comptes ou la faiblesse de la croissance, dans la mesure où toutes les prédictions des voyantes économistes ont été corrigées dans le sens du mieux depuis six mois. La récession était annoncée pour 2013, elle ne sera pas là. La rentrée de septembre devait être chaude comme une guerre civile, on ne l’a pas sentie passer. Les syndicats devaient monter au créneau, ils sont descendu à la cave, se cherchent une ligne, et se sont fait doubler par des excités qu’ils se retrouvent devoir condamner avec autant de sévérité que le gouvernement… Etrange résultat, dans une France incontestablement aigrie de devoir raquer pour une politique qu’elle a, et c’est là que le bât blesse, tout aussi incontestablement voulue. Car tout le monde voulait que l’on réduise la dette. Mais tout le monde pensait que « les autres » paieraient. L’effort fiscal, souvenez-vous, était clairement annoncé par le candidat Hollande, et ne se limitait pas à la taxe à 75% , qui a emballé l’opinion ! Mais tout ce programme a été mal ficelé dans le détail (les seuils, le maintient du gel, l’arrivée trop tardive d’une hausse minime de la TVA) et surtout abominablement mal vendu. Quand on pense qu’on a laissé tomber dans l’oubli le fait qu’avec un Sarko bis, la TVA aurait augmenté de 2% dès juin 2012, l’argument du « matraquage fiscal » prend tout de même un coup dans l’aile. Mais là aussi, Pépère a préférer laisser gueuler – pour dire finalement à ses ouailles, comme l’ingénu Perceval dans Kameloot : « c’est pas faux… ».

Lire: Matraquage (Ouïe!)

Et maintenant ?

On reconnaît la méthode éprouvée dans la reprise en mains du PS : les râleurs se calment parce qu’on leur laisse entendre qu’ils ont raison, mais qu’on va réparer ça, et les opposants, incapables d’avancer leurs pions (s’ils en ont), en sont réduits, quand le Boss avance une idée, à dire : « Chiche ! ». C’est exactement ce que l’UMP est réduite à faire, depuis que, dans ses vœux, Franzie a balancé la piste d’un « pacte de bonne responsabilité» avec les entreprises. Et au passage, le MEDEF ne peut guère dire autre chose, puisqu’il demandait ce donnant-donnant par la voix de Gattaz fils, lequel ne faisait que reprendre (là encore, souvenez-vous !) Gattaz père sous Mitterrand. Et les syndicats vont bien être obligés de s’y mettre, ce qu’ils font en emballant le propos dans leur habituelle rhétorique, parce que depuis dix-huit mois, s’il y a un point sur lequel la méthode Hollande a incontestablement scoré, c’est la zone jadis maudite des négociations patronats-syndicats, avec les deux accords sur la flexibilité et sur la formation. Pour le coup, le changement, c’est fait sur ce rayon. On est passé du baroud à la causette, et du coup, les extrémistes sont marginalisés.

Ce point est important. Qu’on se souvienne des vagues de grèves qui ont marqué notre histoire récente, faisant capituler toutes les réformes, qu’elles viennent de la gauche comme de la droite, pendant trente ans, à l’exception des retouches aux retraites, dont la nécessité a été confusément admise à la longue, et dont les prescriptions restent très clémentes par rapport à l’environnement européen, parce que personne, pas même Sarko, n’osait un passage en force radical. Juppé s’est ramassé, en son temps, pour avoir préféré le bras de fer (ou la botte de plomb) ; Hollande bénéficie sans doute d’une évolution des consciences, mais il faut reconnaître que son art de l’esquive a dérouté les « partenaires sociaux », contraints de mettre, à leur tour, les mains dans le cambouis. Et c’est finalement ce qui était annoncé qui se produit : l’une des clés de la social-démocratie, cet axe de négociation permanente entre partenaires sociaux, est en train de se mettre en place, comme quasiment tous les observateurs internationaux l’ont remarqué, alors que ce thème n’affleure guère dans les commentaires politiques de chez nous…

Lire: Redressement (Erection?)

Mauvaise météo pour demain ?

 

Personne n’a été insensible à la montée des poujadismes violents, et c’est un effet secondaire de cette étrange politique du compromis qui est en train de se dessiner dans un pays habitué à la permanence durable des conflits. Sur les marges, le passionnel emporte le rationnel, c’est connu. Rien n’est plus caractéristique, à cet égard, que le pittoresque mouvement des « bonnets rouges », qui s’abîme dans les âneries après s’être singularisé par sa force destructrice. Aux dernières nouvelles, ils n’étaient plus que 350 à manifester sur des ponts pendant que leurs compatriotes bretons du littoral se noyaient dans les inondations. Bel exemple de solidarité, mais aussi de clairvoyance : tandis que le maire de Carhaix fanfaronne et se fait l’apôtre des culs-terreux (j’ai même cru lire qu’il entendait devenir président de la République si l’occasion se présentait), l’Armor subissait les effets évidents de ce réchauffement climatique que les salopeurs d’atmosphère et de rivières nient énergiquement, entre autres griefs contre l’écotaxe et le mépris du breton. Bref, alors que le rivage était sous vigilance crue, les cracks du cidre sec et du poulet dégueu restaient sous vigilance cuite bien au delà de la Saint-Sylvestre. Et on est certainement une immense majorité à penser que 600 euros plus un mois-sursis pour avoir démoli un portail ouvragé de préfecture, c’est cadeau. Reste à régler l’addition des portiques ?

Lire: Bonnets rouges (ou chapeaux ronds)

 

Et de partout, c’est vrai, la violence couve. Le point de rupture est proche à Amiens-Goodyear comme peut-être dans l’automobile, en attendant d’autres plans de licenciements qui risquent de faire très mal. C’est là que l’on mesure combien nos institutions sont faibles pour jouer leur rôle de Saint-Bernard face à des erreurs de gestion ou de stratégie monumentales (Mory-Cantet,  LFoundry, Peugeot…) ou des impasses industrielles dans lesquelles l’Etat s’est impliqué sans en avoir les moyens (SNCM). L’idée d’un « pacte de responsabilité » avec les entreprises peut sans doute faire émerger opportunément celle d’une responsabilité des entrepreneurs, aveuglément célébrés par la Droite pour leur « expertise » et leur gout du risque, dans les liquidations sociales face auxquelles l’Etat, appelé à la rescousse, est dangereusement désarmé, n’en déplaise aux travailleurs sacrifiés qui exigent que l’Etat les sauve coûte que coûte. Et l’on peut se demander si, dans ce contexte, le recours à la justice et aux tribunaux de commerce pour trancher de l’avenir de centaines d’emplois est adéquate : elle n’a pour avantage que de dédouaner les responsables des deux bords (sans compter que la traditionnelle lenteur de nos juges laisse le conflit mariner dans la procédure)… C’est sur ce front que, pendant toute l’année, il faut attendre des tempêtes.

Finalement, où est le tournant ? On aura beau essayer de fabriquer du nouveau en accolant le mot « libéral » à tout autre vocable puisé dans le lexique de la Gauche, on ne repeindra ni en bleu ni en rouge la bannière hollandaise. Et puis d’abord, tout le monde sait que « libéral » n’a aucun sens précis dans le vocabulaire politique français, à force de signifier « anticapitaliste » en économie et « tolérant » dans le registre des mœurs. Veut-on dire que Hollande découvre les mérites de l’économie de marché ? Il serait bien le dernier, après la Chine de Mao et le Vietnam de Ho-Chi-Mihn. Même feu-Chavez et bientôt-feu-Mélenchon n’ont pas d’ambitions étatiques strictes prolongeant l’Etat jusque dans les paquets de nouilles. Non, tout simplement, les Français ont élu un social-démocrate, et ils ont un social-démocrate. Le changement, c’est que maintenant, ils le savent

 

Ca tombe bien, ils ne voulaient pas élire un nouveau Lénine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

jeu, 09/01/2014 - 00:15

Proglio-Guérini ou la Générosité bien ordonnée

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La libéralité de Veolia et de son ancien patron Henri Proglio envers la famille Guérini n'en finit pas d'intriguer la justice.

Qu'est-ce qui peut pousser une collectivité locale à verser une quinzaine de millions d'euros d'argent à un géant de la propreté en dédommagement d'une rupture de contrat - alors même que ses experts l'assurent de son bon droit?

C'est l'épineuse question sur laquelle planche le juge marseillais Charles Duchaîne, occupé depuis 5 ans à faire le tri dans les déchets des Bouches-du-Rhône. Et le magistrat semble dessiner une réponse qui vient encore alourdir son dossier, opportunément baptisé du nom de code Guernica. Depuis juin dernier, deux anciens responsables de Veolia ont ainsi été mis en examen, en attendant la convocation de l'ex-grand manitou de la boîte, Henri Proglio soi-même, à en croire le Canard Enchaîné (7/1).

Lire: Patrick Ouart dans la benne des Guérini

Ordures et santons

Comme de coutume depuis le début des investigations, l'histoire se passe en Provence, un peu loin des moutons, mais avec beaucoup de santons. En ce cas précis: à Salon de Provence.

En 2005, l'agglopole qui réunit les communes environnantes de l'arrière-pays marseillais se décide à rompre la délégation de service publique qui la lie à l'entreprise Somedis, propriété de Veolia, qui gère la décharge de la Vautubière, l'une des plus importantes du département. Un brin marrie de se voir ainsi déloger, la société promet un recours devant le tribunal administratif, exigeant une indemnisation de 75 millions d'euros. Mandaté par l'agglomération, un cabinet de conseil évalue plutôt l'indemnité due à un million d'euros. Voire: à zéro, selon le mode de comptabilité… D'autant que les services de l'administration suspectent que, durant la délégation de service publique, la Somedis a surfacturé ses prestations, présentant un tonnage d'ordures traitées bien supérieur à la réalité. Lestée de tous ces bons arguments, la collectivité locale choisit royalement de verser 14,8 millions d'euros à la filiale de Veolia.

8 ans après ce dénouement dont même la Chambre régionale des comptes s'est émue, les enquêteurs ont établi un scénario à même d'expliquer la mystérieuse générosité d'élus si dispendieux d'argent public. Il a suffi aux pandores de reconstituer l'historique de la société Somedis pour soupçonner une belle carambouille.

Générosité, amitié, déchets

Jusqu'en l'an 2000, la société était propriété en sous-main d'un homme alors peu connu hors du monde de la propreté où il excelle, Alexandre Guérini. Qui, au tournant du millénaire, réalise l'affaire du siècle en revendant sa société pour 33,5 millions d'euros à Veolia. Dans la corbeille de la cession, l'entreprise, bien sûr - mais également la lucrative délégation de service public (DSP) de la Vautubière (entre 2 et 3 millions d'euros de bénéfice par an). Durant cinq ans, Veolia va exploiter le site, engrangeant une quinzaine de millions d'euros. Et en récupère 15 de plus à la rupture du contrat avec l'agglopole. Une opération quasi blanche pour le géant de la propreté - mais un jackpot pour Alexandre, qui, à la faveur du nouvel appels d'offres, reprend la DSP de la décharge, que ses sociétés exploitent encore aujourd'hui. De quoi nourrir un gros soupçon de détournement de fonds publics et de trafic d'influence, selon le juge Duchaîne - d'autant que selon les témoins de l'époque, l'avocat qui a transigé au nom de l'agglopole avec la Somedis aurait reçu un pourboire de 50 000 euros de la société. 

Après avoir racheté la première entreprise d'Alexandre à la fin des années 80, embauché son frère Jean-Noël dans les années 90, la générosité d'Henri Proglio envers la famille Guérini n'était plus vraiment à prouver. L'épisode du rachat de la Somedis pourrait toutefois l'obliger à s'en expliquer. Histoire de satisfaire la curiosité si mal placée la justice.

 

Lire: Ordures et municipales sur le Vieux Port

 

Lire: Guernica rime avec Veolia

 
jeu, 09/01/2014 - 01:00

Le Loup de Wall Street, Nymphomaniac, Lovelace : du cul, du cul, du cul

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Sur grand écran, Leo DiCaprio, Charlotte Gainsbourg et Amanda Seyfried s’envoient en l’air, partouzent et se tripotent frénétiquement. Mais que montrent les réalisateurs et quelle image renvoient-ils du sexe ?

- Bon, bah bonne année.

- T’es sérieux ?

- Oui !

- Bonne année, alors.

- On s’embrasse ?

- Peut-être pas quand même…

- Et le ciné ?

- Du cul, du cul, du cul ?

- Pardon ?

- Depuis trois semaines, c’est la fête du slip sur grand écran.

- Raconte !

- Le Loup de Wall Street, Nymphomaniac et Lovelace.

- Y a Yves Saint Laurent aussi.

- Tu as de l’humour, c’est à cause du titre de Libé, Le bâton de Berger, c’est ça ?

- Bon, on parlait de sexe, donc.

- Trois films, trois façons de montrer le sexe à l’écran, d’utiliser le sexe pour raconter des histoires.

- Commence par Le Loup de Wall Street.

- Bonne nouvelle, Martin Scorsese, 71 ans aux fraises, bande encore ! Après deux décennies d’œuvres improbables (Hugo Cabret), de gros kouglofs indigestes (Shutter Island) ou de remakes inutiles (Les Infiltrés), Scorsese revient au zénith avec cette saga bourrée de sexe, de coke et de fric, inspirée de la vie hallucinante du trader Jordan Belfort, jeune courtier en bourse qui va devenir un des empereurs de Wall Street. Entre deux arnaques, les traders pratiquent le jeté de nains, gobent des poissons rouges, sniffent des montagnes de poudre et récurent la marmite de putes à 500 dollars. La belle vie ? Pas vraiment, car la descente va être proportionnelle à la montée et le loup de Wall Street va y laisser plusieurs canines…

Un film sur la bourse

 

- Donc le sexe est…

- Une addiction, comme la drogue. D’ailleurs, dans une des premières scènes de baise, Leo, en levrette, sniffe de la coke sur la croupe d’une prostituée callipyge. Consumé par l’avidité, son personnage est drogué au profit, à la coke et au cul. Bizarrement, tous les culs serrés de la critique qui vomissent sur le film de Lars von Trier car le personnage principal est une nymphomane ne trouvent rien à redire sur ce trader dévoré par le sexe. Un homme obsédé, ça va, une femme nympho, insupportable ! Misogyne la critique ?

- Et la représentation du sexe ?

- Jamais vu autant de sexe, de nudité frontale dans un Scorsese. Des poitrines 100% naturelles et des pilosités touffues, car le film se passe au siècle dernier, dans une époque quasi-préhistorique, pré-YouPorn. Les personnages partouzent, se masturbent plusieurs fois par jour, baisent dans les toilettes…

- C’est donc vraiment un film sur la bourse ?

- T’as décidé d’être drôle toi en 2014… Un plan m’a néanmoins étonné.

- Lequel ?

- Quand, après une violente dispute, Leo s’allonge entre les jambes écartées de sa femme, dévorant des yeux l’origine du monde. Si la jolie jeune femme porte une jupe, elle n’a pas de culotte, d’où l’intérêt de Leo pour le millefeuille offert de sa chérie. Mais, supercherie, un plan très bref nous révèle… une culotte couleur chair et non une magnifique tirelire. Bon dieu, à quel jeu pervers jouent Scorsese et sa monteuse Thelma Schoonmaker ? Néanmoins, le résultat global est une véritable frénésie de cul, un doigt d’honneur géant dans le rectum du très prude Hollywood.

 


Le loup de Wall Street de Martin Scorsese, avec Leonardo DiCaprio.

En salles depuis le 25 décembre

Bientôt la version de 5h 30

- Et Nymphomaniac ?

- En l’état, il est difficile de parler du Lars von Trier car il s’agit d’une version censurée (« Cette version a été réalisée avec son consentement mais sans son implication » explique un carton au début du générique), divisée en deux parties de deux heures, à laquelle il manque… 90 minutes de gros plans pornographiques ! C’est plutôt frustrant pour ce que le marketing nous a vendu comme le film de cul ultime. J’attends de voir la seconde partie fin janvier et la version intégrale de 5h 30 qui devrait sortir plus tard dans l’année. 

- Mais tu en penses quoi de ce Nymphomaniac volume 1 ?

- C’est un putain d’ovni, le parcours poétique, sensible et drôle d’une femme nymphomane, de l’enfance à 50 ans. Entre deux scènes de baise, LVT parle de Bach, de la suite de Fibonacci, de delirium tremens, de la pêche à la mouche, d’Edgar Allan Poe… C’est absolument magnifique et déroutant, une œuvre intelligente et vibrante, un film qui évoque la littérature érotique du XVIIIe siècle, Georges Bataille ou Milan Kundera. 

Misogyne, Lars von Trier ?

- Des critiques ont taxé Lars von Trier de misogynie. 

- LVT est la tête de turc préférée de certains critiques. Il y a trois ans, il était nazi, maintenant c’est un horrible misogyne. Ils lui reprochent de montrer le sexe de façon « sale », d’avoir fait de Charlotte Gainsbourg une nympho (c’est le sujet même de son film), une « débauchée triste », comme auparavant l’héroïne de Breaking the Waves. Mais ces joyeux drilles semblent oublier que LVT a déjà filmé du sexe hard ET joyeux dans Les Idiots. De plus, le personnage de Charlotte Gainsbourg dans Nymphomaniac est addict au sexe, en quête d’une jouissance impossible, obligée de faire l’amour dix fois par jour. Comment pourrait-elle être épanouie ou satisfaite ?

- Et que montre-t-il ?

- Comme je te le disais, le film est tellement coupé qu’il est difficile de se faire un avis. Mais comme dans Les Idiots ou Antichrist, il y a des inserts pornos, tournés dans un noir et blanc sublime, des fulgurances, comme le sperme sur la bouche innocente de Stacy Martin, la cyprine qui s’écoule le long d’une jambe ou la sublime scène de la montée d’un orgasme, avec un écran divisé en trois parties et la musique de Bach. Mais la plupart des séquences – qui ont valu au film une toute petite interdiction aux moins de 12 ans – laissent un goût de tristesse et de solitude. L’amour physique serait-il sans issue ?

Lire: Antichrist, Lars van Trier en enfer

Nymphomaniac de Lars von Trier, avec Charlotte Gainsbourg.

En salles depuis le 1er janvier

Nom d’une pipe !

- Et Lovelace ?

- C’est la cata. Comment foirer un film avec une telle histoire ?

- Que veux-tu dire ?

- Lovelace est adapté de l’histoire hallucinante et vraie de Linda Lovelace, une virtuose de la flûte enchantée, l’incroyable avaleuse de sabres de Deep Throat (Gorge profonde), un porno de 1972 tourné pour 25 000 $ (avec l’argent de la mafia) et qui a rapporté 600 millions. Le film a changé…

- Ta vie ?

- Accessoirement. Mais surtout la face du monde avec la pipe la plus célèbre de l’histoire du cinéma, véritable acte de naissance du porno moderne. Louchant honteusement du côté de Boogie Nights, Lovelace est un biopic académique, raté, puritain, avec même un couplet moralisateur sur les valeurs de la famille, un nanar incapable de rendre compte de la complexité de la personnalité de Linda Lovelace, se bornant à décrire la relation toxique entre Linda et son mari excité du slip et de la mandale. Quant au cul, il est complètement évacué et le film est aussi excitant qu’une radiographie d’Angela Merkel après fracture du bassin… Bref, tu gardes tes 10 euros, et si tu veux tout savoir sur Gorge profonde, tu regardes le très bon documentaire sorti il y a neuf ans, Inside Deep Throat.

- Bon, c’est donc un film qui te restes en travers de la gorge ?

- Nom d’une pipe, j’en reste sans voix…

Lovelace de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, avec Amanda Seyfried.

En salles depuis le 8 janvier

ven, 10/01/2014 - 08:00

Ce grand bandit de Hollande

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Un parfum de grand banditisme souffle autour de l'appartement où se retrouvent François Hollande et Julie Gayet. Bakchich a pu joindre Michel Ferracci, l'acteur dont le nom attise la polémique.

Depuis 3 ans, son nom revient souvent dans l'actualité. Et pas pour les raisons qu'il souhaiterait. Si Michel Antoine Ferracci a embrassé la célébrité, c'est moins pour sa carrière d'acteur, notamment dans la série Mafiosa, que pour son rôle au sein du Cercle Wagram. Fermé en 2011 après une descente de police, l'établissement de jeux parisien a été visé par deux procédures judiciaires, qui ont mis au jour les relations qu'entretenait le Wagram avec le grand banditisme. Vache à lait du gang de la Brise de Mer, la plus redoutable bande corse de ces trente dernières années, le Cercle a surtout été l'un des enjeux de la guerre que se sont livrés les héritiers de la Brise...et qui l'a décimé.

Lire: Le Wagram, un Cercle dans l'héritage de la Brise de Mer

et Cercle Wagram, nom de code Largo Winch

et L'enquêteur maudit du Wagram

Ancien directeur des jeux du Cercle Wagram, Michel Ferracci a été condamné à 18 mois de prison avec sursis dans le dossier dit Wagram I. L'acteur corse ne se cache pas d'être un ami de Sandra Germani, veuve de Richard Casanova, l'un des pontes de la Brise en assassiné en 2008, et la soeur de Jean-Luc Germani. Considéré par les services de police comme le légataire testamentaire de Richard, Germani est mis en examen pour deux homicides, et condamné par contumace pour extorsion dans les affaires du Cercle Wagram. Sa cavale qui l'a notamment conduit au Gabon et au Congo Kinshasa, dure depuis bientôt trois ans.

Lire: Le Milieu voyage au Congo

«Je n'ai jamais habité là bas»

Michel Ferracci

Depuis la révélation par Closer des visites impromptues dans un appartement proche de l'Elysée pour retrouver l'actrice Julie Gayet, le nom de Ferracci est ressorti des limbes de l'actualité. A son corps défendant.  C'est en effet au 20 rue du Cirque que loge, depuis 3 ans son ancien compagne, l'actrice Emmanuelle Hauck, avec leur deux enfants.«Je n'ai jamais habité là bas, mon nom n'apparaît dans aucun document vous pouvez vérifier, assure Ferracci à Bakchich. Et je ne comprends pas ce qui se passe. L'appartement n'est pas vide, mon ancienne compagne et mes deux enfants y habitent. Ils portent mon nom c'est pour cela que notre patronyme apparait sur la boîte aux lettres». L'acteur, en couple depuis six ans avec la comédienne Emilie Dequenne, de préciser que son ex loue l'appartement. «Elle est actrice, elle n'a pas les moyens d'acheter là bas». Et de regretter l'agitation médiatique tant autour de son patronyme que de la résidence de ses enfants et de leur mère.

L'emballement n'est pourtant pas près de cesser autour des imprudentes escapades de François Hollande. François Masini, qui a partagé la vie d'Emmanuel Hauck, a été assassiné en Corse en mai dernier, alourdissant encore un peu l'ambiance autour de l'appartement du 20 rue du Cirque.

Les questions sur la sécurité de ces visites présidentielles hors les murs de l'Elysée, comme les interrogations sur le degré de connaissance par les services de polices et leur ministre de tutelle Manuel Valls du cursus de l'appartement, pullulent, du Pointà Médiapart. Incompétence, inconscience ou basse manoeuvre politique?

Pour se rassurer, le président pourra toujours fouiller dans les archives. Ce n'est pas la première fois qu'un chef d'Etat français se ballade dans des travées où affleure un parfum de grand banditisme. Son prédécesseur, Nicolas Sarkozy avait coutume de descendre lors de ses séjour en Corse à l'Hôtel Cala Rossa de Porto-Vecchio, appartenant à la famille Canarelli. Une famille dont le fils, Paul, est également un intime des Germani-Casanova.

Lire: Sarko a aussi des bons hôtes en Corses

 

Retrouvez notre saga sur les Mystères du Wagram

 
dim, 12/01/2014 - 15:45

Amnistie des Banksters : JP Morgan 1 – Madoff 0

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L’année 2014 commence bien pour la banque US ; moyennant des étrennes généreuses au Ministre de la Justice, elle évite un procès pénal forcément gênant…

Ouf, l’affaire s’est finalement réglée le 6 janvier comme le confirme l document publié par le New York Times le 7 janvier dernier. Les lecteurs de Bakchich familiers du jargon juridique US s’en délecteront à n’en point douter. Ce n’est en effet pas tous les jours qu’on peut parcourir à sa guise, un « accord de poursuites différées » - en pratique, le plus souvent pour l’éternité - qui ont fait la célébrité de Wall Street ces dernières années.  

Il s’agit du deal passé entre le Ministère de la Justice représenté par le célèbre Procureur du District Sud de New York Preet Bharara et la banque JP MORGAN CHASE qui évite à cette dernière – en théorie, seulement pendant deux ans à compter de sa signature – un procès pénal pour son implication passive dans l’affaire Madoff. Une nouvelle illustration donc, de la formule « too big to jail ») si chère au ministre Eric Holder dont nous vantons régulièrement les exploits dans ces colonnes. Chef d’œuvre d’hypocrisie, l’accord fait notamment état de la renonciation de la banque à obtenir un avantage fiscal quelconque au titre de sa « contribution forcée » de 1,7 milliard de dollars. C’est bien le moins… 

En contrepartie, l’Oncle Sam s’engage à ne pas faire usage des témoignages sous serment des salariés de la banque,  si d’aventure, il était amené à chercher des poux dans la tête du bankster pour des motifs non couverts par la transaction et Dieu sait qu’ils ne manquent pas. De plus, pendant la durée du deal, la banque s’engage à porter à la connaissance de la justice, tous les actes illégaux que pourraient commettre ses salariés ; après, bien entendu les bonnes habitudes reprendront naturellement le dessus…

150 milliards de dollars passés inaperçus

On se souvient que lors de son procès, Bernie qui sentait qu’il mourrait probablement en prison, protestait de se retrouver un peu seul dans le box des accusés en affirmant que son banquier savait depuis longtemps à quoi s’en tenir au sujet des rendements mirifiques qu’il prétendait servir à ses gogos de clients avides. 

Lire: Madoff fait trembler les banksters

Le lascar avait sans doute raison à en juger par le texte de la transaction et ses annexes qui restituent en quelques lignes d’une exquise sobriété, l’idylle entre le Faisan et le Bankster (« Pendant plus de 30 ans, l’entreprise Madoff Securities Investment Advisory n’a été qu’une énorme pyramide de Ponzi de plusieurs milliards de dollars. Depuis au moins les années 70, jusqu’à l’arrestation de Madoff  le 11 décembre 2008, Madoff et ses complices ont frauduleusement promis à ceux qui leur confiaient des fonds à investir, qu’ils seraient placés dans des actions, des options et d’autres valeurs mobilières de sociétés bien connues. Les fonds des investisseurs n’ont en réalité presque jamais été investis comme promis… »).

Tout à été dit ou à peu près sur le Faisan. Le Bankster en revanche, n’a jamais fait de publicité excessive sur le fonctionnement du compte n° 140-081703 («the 703 account » tel qu’évoqué non sans lyrisme par la justice US) ouvert dans ses livres au nom de la petite affaire de Madoff et sur lequel ont transité entre 1986 et 2008, près de 150 milliards de dollars confiés au Faisan par les gogos. Au moment de son arrestation, son entreprise possédait comptablement 4 000 comptes-clients actifs. Lesquels représentait encore sur le papier un encours total investi d’environ 65 milliards de dollars alors qu’il n’y avait plus en réalité que 300 millions de dollars d’actifs dont 234 millions en cash ou assimilé.

Lire: Pourquoi la Sec a laissé Madoff dériver épisode 1,épisode 2, épisode 3  et épilogue

« Voici les différents éléments de l’histoire qui pourraient nous rendre nerveux »

IL aura fallu le long email du 16 octobre 2008 d’un analyste du « Equity Exotics desk » de la banque situé à Londres pour qu’on se réveille – en sursaut dit-on – à JP MORGAN et que l’on commence officiellement à se poser des questions sur les performances financières de Madoff. Non sans humour, la missive de l’analyste à son boss se terminait de manière peu engageante : « voici les différents éléments de l’histoire qui pourraient nous rendre nerveux ». Dès le 29, JP Morgan Londres balançait un rapport bien senti à la Serious Organised Crime Agency (SOCA) selon lequel, elle venait de découvrir qu’il semblait s’en passer de belles sur le « compte 703 ».

Etrangement, la banque n’a pas cru utile de signaler les acrobaties présumées de Madoff aux autorités américaines. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle a été – bien peu de temps il est vrai – poursuivie par la justice US avant que les parties ne décident qu’entre gens de bonne compagnie, une convention valait mieux qu’un stupide procès, quand bien même aucune responsabilité n’aurait été recherchée à la tête de la banque, selon une jurisprudence solidement établie aux USA depuis 2008. 

Si tel avait été le cas, la banque aurait dû rendre compte de violations de la loi sur le secret bancaire (Bank Secrecy Act) qui, comme son nom ne l’indique pas, traite de bien d’autres choses que du secret bancaire et en l’espèce, de la défaillance de JP Morgan à maintenir un programme anti-blanchiment digne de ce nom, et de sa défaillance à établir et à transmettre une déclaration de soupçons aux instances de supervision bancaire. 

A sa décharge, depuis quand est-on fondé à entretenir des soupçons envers un ami de 30 ans ?

 

Affaire Madoff: L'accord qui épargne JP Morgan by xavierbk

mar, 14/01/2014 (All day)
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Yves Saint Laurent : une pub, pas un film

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Quand Yves rencontre Pierre… Le biopic d’YSL : une succession de scènes convenues, prévisibles, scolaires. Pour sa seconde mise en scène, Jalil Lespert filme le superflu et rate l’essentiel. 

- La presse semble dithyrambique pour Yves Saint Laurent ?

- T’as vu l’affiche, toi ?

- En fait, oui. Et c’est écrit en gros, « LA PRESSE UNANIME ».

- Faut pas croire tout ce que tu lis, surtout de la part de margoulins qui bossent dans le cinéma.

- Pourquoi ?

- On essaie de te faire croire que la presse mouille sa petite culotte, mais c’est loin d’être le cas. Le Monde, Libé, Les Inrocks, Télérama même Le Figaro ont plus que des réserves. Alors bon, il reste Les Echos, Paris Match (« sublime, intemporel ») pour gribouiller des formules creuses qui vont attirer le gogo dans la salle. À ce niveau-là, ce n’est plus de la critique, plutôt de la collaboration, de la propagande. 

- Tu exagères.

- Yves Saint Laurent n’a rien à voir avec un film. Regarde l’affiche.

- C’est encore l’histoire des testimoniaux ?

- NON !

- Alors quoi ?

- Le titre, bon dieu !

- Oui !

- C’est le logo de la marque « Yves Saint Laurent ». C’est la première fois que je vois ça. En énorme, sur l’affiche d’un film, le logo d’une marque ! Ce n’est plus un film, mais une pub.

L’Evangile selon Saint Bergé 

- Arrête.

- Sûrement pas. Ce truc, car il est hors de question d’appeler cela un film, a été réalisé avec l’aval de Pierre Bergé, amant du couturier, esthète, homme d’affaires qui a créé l’empire YSL. Et qui par ailleurs aurait tenté de faire capoter la version de Bertrand Bonello que l’on devrait voir à Cannes. Le film de Jalil Lespert, c’est donc l’Evangile selon Saint Bergé, une hagiographie, un magazine sur papier glacé avec plein d’images pieuses et de robes chamarrées, un truc totalement prévisible. Pire, scolaire ! Lespert n’a rien à dire, pas de point de vue de cinéaste. Pour réaliser un film sur le grand couturier qui n’avait qu’un regret (« Ne pas avoir inventé le jean »), il aurait fallu du talent, ou au moins, du style. 

- T’es dur !

 - Écoute, faisons un petit test. Tu n’as pas vu le film, mais tu connais un peu la vie d’YSL. Avec ce que je viens de te dire, dis-moi, à ton avis, quel en est le scénario ? 

- T’es dingue.

- Mais non, te bile pas, balance tes premières idées, les premiers clichés qui te passent par la tête. Tu ne peux pas te tromper…

- Euh, la jeunesse à Oran.

- Oui.

- L’apprentissage auprès de Dior et les premiers défilés.

- Oui.

- La relation avec Bergé.

- Bingo.

- La gloire, la photo nue avec Jeanloup Sieff, la résidence à Marrakech.

- Oui, oui, OUI. Et maintenant la FACE SOMBRE.

- Hum… La dépression, la dope et les escort boys.

- Putain, tu vas devenir le scénariste N° 1 du cinéma français.

- J’ai tout bon ?

- Bien sûr. Et le dernier plan du film ?

- J’en sais rien, c’est impossible, là.

- On est dans un biopic français, donc…

- Un écran noir et quelques phrases sentencieuses sur le génie d’YSL.

Du vide, mais habillé en YSL

- Bingo. Les responsables de cette catastrophe industrielle sont tout d’abord les scénaristes : Jalil Lespert, qui est donc réalisateur ET auteur, Marie-Pierre Huster et de Jacques Fieschi, collaborateur de Claude Sautet, auteur de purges comme Coco avant Chanel ou Un balcon sur la mer. Ils tricotent un récit chronologique et bien pépère de 1956 à 1976, avec trois axes : la mode, l’aspect créateur-torturé-maniaco-dépressif et la passion avec Bergé. Pour meubler, Lespert t’exhibe les belles robes Mondrian, Pierre Niney grimé en YSL, avec – attention, les VERITABLES lunettes du Maître – écarquille les yeux et reste prostré et… rien. 

- Que veux-tu dire ?

- Du génie d’YSL, on ne saura pas grand-chose, l’homme reste une énigme. De même, le film devrait être l’histoire d’une passion, mais jamais tu ne vibres. Tout est survolé à toute blinde (le film dure 1h 40), tout est froid, fabriqué, tout est faux. De plus, le film devrait s’intituler « Pierre Bergé » ; c’est lui le narrateur, qui parle à « son cher Yves » au-delà de la mort (il a d’ailleurs écrit un recueil de lettres posthumes adressées à son défunt compagnon), c’est lui le héros, l’incarnation de l’amour. Tu sais, Pierre Bergé a un jour déclaré qu’il n’avait jamais marché devant Yves Saint Laurent.

- Drôle de conception de l’amour…

- Le film adopte ce même respect, cette même servilité. D’YSL, on ne verra que le dos, l’image des magazines. Mais jamais l’âme. Quand tu vois ce que Steven Soderbergh a réussi à faire avec Liberace… 

- En résumé, c’est comme Cloclo, La Môme, Coco Chanel, Sagan et autres Coluche.

- Absolument. Des trucs sinistres puisés dans le patrimoine franchouillard, formatés, marketés pour l’exportation, où 95% du budget passe dans le maquillage/grimage de la star et une reconstitution vintage. Point commun de tous ces films ineptes, incapables de restituer le moindre talent de la star défunte, la platitude de la mise en scène. Dans Yves Saint Laurent, tu n’as aucun plan de cinéma, juste 1h 40 de vide. Du vide élégant, chic, en YSL of course, mais du vide quand même. « Les modes passent, le style est éternel », a déclaré un jour Yves Saint Laurent. Jalil Lespert aurait pu méditer cette phrase…

 

Yves Saint Laurent, de Jalil Lespert avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Charlotte Le Bon, Laura Smet.

En salles depuis le 8 janvier 2014. 

mar, 14/01/2014 (All day)

Evasion fiscale : L'héritier et les banques de Pandore

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Ou comment une querelle autour de la succession d'un banquier marseillais dévoile les circuits de l'évasion fiscale. 

Une tension dans les mots. Le discours ininterrompu se déverse, heurté,  dans un chaos de dates, de numéros de comptes, de nom de banques... Dans cet enchevêtrement, Patrick Brémond, la soixantaine passée, s'est noyé des années durant. Il a quitté son boulot de pharmacien, a rompu avec sa famille, a tutoyé la folie et la dépression. Avant de saisir le fil d'une pelote qu'il a longtemps tiré seul, sous l'oeil méprisant de ses proches et amis. Avant que la justice ne prenne enfin le relais, faisant trembler le si discret milieu bourgeois marseillais, inquiet pour ses économies planquées au delà de nos frontières.

Pour Patrick, l'enfer s'est ouvert dans les bureaux du notaire chargé de régler la succession de son père. Décédé en 2004, Robert Brémond était le directeur régional de l'Union du Crédit Bancaire. Pater familias «ombrageux», ses relations avec son fils aîné s'avèrent si «particulèrement difficiles», concède Patrick, que son cadet Francis a été désigné légataire universel. Malgré tout, le pharmacien n'a jamais totalement rompu avec son père, qui lui a confié quelques secrets. 

Les trésors d'un père, endetté en France, millionnaire en Suisse

Notamment un magot de 50 millions de dollars dissimulé à l'étranger….

Devant le notaire pourtant, les papiers ne font apparaître que des dettes dans l'héritage du banquier et financier international de haut vol. 80 000 euros de débit. Une situation impensable qui éveille les soupçons de Patrick - d'autant que le notaire se refuse à dresser un inventaire des biens du disparu, et lui enjoint, à l'unisson de son frère, de sa mère et de l'administration fiscale, de refuser la succession de ce père lointain et criblé de dettes.

L'incrédule pharmacien démarre alors sa quête insensée. Fils rejeté de la famille, l'aîné des Brémond accepte la succession, règle les dettes auprès du fisc, devient l'unique légataire de son géniteur et part à la recherche des deniers du père. Tout simplement en écrivant aux banques suisses avec lesquelles celui-ci était en contact. Lancées dans l'océan du secret bancaire international, ses lignes mettront des années à mordre. À l'achèvement de l'année 2006, le Crédit suisse de Genève consent à livrer une partie de ses secrets, après avoir exigé certificat de décès, acte de notoriété et qualité du demandeur. La boîte de Pandore commence à s'ouvrir. 

Lire: Le secret bancaire s'évade de Suisse

D'importantes sommes ont bien été cachées aux yeux du fisc français par Robert Brémond. Les documents du Crédit suisse attestent d'une ouverture de compte le 11 août 2003, où ont transité près de 6,2 millions de francs suisses. Surtout, ce compte a été fermé dès novembre 2003. «La clôture de cette relation a été effectuée sur ordre téléphonique le 28 novembre», et l'ensemble des avoirs transférés vers un compte numéroté. La procédure étonne. D'abord parce que rien, dans les dossiers d'ouverture de compte, ne prévoit de gestion par téléphone. Ensuite parce que la date n'est pas neutre. Le 29 novembre, Robert Brémond était transféré d'urgence au centre de réanimation de l'hôpital Saint Joseph à Marseille… Enfin parce que les fonds n'ont pas quitté la Suisse, ni même le Crédit suisse. Tous les avoirs ont été transférés sur un compte numéroté, par Merril Lynch Bank. Devant le refus de l'établissement de révéler le nom du titulaire caché derrière le numéro de ce compte, une première procédure judiciaire est lancée en Suisse. 

Un circuit personnel ou professionnel?

Le 22 janvier, le tribunal de première instance de Genève ordonne au Crédit suisse de communiquer l'identité du propriétaire du compte, sans le geler. Surprise : il s'agit de son frère Francis. La révélation laisse entrevoir à Patrick une mécanique redoutable. D'autant que, lancé sur la piste des avoirs disparus de son père, l'héritier ne s'arrête pas. Les comptes s'accumulent. Selon la documentation que Bakchich a pu consulter, ce ne sont pas moins de 7 banques qui, en Suisse, ont été en relation avec Patrick Brémond. Outre le Crédit Suisse et Merrill Lynch, la banque cantonale vaudoise, Dexia Banque Privée, Pictet et Compagnie, ABN Amro et Rahn & Bodmer Zurich ont accueilli des fonds au nom de Robert Brémond, à la succession officiellement débitrice...et cela pour la seule Suisse.

 

Ses recherches ont amené Patrick Brémond vers une autre contrée à l'exotisme tout fiscal, le Luxembourg. Près de 15 millions de dollars ont transité entre la confédération helvétique et le Grand Duché. L'impressionnante manne provient à la fois «d'héritage familial, du travail de son père et des revenus de la pharmacie», l'une des plus grandes de Marseille dans les années 70 à 80, située tout en haut de la commerçante rue de Rome. Mais dans le monde judiciaire, le montant du butin planqué ne laisse pas d'étonner. «Même si Robert Brémond était un grand banquier, amasser autant d'argent ne semble pas possible. Peut-être a-t-il aussi géré l'argent que d'autres voulaient planquer», s'interroge une source judiciaire. La réponse à ce mystère est sans doute dans la commission rogatoire internationale (CRI) lancée vers la Suisse par les juges marseillais. La plainte déposée par Patrick Brémond pour abus de faiblesse envers son père, vol, fraude fiscale et escroquerie, déposée en 2009 entre les mains du doyen des juges d'instruction a fini par prospérer. Après l’audition du plaignant et celle de son frère en 2011 (1), une première commission rogatoire internationale a été lancée vers les banques suisses. Mal rédigée, elle a été retoquée avant qu'en 2013, un nouveau magistrat ne s'empare de l'affaire. La 2e CRI, selon nos informations a bien été exécutée. Et ses résultats vont livrer leurs secrets dans les prochaines semaines.«J'en attends beaucoup, avoue Patrick Brémond. Cet argent a fait telement de mal au travers d'une cupidité exacerbée qu'il faut que maintenant il fasse du bien, et apporte du bonheur». Une sorte de blanchiment.» 

 

(1) contactée ni Francis Brémond, ni son avocat n'ont pour l'instant répondu à nos questions

mar, 14/01/2014 - 23:30

BIDETS COMMUNICANTS

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Naguère, seuls les vases étaient communicants, et encore, pas toujours. Mais ça, c’était avant. Maintenant, même les bidets en disent long…

Chansons de gestes

Ce matin, je me suis payé une bonne pinte de rire, excellent moyen de commencer la journée. Je tiens à remercier Le Figaro de me l’avoir procurée sur son site, par un papier hilarant intitulé « Ce que révèle la gestuelle de François Hollande ».  Un « spécialiste de la communication non verbale » (sic) analyse les grimaces et les mouvements de mains de not’gars François pendant sa conf de presse, et en déduit que lorsqu’on évoque ses érections clandestines, il a l’air gêné, mais se pourlèche les babines en évoquant le « pacte de stabilité ». Ce qui est très fort : je n’ai pas souvenir que ce « pacte de stabilité » ait été évoqué, il a surtout été question de pacte de responsabilité. J’en conclu que l’expert en « communication non verbale » est un peu sourd. Déformation professionnelle ? L’inconvénient, avec la langue des signes, c’est qu’à force de décoder, on fait des canards. Par exemple, si le président s’était collé une plume dans le fion, on aurait pu douter de sa santé mentale. Comme il ne l’a pas fait, c’est un signe qui ne trompe pas : tout va bien. 

Lire: Optimiste (ou pas?)

En tout cas, voilà un excellent exemple de ce qui est « tendance », en matière d’information : à l’instar du peintre de Quai des Brumes, on voit ce qui est derrière les choses. « Quand je vois un nageur, je peins un noyé », dit-il, lugubre. Il y a des gens qui sont payés pour voir les noyés, on les appelle des « experts », et la preuve la plus aboutie de leur bonne foi, c’est que leur expertise n’est attestée par aucun diplôme. Sachant qu’une conférence de presse est codifiée comme un spectacle, la « communication non verbale » doit situer son domaine quelque part entre les pantomimes du mime Marceau, les tics de l’Actor Studio, les gags d’Harpo Marx et la quenelle de Dieudonné. Tiens, par exemple, tant qu’il est chaud, que pense notre expert en gestes de cette fameuse quenelle ? Je m’étonne qu’on ne l’ait pas interrogé à ce sujet. Parce que pour découvrir que Pépère à l’air très, très emmerdé quand on lui demande des nouvelles de Valérie, c’est relativement à la portée de tous les observateurs. C’est comme quand on nous révélait que, d’après ses gestes, Sarko était  plutôt nerveux (on a aussi analysé sa « gestuelle », en son temps, sans l’épargner lui non plus). Mais là, c’est prouvé. Scientifiquement. Crénom, ça va mieux en le disant ! On comprend enfin pourquoi l’Enjôleur a répondu en trois mots. Mais ça, c’était pour les non-sourds. Pour égayer l’ambiance. Non, je l’ai pas dit. Je l’ai dit ? Oui mais, avec la main gauche sous la table. Il paraît que c’est pour amortir les chocs et cacher la « spontanéité ». Qu’alliez-vous croire ?

« La force du Diable est dans les reins » (Saint Jérôme )

D’un autre côté, on comprend que dans les salles de rédaction, on soit forcé de se donner du mal. Au lendemain d’une conférence de presse présidentielle, il serait assez stupide de croire que le public attend avec avidité les réactions d’Harlem Désir ou de Machin Hortefeux. Il s’en fout comme de sa première pignole. C’est vraiment pour ne vexer personne qu’on les interviewe, les pauvres, ou pour meubler en attendant la pub. Et ceux qu’on ne va même pas interviewer (il y a des limites à tout), ils expédient leurs cui-cui dans la nature, en espérant qu’on les copiera dans le journal ou sur le net. Deux heures de réflexion, et Morano fait son tweet. Elle a compris qu’on allait supprimer les allocations familiales. Ah bon. Vous voulez rire (Morano, ça déprime) ? Voici celui d’Hervé Morin : « F. Hollande : 3 ans encore. Put... ça va être long ! » L’avantage, c’est qu’il a pu l’écrire avant hier, parce qu’il avait piscine avec son cheval à l’heure de la conf’ de presse. Et à gauche, nous avons ce bijou de Mélenchon : « Tromperie assumée: Hollande et Gattaz, c’est du sérieux ! ». Chapeau, Monsieur Mélenchon, il fallait le trouver. Sincèrement.

Mais cette fois, grâce aux croustillantes révélations de Poubelle, il y avait une avenue d’innovations médiatiques qui s’ouvrait devant nos « décrypteurs» : les réactions de la presse étrangère aux non-réponses de l’inculpé. Evidemment, outre-Manche, on regrette que les journalistes présents n’aient pas harcelé le Président sur la question (« combien de fois ? sur la commode ? en gardant le casque ? »). Enfin, pas partout : certains journaux bien renseignés émettent l’avis finaud qu’en France, ça ne se passe pas comme chez les Puritains. Les Puritains, y a que le péché qui les amuse. Surtout ceux des autres, d’ailleurs, parce que les leurs les déprimeraient plutôt. C’est pourquoi ils sont à l’affût des péchés des people, qui leurs permettent de vérifier que les grands de ce monde éjaculent et que les grandes de ce demi-monde ont parfois des désirs tordus. Eh, mon pote, quand on est Normal, on est normal jusqu’au bidet ! Ce qui est moins normal, c’est qu’une telle « information » (je mets des guillemets par hygiène) sorte juste avant une conférence de presse jugée capitale. La presse étrangère, ici et là, se pose la question. La presse française, pas vraiment. A peine un vague soupçon d’opportunité manigancée par les réseaux sarkoziens, qui va faire bruisser les canards pendant quelques jours. Mais chut, tout est à vérifier sur le rôle du banditisme corse dans la literie présidentielle. 

Lire: Ce grand bandit de Hollande

« La plus belle ruse du Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas » (Baudelaire)

Il reste un problème de fond, qui excède largement la question des amours présidentielles : le décalage de plus en plus gênant entre le « temps médiatique » et le « temps politique ». Ce qui est apparu clairement, dans cette affaire, c’est l’impatience des médias, qui exigent d’un chef d’Etat non seulement des résultats économiques dans le mois qui suit, mais encore et d’abord des réponses immédiates sur sa vie privée, en évoquant l’avide curiosité des lecteurs. En fait, cette avidité, selon un sondage, n’est pas évidente : les trois quarts des Français déclarent se foutre complètement des amours de Pépère. Cela dit, on devrait aussi se demander combien de mecs « normaux » se sont trouvés dans une situation comparable à la sienne (je ne parlais pas du casque). Mais ce serait trouver de la banalité dans une sphère où tout est supposé être exceptionnel. 

Par exemple, Schroeder a divorcé trois fois et s’est marié quatre (c’est Cambadélis qui a trouvé l’argument sur Wikipédia, il devait le tenir au chaud pour l’heure H et le jour J). Bon, d’accord, on peut concevoir que ces changements de cap ne se sont sans doute pas passés sans tromperies cachées ni ces ennuyeuses scènes de ménages qui, forcément, ralentissent l’action. Idem chez Copé, qui fait le virginal, mais s’est reproduit avec trois dames différentes, dont une fois hors mariage, sans mériter du reste, à nos yeux, le moindre reproche d’avoir souillé sa fonction élective. Quant à Sarkozy, il serait assez niais d’imaginer qu’entre sa rencontre avec Carla et son mariage, il n’a pas mis son casque (où était Closer ?). Eût-il fallu, dans ces trois exemples, qu’un bulletin quotidien nous renseignât sur l’évolution du dossier ? Déjà qu’une statistique par mois pour l’évolution des données économiques, c’est du délire, vous imaginez un point de presse de l’Elysée chaque matin, vers sept heures, sur les évènements de la nuit ? 

Lire: Tournant

A la queue, comme tout le monde !

Car là est la contradiction : tout en se pinçant officiellement le nez, la presse « véritable » n’a pas moins usé d’encre que la « presse people » sur cette question, et à la veille de la conférence de presse, elle faisait d’avance ses choux gras de la réponse ou de la non-réponse de l’accusé. Il fallait voir, sur les écrans, la « gestuelle » des commentateurs affectant la mesure mais se pourléchant les babines pour exiger sans l’exiger une « clarification » avant tout propos politique, le 14 janvier, à 16 heures trente précises. Le faux-cul volait à basse altitude sur toutes les chaînes. Cela s’appelle la « pression médiatique » et il paraît que non,  ce n’est pas la mise en bière de la démocratie, seulement une obligation nouvelle pour les politiques : tirer plus vite que leur ombre. Sinon, on les accusera de réfléchir, ce qui, vu la mode du pragmatisme, est l’indice qu’ils ont trop fait d’études.

Sur l’horloge médiatique, il est toujours moins cinq, qu’il s’agisse de couples ou de réformes. Finalement, un Lenglet ou un Apathie ironisant d’avance sur le temps que prend un programme à se réaliser, c’est la même chose que ce journaliste « présidentiel » demandant à Hollande d’annoncer, séance tenante, s’il vire Valérie ou pas. Ces choses-là prennent du temps, mon bon. Et le rôle d’un décideur politique n’est sans doute pas de procurer la « une » dont rêvent les rédacteurs en chef pour rattraper la baisse structurelle de leurs ventes en kiosque. Vous me direz : Sarkozy a tenté de le faire, en lançant un projet de loi deux heures après le vol d’un cyclomoteur et en surjouant son histoire d’amour comme un feuilleton rose. Pas sûr qu’il ait rendu service. Et il faut vraiment être américain pour trouver « cool » que la famille Obama fasse signer ses chiens sur la carte de vœux éditée par la Maison Blanche. Dans le genre mauvais goût, c’est pire, à mes yeux de scélérat froggy, que la turlutte de Monica. Même Giscard n’a pas osé descendre aussi bas dans la pitrerie, quand il exhibait Anne-Aymone comme son animal de compagnie favori, entre deux pots de fleurs et un camion de laitier.

En tout cas, grâce à la raideur présidentielle (n’y voyez aucun jeu de mots, mais tout cela est encourageant pour les candidats à la prostatectomie), le feuilleton va sans doute durer encore une quinzaine de jours. C’est tout bon pour les médias, si on rajoute quinze autres jours pour commenter l’issue du conflit, cela fait un mois d’eau de rose et de venins. Tout cela pour fuir la vraie question : sachant que la notion de « première dame » n’a aucun contenu en France, quel est le critère de classement de ce palmarès inexistant ? 

Lire: Langue de P.. ,Langue de P...(suite) et Langue de P… (fin de partie)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mer, 15/01/2014 - 15:30

Roms: c’était donc cela, «le changement»…

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La Ligue des droits de l'Homme dénonce la multiplication intolérable des évacuations forcées de campements de Roms étrangers. Mais François Hollande estime n'avoir pas à «rougir» de cette continuation de la politique de son prédécesseur, et le Parti socialiste contient son indignation...

 

 

Dans le dernier rapport annuel sur la lutte contre «le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie» en France, publié au mois de mars dernier, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), trente pages, dont la presse et les médias n’ont que fort peu parlé, sont consacrées à la «situation des “gens du voyages“ et des Roms migrants». Ce document met «en garde, dans un contexte marqué par la montée de manifestations et de violences à caractère raciste contre les Roms, contre les amalgames, le risque de stigmatisation, des pratiques discriminatoires et des violations manifestes des droits de ces personnes, particulièrement les droits économiques et sociaux». Selon ses auteurs: le discours prononcé à Grenoble le 30 juillet 2010  par Nicolas Sarkozy – alors président de la République -, dans le cours duquel ce dernier « a fait plusieurs annonces sur la lutte contre la délinquance et l’immigration illégale, dont celle du démantèlement des campements illégaux de Roms et de reconduites à la frontière», a «contribué» au renforcement d’un climat délétère.

Tollé

Ce discours avait, on se le rappelle, soulevé un tollé, où le Parti socialiste (PS) avait par exemple fustigé «une dérive antirépublicaine» du chef de l’État - et garanti, par la voix de Martine Aubry, qui était alors sa première secrétaire: «Nous ne laisserons pas stigmatiser les étrangers, pas plus que les Français issus de l'immigration ou les gens du voyage, comme l'ont fait honteusement le président de la République et sa majorité.» 

Puis, un an plus tard – le 22 juillet 2011 -, le PS, où l’indignation n’était pas retombée, avait publié ce communiqué rageur – qui vaut d’être cité un peu longuement: «Près d’un an après le scandaleux discours de Grenoble, le bilan de la politique de Nicolas Sarkozy vis à vis des Roms est tout simplement indigne. Cette politique est inhumaine, car les expulsions systématiques conduisent les Roms à vivre dans un climat de peur, sans cesse pourchassés, craignant à tout moment de voir leur campement détruit ou d’être renvoyés dans leur pays. Inhumaine car la destruction systématique de campements, entraînant des ruptures de scolarisation ou d’accès aux soins, est à l’opposé de toute logique de socialisation et de santé publique. Elle entraîne toujours plus de précarité et d’insalubrité.»

De sorte qu’il était permis d’espérer que l’élection, en mai 2012, d’un nouveau président issu de ce parti améliorerait la condition des populations ciblées par son prédécesseur – et ses ministres de l’Intérieur.

Électoralisme

Mais au mois de septembre 2013 - un an et demi, donc, après cette élection -, Christine Lazerges, présidente de la CNCDH, constate, dans un communiqué passé trop inaperçu, que «le changement» promis se fait attendre. Elle écrit: «Concrètement, la situation des Roms en France demeure extrêmement préoccupante et les entraves dans l’accès au droit commun perdurent». Puis d’ajouter: «Si l’on veut trouver des solutions pour les populations roms en France, il faut élaborer et mettre en œuvre une stratégie d’inclusion, étayée par des mesures concrètes. Les discriminations, les confusions et les amalgames entretenus par des postures électoralistes et opportunistes quelques mois avant les élections municipales à l’égard des populations roms doivent être combattus et sanctionnés de manière ferme par une volonté politique réelle et affirmée de lutter contre les stéréotypes et les discriminations.»

En fait de quoi: Manuel Valls et François Hollande, manifestement passés de l’ambition du changement à celle de la continuité, jugent alors, de concert (mais le second en petit comité) que «la majorité des Roms» avaient«vocation à être raccompagnée dans son pays d’origine» - puis font procéder, dans les conditions que l’on sait, à l’expulsion de la jeune Leonarda – 15 ans – vers le Kosovo.

Record

Pis: la Ligue des droits de l’Homme (LDH) vient d’établir, après enquête, que le gouvernement avait fait procéder en 2013 à un nombre record d’«évacuations forcées de campements de Roms étrangers», durant lesquelles 21.537 personnes ont été expulsées, et que «ces chiffres», qui signifient que «l’ensemble de la population rom vivant en bidonville et en squat aurait été évacuée au moins une fois en 2013» - sont «largement supérieurs à ceux des années précédentes»

Autrement dit, les socialistes au pouvoir continuent de mener la même «politique d’évacuations forcées» que leurs prédécesseurs – mais en redoublant sa brutalité: la même «politique de rejet stigmatisant les Roms comme boucs émissaires», qui, parce qu’elle est inchangée, «ouvre» aujourd’hui comme hier, explique la Ligue des droits de l’Homme, «la voie à l’expression des extrémismes et du racisme anti-Roms »

Mais François Hollande, qui l’«avait», comme le rappelle la LDH, vertement «dénoncée» lorsqu’il était dans l’opposition, estime aujourd’hui n’avoir pas à en «rougir»– c’est ce qu’il a déclaré hier au cours de sa conférence de presse -, et le PS ne la trouve plus si «indigne» ou «inhumaine» qu’il doive, pour la condamner, se fendre d’un communiqué: c’était donc cela, le changement…

 

Lire: Roms, la Halde censurée par le gouvernement

Lire: Montgolfier: «Avec les Roms, on brandit l'angoisse»

Lire: La chasse aux Roms, an III

Lire: Roms, le changement c'est lentement

 

 

mer, 15/01/2014 - 19:30

Racket, rugby et taxe carbone, la saga de Franck Barresi

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En amont le racket d'entrepreneurs parisiens liés à l'escroquerie de la taxe carbone. En aval un éventuel blanchiment via les caisses de la fédé de Rugby. Au milieu, Franck Barresi, le benjamin d'une fratrie qui hante les services de police depuis 30 ans.

 

Lever très matinal pour les limiers de l‘Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) et leurs collègues marseillais, ce mardi 14 janvier. La veille, leurs supérieurs les ont invités à se pointer sur le parking de la zone commerciale de Plan-de-Campagne, dans l'arrière pays, à 4 heures du matin. Le point de départ d'une longue ballade. Leur cible principale loge aux confins du département des Bouches-du-Rhône. Une bonne heure de route en perspective pour rejoindre leur objectif : Ventabren, lieu de villégiature d'un chef d'entreprise spécialisé dans l'import-export vers l'Espagne ou les pays de l'Est. L'homme est soupçonné d'avoir mené une vaste entreprise d'extorsion entre Paris et Marseille, rackettant notamment des entrepreneurs du quartier du Sentier, blanchissant son larcin notamment dans l'achat de billets à la Fédération française de rugby (FFR), selon La Provence.  L'une des victimes a semble-t-il porté plainte.

Selon les informations glanées par Bakchich, l'affaire s'avère un tantinet plus compliquée et rocambolesque, ne serait-ce que par le parcours et le nom du principal accusé: Franck Barresi.

Issue d'une famille de pieds noirs tunisiens installé dans les quartiers Nord de Marseille aux premiers temps de la décolonisation, le petit Franck voit le jour en 1967. Et commence avec ses frères aînés, Bernard et Jean-Luc, à se faire une petite réputation dans le milieu policier et judiciaire. L'appellation «très défavorablement connus des services de police» pour les trois frères, accusés d'extorsion de fonds, rackets ou braquage - dans la lignée du parrain d'alors, Francis Le Belge -, accompagne leurs fiches de signalisation.

 

Franck Barresi jeune (©Bakchich)

 

Croque Mitaine du Milieu 

 

Une légende est en marche quand tombent les premiers (et violents) couperets judiciaires. Franck sera le premier à être frappé. En 1992, il est condamné à 10 ans de prison pour braquage. À un procès d'assises pour une attaque de fourgon à Colmar, Bernard préfère, lui, la cavale et la clandestinité. Il ne sera arrêté qu'en 2010, sur un yacht, du côté de Golfe Juan (Alpes Maritimes). Acquitté en 2012 pour le braquage, l'homme attend son procès en appel, tout en jouant les épouvantails dans le dossier Guernica-Guérini avec une autre fratrie à la sulfureuse réputation, les Campanella.

 

Lire: L'agent Guérini loge la famille Barresi

et Le contrat qui lie le caïd à Guérini

et La maison maudite du Bandit Barresi

 

Quant à Jean-Luc, sa première condamnation ne remonte qu'aux derniers mois de 2012, dans un étrange dossier de racket, pendant devant la cour d'appel. Devenu agent de joueurs au début des années 2000, «Jean» comme l'appellent ses proches, ne renie ni son passé, ni ses frères, mais scande avoir abandonné depuis longtemps les activités aussi clandestines qu'illégales. Sans que le discours ne prenne vraiment…

En garde à vue dans les locaux de la police de Toulon, le «petit» Barresi répond depuis mardi aux questions des enquêteurs, impressionnés par le faste de sa masure de Ventabren. Mandatés par le juge marseillais Christophe Perruaux, les policiers ne sont pas qu’intrigués par son train de vie. Franck est accusé d'avoir menacé des commerçant du sentier, leur soutirant quelque menue monnaie. En fait «il a fait un prêt qui n'a pas été remboursé», glisse une source judiciaire. Une simple querelle autour des taux d'intérêt? En partie. La procédure serait en fait une incidente des multiples enquêtes autour de l'escroquerie à la taxe carbone, qui, selon les estimations, a constitué un manque à gagner d'1,6 milliards pour les caisses de l'Etat. Pour financer leurs carambouilles, de nombreux entrepreneurs du quartier du Sentier à Paris se sont rapprochés de membres réels ou supposés du milieu afin de leur proposer une opération gagnant-gagnant: l'argent du grand banditisme serait blanchi dans le marché des quotas carbone quand les escrocs se contentent de détourner la TVA. La justice a longtemps soupçonné Franck Barresi d'avoir avancé les fonds de la combine, avec des taux d'intérêts assez élevés. Las, l'emprunteur semblant avoir tardé à honorer sa part du marché, Barresi se serait retourné contre le garant du prêt. Avec suffisamment de véhémence pour que ce dernier porte plainte. Et provoque l'interpellation du plus jeune des Barresi.

 

 

 

Ces dernières semaines, deux des cerveaux présumés de l'escroquerie à la TVA carbone, réfugiés en Israël, ont été arrêtés à leur retour en France. «La police israélienne leur avait tout pris, la mafia russe locale leur courait après, sourit un diplomate israélien. Ils ont préféré se livrer en France». A sa justice plutôt qu'à son Milieu?

ven, 17/01/2014 (All day)

François Hollande, libéral depuis 1985

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Les éditocrates promeuvent ces jours-ci, avec beaucoup d’insistance, l’idée selon laquelle François Hollande viendrait seulement de révéler au monde qu’il était l’ami des marchés.

 

Cette théorie a peut-être des propriétés curatives: il est possible, par exemple, qu’elle apaise (un peu) les affres et tourments des électeurs qui, dupés en 2012 par les menteries du candidat socialiste, ont voté pour lui en croyant sincèrement qu’il était de gauche – et qui peuvent donc, s’y raccrochant, se consoler (un peu) d’avoir été si profondément refaits en se répétant que le «tournant libéral» du chef de l’État français date effectivement d’avant-hier matin, et qu’ils ne pouvaient par conséquent pas savoir, lorsqu’ils lui ont donné leurs suffrages, qu’ils s’apprêtaient à mettre dans l’Élysée un émule de feu Ronald Wilson Reagan. Mais en vérité: elle est fausse - et mensongère. Puisqu’en effet: cela fait trente ans que François Hollande tient en politique des positions – et des propos – qui témoignent d’une stricte orthodoxie capitaliste.

 

Les journalistes Sophie Coignard et Romain Gubert rappellent, dans leur nouveau livre (1), que, «lorsqu’il écrivait des billets économiques dans Le Matin de Paris à la fin des années quatre-vingt, il avouait» déjà «préférer “la social-démocratie d’après-crise“ à “l’État-providence de la prospérité“», et proclamait, ravi, dans un vibrant hommage au thatchérisme: «Le système français ne diffère plus du modèle (2) américain ou britannique.»

 

À la même époque, «en 1985», expliquent de leur côté Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (3), François Hollande «a collaboré»à un ouvrage collectif, «aujourd’hui épuisé», qui «témoigne de l’adhésion au libéralisme d’un homme politique encore très jeune».  Extrait: « Finis les rêves, enterrées les illusions, évanouies les chimères. Le réel envahit tout. Les comptes doivent forcément être équilibrés, les prélèvements obligatoires abaissés, les effectifs de police renforcés, la Défense nationale préservée, les entreprises modernisées, l’initiative libérée.»

 

Dans le moment où elle est publiée, cette prose, où l’exaltation de la concurrence libre et non faussée est donnée – par un procédé tout orwellien - comme une saine adaptation au «réel», est  tout sauf inédite: il est important de se le remémorer. Elle s’inscrit, au contraire, dans la même gigantesque campagne propagandaire où la fine fleur de l’éditocratie (dite) de gauche psalmodie, à l’unisson de Laurent Joffrin, prédicateur chez Libération, que «la vie sourd de la crise, par l’entreprise» et « par l’initiative»: le même, sédimenté dans ses manies, qualifiera vingt ans plus tard (en 2008) de «tournant réaliste» l’affichage public, par quelques personnalités socialistes, d’un «libéralisme» décomplexé (4).

 

En 1992, écrivent aussi Sophie Coignard et Romain Gubert, François Hollande devient l’animateur du club Témoin. Ce discret petit «cénacle» de «jeunes technocrates» socialistes  publie une revue – «aujourd’hui introuvable sauf à la Bibliothèque nationale» -, dans laquelle «Hollande mène» notamment cette véhémente «charge» contre la dépense publique, qu’il tient manifestement pour une toxicomanie lourde: «Le risque, avec la drogue, c’est l’accoutumance. Il en est de même pour l’endettement. À petites doses, c’est sinon raisonnable, du moins supportable. À grosses louches, le besoin n’est jamais satisfait. »

 

Au fil des ans, les engagements du futur président de la République ne varient donc que peu, et jamais il ne dévie de son cap: en 2006 encore, il rend un vibrant hommage, «dans un ouvrage opportunément titré Devoirs de vérité» (5), à quelques hautes figures de son parti - de François Mitterrand et Pierre Bérégovoy, qui ont, lorsqu’ils étaient aux affaires, « déréglementé l’économie française» et l’ont «largement ouverte à toutes les formes de concurrence», à Lionel Jospin, qui a, du temps qu’il était Premier ministre, «engagé les regroupements industriels les plus innovants, quitte à ouvrir le capital d’entreprises publiques ». Puis de conclure: «Cessons donc de revêtir des oripeaux idéologiques qui ne trompent personne.»

 

 

Le libéralisme, chez cet homme qui, en 2012, a lui-même (brièvement) revêtu, pour les besoins d’une campagne électorale, un déguisement d’«adversaire» de la «finance», n’est donc pas une nouveauté de la semaine – mais bien plutôt la ligne, très (à) droite, dont il ne s’est jamais détourné depuis trois décennies: cela est abondamment documenté, et les éditocrates qui présentent ses dernières annonces – dûment ovationnées par de larges pans de la droite et du patronat – comme une tardive conversion ne peuvent bien sûr pas ne pas le savoir.

 

Mais en répétant – mensongèrement - qu’il s’agit d’un «tournant»: ils peuvent donner l’impression que leurs incessantes exhortations à réduire la dépense publique et le coût du travail ont été de quelque effet sur des choix où ils n’ont, en réalité, nullement pesé – puisqu’aussi bien, répétons-le, François Hollande applique désormais le programme qui était déjà le sien dans les années 1980, lorsqu’il préconisait: «Les comptes doivent forcément être équilibrés, les prélèvements obligatoires abaissés, l’initiative libérée.»

 

Surtout: la reconnaissance que ce programme est de droite et que cela était de très longue date prévisible mettrait en évidence que la vraie-fausse confrontation entre le Parti socialiste et l’UMP à quoi la presse et les médias dominants réduisent depuis trente ans «la politique» est une prodigieuse escroquerie - puisqu’au fond ces deux formations sont d’accord sur tout «en matière de politique économique, financière, monétaire, commerciale, industrielle, européenne» (6).

 

Elle montrerait que, dans le monde réel, ce que les éditocrates appellent «la gauche» est une deuxième droite, qu’ils le savent fort bien, et qu’ils l’ont toujours su – mais qu’ils ont obstinément œuvré à circonscrire le «débat public» dans le périmètre sécurisé d’une dispute entre libéraux, pour mieux rejeter dans ses marges les représentants de la vraie gauche – celle qui, pour de bon, menace les intérêts de leurs propriétaires.

 

 

 

(1) La Caste cannibale. Quand le capitalisme devient fou, Albin Michel, 2014.

(2) C’est moi qui souligne.

(3) La Violence des riches. Chronique d’une immense casse sociale, La Découverte, 2013.

(4) Source: http://www.seuil.com/livre-9782021057713.htm

(5) Source: http://www.monde-diplomatique.fr/2014/01/HALIMI/49991

(6) Source: http://www.monde-diplomatique.fr/2014/01/HALIMI/49991

jeu, 16/01/2014 - 13:30

1984-2014, Orwell s’est juste trompé de 30 ans…

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Une lettre de George Orwell du 18 mai 1944, explique où il est allé puiser la source de son inspiration pour « 1984 »

La collection « George Orwell ; a life in letters » constituée par Peter Davison et éditée chez Liveright, contient un document considéré comme le point de départ de la démarche qui mènera le journaliste-chroniqueur-romancier british à son œuvre magistrale, le roman « d’anticipation » 1984 qui paraîtra le 8 juin 1949.

Il s’agit d’une réponse de Eric Arthur Blair – son vrai nom – à une lettre de l’un de ses admirateurs, un certain Noel Willmett qui l’interroge sur l’évolution politique du monde, l’issue de la guerre étant encore très indécise au moment de cet échange épistolaire.

 

« Cher Monsieur Willmett,

Grand merci pour votre lettre. Vous me demandez si le totalitarisme, le culte du héros providentiel etc. sont réellement en progression en soulignant que cela ne semble pas être le cas dans ce pays et aux USA.
Je m’autorise à répondre que je crois, ou que je crains que d’un point de vue global, ces choses gagnent du terrain. Certes, il ne fait pas de doute qu’Hitler disparaîtra bientôt. Mais seulement au prix d’un renforcement (a) de Staline, (b) des millionnaires anglo-américains et (c) de toutes sortes de petits chefs du genre de Gaulle. Partout les mouvements nationalistes, y compris ceux nés dans la résistance à la domination allemande, semblent adopter des formes non-démocratiques pour s’unifier autour d’un super-leader (Hitler, Staline, Salazar, Franco, Gandhi, de Valera en constituent de parfaits exemples) et de faire leur, la théorie selon laquelle la fin justifie les moyens. 

Partout, le mouvement mondial semble aller dans le sens d’économies centralisées qui peuvent ‘fonctionner’ de la sorte dans un sens purement économique, mais qui ne sont pas organisées démocratiquement et qui tentent d’instaurer un système de castes. S’y ajoutent les horreurs d’un nationalisme émotionnel et la propension à méconnaitre l’existence d’une réalité objective dès lors que tous les faits doivent se fondre dans les paroles et les prophéties d’un leader infaillible.

 En un sens, l’histoire a déjà cessé d’exister. i.e. rien ne ressemble plus à une histoire contemporaine qui puisse être universellement admise et les sciences exactes sont menacées au fur et à mesure que la nécessité militaire réduit les possibilités d’information. Hitler pourrait parfaitement affirmer que les juifs ont commencé la guerre, ce qui deviendra sans doute l’histoire officielle s’il survit. Il ne peut toutefois pas affirmer que 2 et 2 font 5. Ne serait-ce que, pour des raisons balistiques, 2 et 2 doivent continuer à faire 4. Mais si l’environnement mondial devient ce que je crains, un monde de deux ou trois super-états incapables de se conquérir les uns les autres, 2 et 2 pourrait bien faire 5 si le führer l’exige. Ceci, pour autant que je sois en mesure de comprendre, est la direction dans laquelle nous nous dirigeons actuellement, bien que le processus soit évidemment réversible.

Quant à l’immunité de l’Angleterre et des USA, quoi que puissent affirmer les pacifistes de tous crins, nous ne sommes pas encore totalitaires et c’est heureux. Je crois très profondément comme je l’ai expliqué dans mon livre Le Lionet laLicorne *, dans les vertus du peuple anglais et sa capacité à centraliser son économie sans pour autant détruire la liberté. 

Mais il faut tout de même se souvenir que l’Angleterre et les USA n’ont pas été véritablement mis à l’épreuve. Ils n’ont pas réellement connu la défaite ou de grandes souffrances, et il y a de mauvais signes à mettre dans la balance avec les bons. 

Les intellectuels paraissent plus perméables au totalitarisme que le reste du peuple

A commencer par l’indifférence générale envers le déclin de la démocratie. Vous rendez-vous compte par exemple que les personnes âgées de moins de 26 ans ne votent pas en Angleterre, et que, pour autant qu’on puisse s’en rendre compte, la plus grande partie de cette classe d’âge, n’en a strictement rien à faire. 

Deuxièmement il y a le fait que les intellectuels paraissent plus perméables au totalitarisme que le reste du peuple. Globalement, l’intelligentsia britannique s’est opposée à Hitler mais au prix d’un Staline en échange. La plupart de ses membres sont réceptifs à des méthodes dictatoriales, à la police secrète et la falsification de l’histoire etc…aussi longtemps qu’ils penseront que c’est pour « notre » bien. 

Bien sûr, l’affirmation selon laquelle nous n’avons pas de mouvement fasciste en Angleterre, signifie dans une large mesure qu’ils cherchent leur Fuhrer ailleurs. Personne n’est certain que ça demeurera ainsi, ni que d’ici dix ans, le peuple ne pensera pas comme les intellectuels d’aujourd’hui. Je pense que non ; j’ai même confiance dans sa capacité à dire non mais si c’est le cas, ça ne se fera pas sans combat. Si quelqu’un se borne à proclamer que tout va pour le mieux et ne met pas le doigt sur les aspects sinistres, il contribue simplement à en rendre l’issue plus probable.

Vous me demandez également, pourquoi je soutien la guerre si je pense que le monde va vers le fascisme. C’est le choix entre deux maux et je suppose que c’est le cas de toute guerre. J’en connais assez sur l’impérialisme britannique pour le détester. Mais je le soutiendrai contre le nazisme ou l’impérialisme japonais comme un moindre mal. De la même façon que je soutiendrai l’URSS contre l’Allemagne car je pense que l’URSS ne peut pas échapper à son passé et conserve assez d’idées de la révolution pour en faire un phénomène plus prometteur que l’Allemagne Nazie. Je pense et je n’ai jamais cessé de penser depuis le début de la guerre, en 1936 puis plus tard, que notre cause est la plus juste, ce que nous devons nous employer à démontrer, ce qui implique une remise en cause constante.

Sincèrement vôtre

 

Geo. Orwell   » 

 

• Ecrit en 1941 ; extrait : Au moment où j’écris, des hommes civilisés volent au-dessus de moi, tentant de me tuer. Ils ne ressentent aucune animosité contre moi en tant qu’individu, ni moi contre eux. ‘Ils font simplement leur devoir’ comme l’on dit. Je suis certain que la plupart d’entre eux ont bon cœur et respectent la loi et n’envisageraient jamais de commettre un assassinat dans leur vie privée. D’un autre côté, si l’un d’eux parvient à me mettre en pièces grâce à une bombe bien placée, ça ne l’empêchera pas de dormir. Il sert son pays qui a le pouvoir de l’absoudre….

 

Lire: Vents stellaire, tempête sur la vie privée et Patriot act, merci Edward Snowden

ven, 17/01/2014 (All day)

Noémie Lenoir, atout charme du Petit Bar

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La célèbre top model a été interrogée deux fois dans le cadre des enquêtes sur le groupe de malfaiteurs corses.

Écoutes, filatures exténuantes, réquisitions judiciaires pour obtenir des données bancaires, autorisations de sonorisation, rapport d'enquête à rédiger : le quotidien des policiers en charge de lutter contre le grand banditisme n’est pas toujours des plus riants ni des plus passionnants. Heureusement qu’arrivent parfois de petits moments de grâce au milieu des investigations. La découverte d'un lien qui fait sens, une perle dégottée au milieu de conversations enregistrées, ou simplement la promesse d'un entretien qui ravira les yeux.

Sur la piste des méfaits du Petit Bar, groupe criminel ajaccien désigné par Manuel Valls soi-même, les policiers en charge de l'enquête sur l'assassinat de Me Antoine Sollacaro ont ainsi convoqué pour une audition Noémie Lenoir. L'égérie de l'Oréal a, le 1er avril 2013 en fin d'après-midi, reçu la visite de la sous-direction de lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière à son domicile des Hauts-de-Seine. Les questions posées n'avaient rien du poisson d'avril. Trois membres du Petit Bar ont été arrêtés, 2 seront mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de commettre un homicide, le 3e pour complicité.

Lire: L'Intérieur trinque à la santé du Petit Bar et Grand banditisme le Petit Bar craint une nouelle tournée

Si Noémie Lenoir a expliqué tout ignorer des activités du Petit Bar, elle a consenti à expliquer qu'elle connaissait certains de ses membres, que ce soit Pascal Porri, à qui elle a envoyé une photo dédicacée en détention, ou surtout Jacques Santoni, leader présumé de la bande. «Je faisais un shooting photo en Corse et alors que je déjeunais au restaurant Jacques m'avait abordée. Il avait laissé son numéro à l'accueil du resto et après nous nous sommes parlé. Il parlait beaucoup, moi aussi. Le contact est bien passé», détaille l'ancienne compagne du joueur de foot Claude Makélélé. « ll a une vie d'handicapé qui l'empêche de faire beaucoup de chose. Je crois qu'il vit d'une assurance suite à son accident.»

Naïve entremetteuse

Condamné dans plusieurs affaires de racket et d'extorsion depuis le début des années 2000, Santoni a effectivement été victime d'un accident de moto en 2003. Il est si gravement handicapé depuis, que tous les experts judiciaires mandatés ont conclu à l'impossibilité de mesures d'incarcération, au grand dam des juges et hauts flics qui l'ont baptisé le «parrainlytique». « Il ne m'a jamais raconté ce qu'il faisait», assure Lenoir à l'enquêteur qui n'insiste pas en ce mois d'avril étouffant. 

6 mois plus tard, l'ambiance autour du groupe ajaccien est tout aussi tendue. Un vaste coup de filet amène à l'arrestation de Jacque Santoni pour extorsion et blanchiment. Et les policiers de recueillir à nouveau la déposition de Noémie Lenoir le 2 octobre, un peu plus gênante pour la gracile mannequin.

Lire: La Justice au comptoir du Petit Bar

Les policiers suspectent en effet le groupe criminel d'avoir cherché à blanchir l'argent de leurs méfaits supposés en prenant contact avec un ancien de l'escroquerie à la TVA carbone, Grégory Zaoui. Comme l'avait raconté Bakchich, les flics aux aguets ont même assisté à une réunion, tenue en février 2013, au bar du Georges V. Sont présents non seulement Zahoui, qui mène la conversation, mais également sa compagne et Mickael Ettori, intime de Santoni. Selon les rapports de surveillance que Bakchich a pu consulter, Zaoui commence par se vanter de sa participation à des braquages avec des Corses, propose une architecture pour blanchir des fonds avant d'exposer les marges de retour sur investissement à Ettori... qui cause peu si ce n'est pour évoquer le rôle de parrain de Jacques Santoni, ou le système de fonctionnement des cercles de jeux parisiens.

Au Georges V, carbone et blanchiment à la carte

Etonnamment, Zaoui, qui lors de sa garde-à-vue finit par concéder avoir   proposer une solution au Petit Bar pour blanchir ses fonds, est ressorti libre et sans aucune mesure judiciaire de son interrogatoire. Même sort pour sa compagne Chirelle Tibi, gérant de la société Perle de Noa, libre de ses mouvements quand elle a organisé le rendez vous et a surtout fourni du travail à un membre de la bande. Voulant bénéficier d'une libération conditionnelle en 2012, Pascal Porri a pu faire valoir une promesse d'embauche comme livreur pour la boutique de bijoux fantaisie de Chirelle Tibi… un emploi que la justice soupçonne si fort d'être fictif qu'elle a ouvert une procédure pour escroquerie au jugement; un emploi surtout obtenu grâce à Noémie Lenoir.

La belle connaît très bien Chirelle Tibi. Marraine de sa fille, elle a même pris la pause pour la marque de son amie. Et quand Jacques Santoni lui a demandé si elle avait une idée de travail pour aider un ami en prison, elle a tout simplement présenté son amie à son ami. Une intervention ingénue. «Je ne le vois pas me mettre dans l'embarras», a-t-elle assuré aux policiers. Raté...

 
lun, 20/01/2014 - 00:15

Kim Dotcom se lance en politique

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Le fondateur déchu de MegaUpload ne se laisse pas abattre. Il lance son parti politique qui compte obtenir 5% des voix aux élections de cette année…

Kim Schmitz a.k.a. Kim Dotcom ne se laisse pas abattre. Le FBI qui se bat  pour obtenir son extradition de Nouvelle Zélande en sait quelque chose. Initialement prévue pour avril, son audition pour piratage internet de masse et celle de ses compères Finn Batato, Bram Van Der Kolk et Mathias Ortmann devant un tribunal américain est maintenant prévue pour juillet 2014 dans le meilleur des cas. Il faut dire que Dotcom a de la suite dans les idées…

Lire: La revanche posthume de Megaupload

Depuis le raid conjoint de la police néo-zélandaise et d’agents du FBI sur son pied à terre de Coatsville Mansion et la saisie d’environ 80 millions de dollars de biens lui appartenant il y a deux ans, Dotcom a multiplié les contre-attaques. Judiciaires d’abord contre la police néo-zélandaises et une entreprise locale d’intelligence économique qu’il assigne pour espionnage, et depuis peu, politiques comme l’indiquait un de ses tweets de samedi 11 janvier (« Préparez-vous aux coups bas et aux calomnies contre moi et mon parti politique. Mes adversaires sont inquiets. Ils ont bien raison. Nous ferons plus de 5% - Kim Dotcom (@KimDotcom) »)

Il vient en effet d’annoncer officiellement le lancement de « son » parti dénommé « Le Parti de l’Internet » avec lequel il compte bien obtenir 5% des suffrages aux élections législatives de cette année en concentrant le tir sur 3 ou 4 circonscriptions clés dont Upper Harbour et Auckland Central qui connaissent la plus importante concentration de geeks du pays.

Double anniversaire

C’est lundi 13 janvier que le trublion de l’Internet a officiellement lancé la campagne d’adhésion au Parti de l’Internet avec l’ouverture du site et le lancement d’une application pour téléphones portables. Le logo est tout aussi charmant que son concepteur : nom en caractères blancs sobres dans une bulle de bande dessinée mauve du meilleur goût. Il a d'ailleurs prévu une fête d'inauguration orgiaque le 20 janvier.  La date n’a pas été choisie au hasard. C’est la veille de son 40ème anniversaire, et le deuxième anniversaire du raid lancé contre lui par les autorités. A l’ordre du jour, outre une soirée mémorable, le lancement officiel « du site du parti avec des informations sur notre vision et nos candidats » et la présentation de son dernier album «Good Times ».

Légalement, un parti politique n’est reconnu comme tel en Nouvelle Zélande que lorsqu’il compte 500 adhérents à jour de leurs cotisations. Dotcom, qui ne possède pas la nationalité Néo-Zélandaise, ne peut se présenter aux élections. Il a fait savoir que son rôle se bornerait à la création du parti et à son financement. Avant d’ajouter : « nous allons rendre la politique excitante. Mon parti va faire bouger les abstentionnistes, les jeunes, l’électorat Internet…»

Bryce Edwards, commentateur politique et maître de conférences à l’Université d’Otago a d’abord souligné que quelle que soit la notoriété de son fondateur, le Parti de l’Internet est encore loin de faire son entrée au parlement. Au vu du buzz suscité par l’évènement du 20 janvier, l’universitaire a un peu changé son fusil d’épaule (« En fonction de l’efficacité avec laquelle il caressera les fantasmes de certains électeurs, des abstentionnistes les plus radicaux, des marginaux et de l’électorat ayant perdu toute illusion, le méga parti pourrait bien avoir un énorme impact sur la formation du prochain gouvernement »)

Grand seigneur, Dotcom a mis à disposition de ses fans 2000 tickets d’entrées gratuites pour l’évènement initialement prévu dans le Shed 10, le célèbre entrepôt de Queens Wharf construit en 1910 près du terminal des ferries dans le port d’Auckland, qui peut accueillir 3 000 personnes. Les tickets sont partis en quelques minutes et il a reçu plus de 20 000 demandes. Il s’est donc rabattu en urgence sur la Vector Arena d’une capacité équivalente.

50 millions de clients

IL est vrai que MegaUpload est encore dans toutes les mémoires. Au moment de sa fermeture par le gouvernement américain en 2012, le site de partages de fichiers revendiquait 50 millions de clients par jour dans le monde. Mega, qui lui a succédé, est loin de connaître le même succès. Pour l’instant les autorités locales adoptent officiellement une attitude de mépris courtois envers la nouvelle aventure du Notorious K.I.M. Tout en surveillant de très près l’avancement du projet. Déjà on entend dire que le parti pourrait être lourdement sanctionné au cas où il maintiendrait son intention d’offrir gratuitement une connexion Wi-Fi à ses adhérents.

Dotcom semble imperturbable. Et conforté par le dernier sondage Herald-Digipoll qui vient d’interroger un échantillon représentatif de la population néo-zélandaise sur la personnalité en laquelle les sondés auraient le plus confiance pour nourrir leur animal de compagnie en leur absence, et qui le place en tête avec 32,3% des réponses devant un certain nombre de personnalités politiques et des artistes de renom...

Etrangement, sa mère Anneli Miettinen, une finlandaise qui vit en Allemagne, vient de faire l’objet d’une perquisition qui s’est soldé par la confiscation de la Mercédès que venait de lui offrir son fiston. Une forme d’invitation à renoncer à son projet ?

 

 

 

lun, 20/01/2014 (All day)

Quand des cadres de La Poste veulent «euthanasier» un salarié

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Un postier dit son «mal-être»: dans leurs échanges de courriels, ses chefs hésitent, pour le «libérer», entre «l’euthanasie douce» et «l’euthanasie violente»

 

 

Au mois de novembre dernier, un employé d’un bureau de poste du sud-est de la France dont la direction prépare une «réorganisation» se présente sur son lieu de travail «en état d’ébriété». C’est la seconde fois que cela se produit: quelques temps auparavant, les mêmes faits lui ont déjà été reprochés. Interrogé dans le cadre d’une enquête administrative, le postier explique qu’il souffre d’un profond «mal-être».

 

Cette détresse n’est guère étonnante: de nombreux observateurs s’accordent à considérer que les incessantes réorganisations auxquelles La Poste soumet son personnel depuis le début des années 2000 - au nom de l’amélioration de sa compétitivité – ont «des conséquences importantes sur les conditions de travail de ses salariés», et génèrent, dans certains cas, une souffrance au travail qui produit parfois de terribles drames (1). C’est même ce qui a motivé, en 2012, le lancement, par la direction du groupe, après que plusieurs postiers s’étaient donné la mort, d’un «Grand Dialogue» durant lequel ces restructurations ont été brièvement suspendues, et au terme de quoi l’annonce a été faite, en même temps qu’elles reprenaient – sur un rythme toujours très soutenu -, que l’entreprise serait désormais plus attentive au bien-être de ses employés.

 

Mais dans le cas dont il est ici question, les supérieurs hiérarchiques du salarié incriminé semblent s’être quelque peu affranchis de ce devoir de prévenance: c’est du moins ce qui ressort de l’échange de mails où ils s’interrogent, après qu’il leur a fait part de sa fragilité, sur le degré de sévérité de la punition qui doit lui être infligée.

 

Le 21 novembre – à 17 heures 39 –, la responsable des ressources humaines du bureau où travaille ce postier écrit, dans un courriel adressé à son directeur, avec copie au responsable de la production et au directeur territorial des ressources humaines: «Il convient désormais de cranter la sanction que tu souhaites lui infliger. Cela peut aller de l’exclusion temporaire au licenciement.»

 

Quelques heures plus tard, le responsable de la production répond: «Libérons-le de son mal-être, la réorganisation n’en sera que plus facile, proposez-lui une rupture conventionnelle, ça coûtera moins cher et ça ira plus vite qu’un licenciement.» Cette proposition, où la souffrance d’un salarié doit donc être soulagée par son licenciement, est, par elle-même, intéressante – pour ce qu’elle révèle, au-delà des discours officiels de la direction de La Poste sur son constant souci d’améliorer la «qualité de vie au travail» de ses agents, de l’état d’esprit de certaines de ses chefferies intermédiaires (2).

 

Mais la suite est plus édifiante encore, puisque le responsable de la production écrit, dans un mail daté du lendemain – vendredi 22 novembre, à 9 heures 55 -, que le directeur territorial des ressources humaines «préfère l’euthanasie douce». Ce que lisant, l’intéressé précise son point de vue, qui est, écrit-il, que l’euthanasie douce « ne coûte pas forcément moins cher, mais» que«c’est plus rapide et moins conflictuel », écrit-il. Puis d’ajouter, «juste pour info», qu’il «en» a «parlé» avec un collègue, «qui est plutôt dans l’euthanasie violente, donc ok pour procédure de licenciement ». Puis de conclure: «Pourquoi pas une rupture. Mais attention, j’ai un délai pour la procédure disciplinaire, (et si le salarié) temporise puis, finalement, ne demande pas la rupture conventionnelle, on ne pourra pas non plus le licencier. Et inversement, je ne peux plus discuter d’une rupture si la procédure est entamée…»

 

L’Express a récemment relevé que La Poste n'avait «pas encore trouvé de successeur à son directeur de la communication parti cet automne», et que l’entreprise «cherche à recruter à l'extérieur une femme rompue à la conduite du changement et à la gestion de situations difficiles»: il faudra, notamment, qu’elle sache expliquer, deux ans après le «Grand Dialogue», le surprenant vocabulaire dont usent toujours certaines chefferies locales... 

 

 

(1) Source: Poste stressante. Une entreprise en souffrance.

(2) En 2010, un directeur parisien de La Poste avait expliqué, dans un mail – déjà – adressé à certains de ses collaborateurs, qu’il entendait ouvrir «la chasse» aux mauvais vendeurs, «jusqu'à épuisement (rapide) des espèces qui» n’étaient«pas protégées»...

lun, 20/01/2014 - 12:15

CROISSANT ET GOUPILLON

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Une fois de plus, la religion vient foutre le souk dans la vie politique. En fait rien de nouveau : c’est seulement de pire en pire…

On évoque souvent, comme symptôme du flirt entre une partie de l’UMP et le Front dit National, les complaisances sur le discours sécuritaire, les accointances sur l’immigration, et ce fond de racisme dit franchouillard qui serait une sorte de garantie de notre « identité ».  Il faut y rajouter, à l’évidence, l’archaïsme éthique et politique dérivé en droite ligne de la droite des sacristies et des bénitiers, qui veut toujours sauver la France au nom du Sacré-Cœur, interdire le port du préservatif aux prêtres pédophiles blancs et bien élevés, et rétablir le plat de poisson le vendredi dans nos cantines païennes.

Les persécutés, combien de divisions ?

Par moment, on a envie de rappeler avec un haut-parleur ce que c’est qu’un pays laïque, et de quelle nature est la liberté qu’il garantit. Tu es chrétienne, tu te fais engrosser par péché ou par inadvertance, tu veux garder ton bébé, c’est ok : personne ne te force à avorter. Tu es musulman ou juif, tu ne veux pas manger de cochon, personne ne te gave de force de jambon ou de côtes de porc. Tu estimes vachement important de couper le prépuce d’un nouveau né, on est assez cons pour te laisser le mutiler. Tu es athée, personne ne te force à déclarer une religion sur ta carte d’identité ni à te reposer le dimanche, ou le vendredi, ou le samedi, selon ton aliénation. La liberté laïque, cela consiste à n’obliger personne à subir les rites d’une religionquelconque et à empêcher que des pratiques religieuses viennent parasiter la vie de ceux qui n’en ont pas.  Sur le papier, c’est l’idéal. Hélas, nous avons vu, depuis des années, monter une inondation de revendications bondieusardes, au nom des religions du Club du Livre. Et un concert de lamentations pour les appuyer : on ne nous aime pas, nous, les croyants à burka et à chapelet, on réprime nos exhibitions, on bafoue nos principes, on bédole sur notre calendrier, et en plus on voudrait que nos femmes et nos filles ne puissent pas s’envoyer en l’air avec qui leur chante. Faut reconnaître que, dans ce trio, les fils d’Israël, les seuls au demeurant qui ont eu des morts et même des enfants morts ces dernières années, sont les moins agités et font preuve d’un bel œcuménisme républicain : l’antisémitisme, ils ont, hélas, l’habitude, même si maintenant il trouve un second souffle dans le Coran new style et le négationnisme des humoristes les plus raffinés. Mais l’activisme sévit sur les deux autres fronts de polémiques : après l’islamophobie, v’là la christianophobie , et après le foulard, voilà l’avortement.

Lire: Feu d'artifice chez les anti-IVG

En un mot comme en cent, les religieux veulent faire la loi, au propre comme au figuré. En témoigne cet amendement déposé par la crème des réactionnaires de l’UMP, qui emmerdent en premier lieu leurs copains, déjà bien fatigués par leur zèle de débiles profonds lors des séances parlementaires interminables d’examen du mariage gay. Sous la bannière du lécheur de « bonnets rouges » Le Fur, du député de la Manche Gosselin, célèbre surtout pour être venu en tongs à l’Assemblée après la qualification miraculeuse des Bleus, et du président d’un fantôme nommé « parti chrétien-démocrate » (la pompe à subventions de Christine Boutin), ce trio de réactionnaires demande carrément, à l’occasion du débat parlementaire sur l’égalité homme-femme, le déremboursement de l’IVG. Bel écho au programme de Marine et de sa nièce, qui applaudit de ses deux petites menottes de marionnette. Afin, sans doute, que le mâle chrétien-démocrate-frontiste puisse balancer ses spermatozoïdes sans risquer qu’une femelle aille lâchement se débarrasser du cadeau aux frais du contribuable, alors que de tout temps, la morale voulait que quand le baron ou le bourgeois engrossait la bonne, il lui donnait cent sous pour élever le marmot ou le donner aux cochons après extraction à l’aiguille à tricoter. Et si c’était l’héritière de la particule ou de la rente, elle allait en Suisse, dans une clinique très propre avec des rideaux à fleurs et la vue sur les Alpes. Pour les salopards, la Suisse a toujours offert des solutions charmantes.

Lire: Le nouveau visage des associations anti-avortement

Derby mémoriel

En 1968, on appelait « réactionnaire » quiconque ne lançait pas des pavés. On aurait dû dire : « conservateur », puisqu’au bout de la tempête, on s’est retrouvé au point de départ, à patauger dans la mare gaulliste, à quelques détails près : les accords de Grenelle, et l’idée que les femmes comptaient. Comme quoi une révélation réussie peut sortir d’une révolution loupée. Dans les années qui ont suivi, le lent délitement des syndicats peut en partie s’expliquer par leur conservatisme idéologique, vissés qu’ils étaient sur Renault-Billancourt et les lampes de mineurs alors que se généralisait une « nouvelle classe ouvrière » tertiarisée et bureautisée, qui avait quitté le bleu de travail pour la cravate et bientôt l’ordinateur. On a toujours tort de regarder l’avenir dans le rétroviseur. Pas certain qu’aujourd’hui la totalité des politiques et des syndicalistes aient pigé ce principe. A droite comme à gauche, les aggiornamenti sont pénibles, mais il faut reconnaître que, des deux côtés, à partir des années 80, l’évolution s’est accélérée. Dans l’ensemble, la droite d’aujourd’hui n’est ni réactionnaire, ni conservatrice, et la gauche non plus – mais pas moins : les uns et les autres clament haut et fort qu’ils sont réformistes. Toutefois, sur la marge gauches du PS et droite de l’UMP, les couacs se multiplient, toujours au nom d’une sorte d’orthodoxie historique, qui déguise mal l’attrait exercé par des voisins forts en gueule. C’est en effet sur les extrêmes des deux bords qu’on affiche son conservatisme idéologique et qu’on déguise mal ses pulsions réactionnaires : le néo-poujadisme actuel, mélange de rébellion gauchiste et  de populisme fasciste,  s’en nourrit.

Lire: Elites

Dans ce contexte, l’indulgence pour les conservatismes religieux trouve ici et là des soutiens qui n’ont rien de surprenant. Parce que l’islam, sociologiquement, est la religion des immigrés, donc d’un prolétariat exploité, la gauche extrême dénonce l’islamophobie (avec plus ou moins de conviction). Parce que le christianisme catholique est, historiquement, une des sources majeures de l’extrême droite en France, via les fantômes du royalisme et toute la filière pétainiste, Le Pen prend soin de cultiver les fleurs de lys et les crucifix sur ses bannières de fête, de toute façon moins mauvais genre que les croix gammées. Electoralement, cela veut dire que le Front de Gauche et le NPA veulent gagner des voix dans les « quartiers », et le FN, entre Saint-François-Xavier et Passy. Donc, les gauchistes pourfendent l’islamophobie en oubliant Al Qaïda et le 11 septembre, et les frontistes célèbrent Jeanne d’Arc en oubliant l’Inquisition et le Sacré-Cœur des pétainistes. C’est un véritable derby des mémoires courtes… 

Le massacre des innocents

Le fond de l’affaire, c’est que les religions, aujourd’hui comme hier, ne sont pas un opium (la morphine, ça soulage), mais un poison. C’est vrai à l’échelle planétaire : je ne me lasserai pas de le répéter, trouvez-moi, sur le globe, une guerre qui ne soit pas une guerre de religion. Même en Afrique, les conflits tribaux traditionnels prennent désormais, suite à la progression de l’Islam, des tonalités de chocs entre communautés confessionnelles. On s’entretue entre chrétiens et musulmans à Bangui, le tout sur fond de misère générale et de bordel politique. Pour se faire valoir, les revendications des Touaregs ont dû temporairement adopter le drapeau noir des djihadistes, alors que ce n’est pas le débat. Au sein même des mouvements djihadistes, on a vu se dessiner des degrés dans la radicalité, ce qui est un phénomène historiquement vérifié de longue date : les fanatismes sont voués à connaître des compétitions internes d’extrémisme doctrinal, qui, bien évidemment, ne font que recouvrir des compétitions de pouvoir. Pour ces conneries, combien de millions de morts depuis vingt ans ? Maintenant, on envoie des minots de quinze ans se béatifier en tuant et en se faisant tuer au nom d’Allah. Et vous voudriez que je respecte votre religion, monsieur ? Où s’arrête et où commence la complicité, dans ce massacre ? 

 

Mais tout en étant, actuellement, le volcan le plus éruptif et le plus meurtrier, l’islam n’a pas l’exclusivité de ces postures : les néo-quakers ultra-puritains du Tea Party seraient capables de déclencher une troisième guerre mondiale contre n’importe qui, s’ils n’étaient pas manœuvrés par des filous de Républicains en grand appétit de reconquête électorale. En France, les pitreries des intégristes cathos n’ont même pas donné assez d’oxygène à l’UMP pour lui permettre de rebondir – il est vrai que désormais, on trouve des églises à vendre sur les sites d’agences immobilières, Jésus risque de devoir se mettre au camping, c’est la faute à Bricorama qui ouvre à l’heure de la messe. Et l’extrémisme du « parti religieux » en Israël est le parfait alibi pour les investissements immobiliers du Likoud en Palestine, où l’extrémisme islamique colore chaque fois que nécessaire la politique clanique du Fatah. Si bien qu’au bout du bout, l’extrémisme du Hezbollah chiite (littéralement : « parti de Dieu ») se trouve dépassé en religiosité, au Liban et en Syrie, par les hyper-fanas djihadistes, et contraint de soutenir le fils du fondateur d’une Syrie laïque qui, hier encore, refusait catégoriquement d’appliquer la charia…

Lire: Elections israéliennes, l'Extrême droite arbitre des élégances

Dans ce grand merdier, il est grand temps de taper sur la table et de renvoyer les uns et les autres à ce que notre Président disait de ses affaires de bonnes femmes: la religion, c’est du domaine privé.A chacun de gérer sa barque, et tant pis s’il faut faire des choix. Parce que la religion, c’est le bon prétexte pour ne pas oser choisir librement sa vie. Tu ne veux pas qu’on te diabolise dans une société de mécréants habillés par H&M ? Alors tu ne te déguises pas en meuf yéménite ou saoudienne pour aller à Carrefour en Scénic (là-bas, les femmes rêvent de pouvoir porter des jeans et conduire l’auto). Et si ton mec t’oblige à te fourrer dans un sac à viande, cousine, tu te casses de l’appart ou tu appelles Ni putes ni soumises. Et toi, la Marie-Chantal qui croit au péché (veinarde ! ça stimule, hein ?), tu avortes, tu n’avortes pas, c’est à ton idée. Et si tu avortes et que tu ne veux pas que le contribuable paie, tu vas dans une clinique privée et tu n‘envoies pas la feuille de maladie. Au pire, tu rends ta Carte Vitale. On a suffisamment d’emmerdes comme ça sur le chantier pour ne pas devoir supporter encore une fois les singeries de la Manif pour tous. Surtout maintenant qu’on n’a plus Frigide Barjot pour nous distraire et que Dieudonné s’en est pris plein la quenelle pour avoir démontré que les beaufs existent spontanément, dans toutes les couleurs, dans toutes les religions, il n’y a pas besoin de faire des manifs pour le prouver. 

 

 

Jacques GAILLARD

 

 

mar, 21/01/2014 - 00:15

François Forestier : une vie à écrire

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Meilleur critique de cinéma, François Forestier est l’auteur d’une centaine de livres. Rencontre à l’occasion de la publication d’un livre éblouissant qui se dévore comme un thriller, JFK Le Dernier jour.

A Noël, je me suis fait un cadeau : j’ai réalisé une de interview de mon idole, François Forestier. Meilleur critique de cinéma de l’hexagone, Forestier, 66 ans, écrit depuis 21 ans dans Le Nouvel observateur des articles incisifs, drôles et passionnants, et signe les interviews les plus intelligentes, les plus fouillées de stars ou de réalisateurs. Journaliste, François Forestier est également un très bon écrivain qui publie régulièrement des biographies ou des romans dont on tourne les pages jusqu’à quatre heures du mat. Après une bio hallucinante de Marlon Brando (Un si beau monstre), d’autres sur Howard Hughes ou la liaison Kennedy/Marilyn, François Forestier vient de publier un thriller frénétique basé sur les 24 dernières heures de Kennedy, JFK Le Dernier jour (Albin Michel), un livre qui vous happe dès les premières lignes, qui vous agrippe les tripes jusqu’à l’épilogue et vous fait revivre la journée du 22 novembre 1963, une journée hantée par la mort et peuplée de monstres, d’obsédés, de néo-nazis, de maffieux, de Cubains et de dingues. Une merveille…

 

Il y a déjà environ 2 000 livres sur John Fitzgerald Kennedy. Vous en avez déjà commis un il y a quelques années, alors pourquoi ce JFK, Le Dernier jour ?

François Forestier : J’en ai lu beaucoup, ils sont tous emmerdants. J’ai même un mur entier de livre sur les Kennedy ! En France, dans le domaine des « documents », on ne tient pas compte de la qualité littéraire, alors qu’aux USA, il y a des écrivains comme Truman Capote qui en ont écrits. Mon ambition, c’est d’écrire des œuvres véritablement littéraires. L’important dans JFK, Le Dernier jour, ce n’est pas tant ce que je révèle, même si je révèle certaines choses. Le plus important, c’est la narration, le style, la présentation d’un univers qui est le mien. Je veux créer des livres dont on tourne les pages, donner du rythme, susciter l’émotion. Le plus important, c’est le rythme. Cela manque dans les livres français. La cadence des événements, de la phrase, c’est un peu mystérieux ; il faut quelque chose qui vous entraîne à la page suivante. 

 

Vous ne dîtes pas clairement qui a tué JFK, mais j’ai quand même été stupéfait par vos arguments.

F. F. : En lisant tous ces livres sur Kennedy, je me suis forgé une conviction. Je suis allé voir plusieurs balisticiens ; c’est le seul point pour lequel j’ai consulté des spécialistes. Cela a confirmé ce que je pensais et nous avons regardé le film de l’assassinat image par image. L’idée qu’il y ait un seul tireur, avec son flingue pourri, leur semble ridicule. Et j’ai raconté le tout comme un polar, ce qui n’avait jamais été fait auparavant. 

 

Le niveau de détails est hallucinant. Vous décrivez jusqu’à la cuisine de la logeuse de Lee Harvey Oswald. Comment avez-vous travaillé ?

F. F. : J’ai épluché les documents. Vous savez, ma méthode de travail est toute simple. Je lis TOUT ce qu’il y a sur le sujet, ou presque, je note tout ce qui m’intéresse, à même le livre. Avec une secrétaire, je passe ensuite 15 jours à extraire ces notes, puis je les classe par thème et je passe à la rédaction. 

Lyndon Johnson exhibait constamment son sexe qu’il appelait « Jumbo »

 

L’idée de concentrer l’action sur 24 heures vous est venue suite à la série avec Kiefer Sutherland ?

F. F. : Non. Je discutais avec mon éditeur. On jonglait avec les idées et c’est venu sur le tapis. Un  journaliste avait déjà publié un livre sur les 24 dernières heures de Kennedy, mais il a écrit son bouquin en 1964, juste après l’assassinat, et à l’époque Kennedy était un saint. 

 

Alors que chez vous, il n’y a pas beaucoup de saints. Votre livre est peuplé de dégénérés, de dingues, de nazis, de monstres.

F. F. : Je n’écris bien que sur les monstres. Brando était un monstre, un grand acteur et un monstre. Dallas à l’époque était un endroit de fous en 63. Mais j’ai l’impression que c’est encore pire maintenant avec la droite américaine…

 

Vous avez bien arrangé le vice-président, Lyndon B. Johnson.

F. F. : Je n’invente rien. J’ai lu les livres de son psychiatre et de son garde du corps. Il était incapable, alcoolique, dingo, violent, menteur, corrompu, il exhibait constamment son sexe qu’il appelait « Jumbo ». Il aurait dû être interné. S’il n’avait pas été tué, JFK l’aurait viré. 

 

Le père de JFK est une ordure totale.

F. F. : Il voulait le pouvoir, le pognon, il était pro-nazi, c’était un truand. Rose Kennedy était atroce, d’une avarice sordide, elle mettait des marques sur les bouteilles de Coca pour surveiller que les domestiques n’en boivent pas… Mais vous savez, nous pouvons tous devenir des monstres. Nous sommes humains dans notre monstruosité. 

« J’ECRIS DIX LIVRES PAR AN »

Parlons un peu de style.

F. F. : J’écris depuis 60 ans. Au lycée, j’écrivais mes dissertations en heure au lieu de quatre. Le français n’est pas ma langue, je suis Polonais, j’ai donc appris le français avec beaucoup d’appétit. Très jeune, je me suis passionné pour la Série noire. Je me suis tout tapé : Carter Brown, James Hadley Chase, absolument tout, et un jour, je suis tombé sur Raymond Chandler. J’ai tout appris avec les polars : le style, l’histoire, le rythme. La littérature mainstrean ne m’intéresse pas du tout. J’aime les polars, les curiosités, les choses un peu décalées, les livres sur Paris… Je viens de recevoir les œuvres complètes d’Alexandre Dumas, j’en ai pour deux ans ! Le paradis, c’est de vivre dans une bibliothèque. 

 

Il y a une figure de style que vous aimez beaucoup, c’est l’énumération.

F. F. : J’adore cela. C’est un tic. Surtout les énumérations incongrues. Quand j’étais jeune journaliste, je cherchais mon style. L’une des règles du journalisme, c’est de voler les choses. Comme je n’avais aucun bagage, presque pas de famille, rien, personne pour me guider, je n’ai jamais été satisfait, comme aujourd’hui. Très rapidement, j’ai commencé à voler, même chez des auteurs médiocres. J’ai volé chez René Fallet et un jour je suis tombé sur Alexandre Vialatte. Il a écrit une trentaine de bouquins. Il m’a beaucoup inspiré mais j’ai réussi ensuite à me débarrasser de certains de ses tics. On ne peut rien voler chez Stendhal, ni chez Flaubert, mais on peut voler chez les auteurs plus proches que nous. Donc je cambriole…

 

Vous êtes également « nègre ».

F. F. : J’ai écrit une centaine de livres. En tant que nègre, j’ai écrit des mémoires de militaires, de sportifs, d’acteurs, de gangsters, de flics de politiques, un curé excommunié… J’ai également écrit des romans pour d’autres. 

Vous êtes un mercenaire, vous acceptez tout ?

F. F. : Totalement ! Dix par an ! Même des trucs pas du tout intéressants. C’est pas compliqué… Y a du boulot, tout le monde veut écrire un livre maintenant ! 

« C’est peut-être le cinéma qui s’éloigne un peu de moi »

 

Parlons cinéma. Que pensez-vous de la critique actuelle ?

F. F. : Elle n’existe plus. Il y a entre 20 et 30 films qui sortent chaque semaine. Des films d’inconnus, qui font un film ou deux et qui disparaissent. En plus, le ciné se consomme sur votre tablette, sur votre télé. La critique n’a plus aucune influence. La critique n’est plus prescriptrice et elle ne donne plus d’assise historique. La critique a été remplacée par les interviews. Avant, on ne faisait pas d’interviews si le film était raté. Si le film était exceptionnel, on faisait une interview, c’était la règle. Maintenant, même si le film est une merde, on fait l’interview. C’était le cas pour le dernier Spielberg. Son interview est plus intéressante que son film. Je pense que les critiques n’ont plus la culture nécessaire : combien d’entre eux ont vu un film muet ? Les Inrocks se noient dans un crypto-langage et la branlette. En plus, ils ont un côté ayatollah insupportable et pas d’humour. Quand je lis un article de Didier Péron dans Libé, je me régale tellement c’est abscons. C’est hallucinant, on ne comprend pas ce qu’il veut dire. Je suis peut-être un peu vieux con… Ou alors c’est le cinéma qui s’éloigne un peu de moi. Il n’y a plus de signature de critiques, mais peut-être aussi parce qu’il n’y a plus de signature de cinéastes…

 

Pourquoi vos interviews sont-elles aussi passionnantes ?

F. F. : Je les connais tous depuis 30 ans, j’ai tout lu sur eux, j’ai vu tous leurs films, j’ai même bouffé avec certains. J’ai rencontré Woody Allen à l’époque d’Annie Hall et à chaque fois que l’on se voit, c’est avec plaisir. La discussion n’est pas plus profonde, mais je ne suis pas impressionné. Quand les mecs disent des conneries, je les arrête. Je suis bilingue, ça aide. J’ai appris l’anglais à la Cinémathèque. Je viens de faire Scorsese, je le connais depuis New York New York. A l’époque, à Paris, il dormait avec un Magnum sous son oreiller. Quand nous nous sommes revus, on s’est marrés comme des malades. Je casse la promo, je pose une ou deux questions sur le film, puis je passe aux choses sérieuses. J’aime bien demander ce que faisaient les parents de la personne que j’interviewe, son origine sociale. C’est impossible à faire avec Tom Cruise qui ne veut pas sortir des rails de la promo. Et c’est un bonheur avec George Clooney qui aborde tous les sujets. 

 

C’était vous Paul Grave dans Starfix ?

F. F. : Peut-être. J’ai eu une centaine de pseudos dans la presse. Mon premier, c’était Agathe Zeblues ! Comme j’étais sous contrat avec L’Express, j’avais besoin de pseudos. 

 

Et cette interview de Billy Wilder ?

F. F. : Je l’ai interviewé deux fois. Wilder n’était pas drôle du tout en interview. Dans sa dernière interview, il n’était plus très cohérent. Il vivait entouré d’œuvres d’art. Très vite, il avait consacré 10% de ses gains à l’achat d’œuvres d’art et il avait un hangar pour ses toiles et un hangar pour ses meubles.  Quand il venait à Paris, il n’avait qu’une seule idée : se faire sucer par des putes. Il appelait les attachés de presse et demandait ses prostituées préférées. Et les attachées de presse s’exécutaient.

 

Rassurez-moi, cela ne se passe plus ainsi bien sûr ?

(Nous explosons de rire)

F. F. : Vous rigolez ? Il y a certaines vedettes américaines qui… (rires

 

LIENS

 

JFK Le Dernier jour

 

 

Interview Martin Scorsese sur Le Loup de Wall Street

 

 

Interview Robert Redford pour All is lost

 
mer, 22/01/2014 (All day)

Google : la curiosité est un vilain défaut

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Un juge british dénonce la collecte par Google des informations recherchées par ses utilisateurs, à leur insu et sans leur consentement…et assure que les cours britanniques sont compétentes pour sanctionner le géant du Net.

Un jugement qui fera date à n’en point douter. L’Honorable juge Tugendhat qui officie à la Queen’s Bench Division de la Haute Cour de Justice (affaire n° HQ13X03128) vient de rendre ce 16 janvier un jugement qui a du faire passer un frisson dans le dos des grosses têtes du célèbre moteur de recherche. Judith Vital-Hall, éditrice indépendante, Robert Hann, directeur d’une boite de sécurité informatique et Marc Bradshaw, directeur lui aussi d’une entreprise informatique, se sont plaints des pratiques de Google consistant à « traquer » puis collecter sans leur consentement, leurs centres d’intérêt au moyen du browser interne Safari installé par Apple sur toutes ses bécanes.

Cache cache sur le Web

Leur thèse, assez astucieuse, est que même si les informations qu’ils ont recherchées au moyen de Google entre l’été 2011 et le 17 février 2012 dans le cas d’espèce, n’avaient rien de personnelles, les publicités balancées en retour sur leurs écrans, pouvaient, elles, révéler des informations personnelles dont des tiers auraient pu prendre connaissance par un simple coup d’œil indiscret sur lesdits écrans, comme l’a superbement résumé le juge Tugendhat :

 (…si les publicités ciblées révèlent apparemment d’autres informations relatives aux utilisateurs, qu’elles se réfèrent à leur personnalité, leurs projets immédiats et leurs ambitions, si lesdits sujets sont sensibles, ou en rapport avec des domaines protégés (par exemple des croyances) ou des désirs secrets et des ambitions, alors la crainte, que d’autres capables de voir les écrans, pourraient découvrir ces sujets et agir en conséquence, peut effectivement être générateur de stress et d’angoisse »).

Lire: Google touché par la grâce

Les questions soulevées par l’affaire sont bien sûr de la plus grande importance pour  l’avenir du moteur de recherche : s’agit-il vraiment d’informations de nature privée ? oui ou non, la rupture de confiance et l’usage prétendument inapproprié de données privées a-t-il fait subir un préjudice quelconque aux plaignants ? Dans l’affirmative, de quelle nature pourrait en être la compensation ?

Pour sa défense, Google, a bien entendu affirmé que l’action entreprise par les plaignants était sans cause dans la mesure où la collecte en question ne leur a fait subir aucun tort au sens où un dommage suppose un préjudice physique ou économique que les plaignants ne peuvent invoquer. En outre, arguant de son identité et du lieu de son siège social, le défendeur déclare le tribunal incompétent pour statuer sur le différend. 

Au terme d’une analyse technique aussi exhaustive que magistrale, le juge british nous rend un devoir ficelé et convaincant : 

Sur le caractère privé des informations en cause, le juge répond affirmativement au moyen d’une définition adaptée au cas de figure et qui fera date, à savoir «des informations qui se rattachent à un individu vivant qui peut être identifié a) à partir des informations collectées, b) à partir, de ces informations combinées à d’autres que le contrôleur possède ou qu’il est susceptible de détenir ».

Ce point éclairci, le juge s’est attaqué à la question du préjudice – moral – que les plaignants ont subi du fait de la possible révélation de données « intimes » à des tiers auxquels seraient venu l’idée de consulter leurs écrans et d’en tirer des conclusions en prenant connaissance des annonces publicitaires reçues.

Une condamnation à méditer

 La question du contexte – professionnel ou privé – de la consultation, pourtant fondamental, n’est étonnamment pas prise en considération (« même si je ne peux déterminer si les plaignants ont enduré le préjudice qu’ils prétendent avoir subi, et dans ce cas, quel degré de gravité il présente, mon jugement à ce stade est que chacun d’eux à droit à réparation d’un préjudice suffisamment grave… »). 

Lire: Google fait la chasse aux Trolls

Des développements un peu fatiguant pour le profane ont conduit l’homme de Droit à la conclusion que la rupture du lien de confiance entre le moteur de recherche et celui qui l’utilise ne peut être constitutif d’un préjudice, à l’inverse de l’usage des données collectées à l’insu de l’utilisateur et communiquées à des tiers afin qu’ils en déduisent les centres d’intérêt de l’internaute et le bombardent d’offres commerciales susceptibles de les assouvir.Pour le fun et empruntant à la jurisprudence du monde de l’édition, Monsieur le juge estime que quelles que soient l’identité juridique et la nationalité dont Google entend se prévaloir, les tribunaux de sa Très Gracieuse Majesté sont tout à fait compétents pour traiter du litige dès lors que les écrans des ordinateurs en cause sont situés dans leur ressort. Bref, un arrêt que le moteur de recherche qui fait son beurre au moyen des conclusions que tirent les annonceurs publicitaires, des centres d’intérêt exprimés par les internautes au travers de leurs interrogations, ferait bien de méditer… 

 
jeu, 23/01/2014 (All day)
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