Les abandons succèdent aux avaries depuis le départ de la célèbre course transatlantique.
L'ivresse des mers
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L’ISLAMOPHOBIE FRANÇAISE
C’est une information qui n’a bien sûr fait l’objet d’aucun commentaire – ni même d’une simple mention - dans la presse dominante : selon l’Observatoire national contre l’islamophobie (ONCI) du Conseil français du culte musulman (CFCM), le nombre des «actions» antimusulmanes – «dégradation de lieux de culte par des insultes et tags nazis, têtes de porcs déposées devant des mosquées, envoi par courrier de tranches de jambon, tentatives d’incendies, agressions de femmes portant un simple foulard ou un voile» - a encore augmenté, en France, entre le 1er janvier et le 30 septembre 2014, de 12,5 % (1).
Précision importante : ces statistiques sont établies à partir des plaintes déposées par les victimes de ces exactions. Elles «ne reflètent» donc «pas la réalité» - loin s’en faut -, «car nombreux sont les musulmans qui ne souhaitent pas porter plainte systématiquement lorsqu’ils sont victimes d’actes xénophobes, convaincus» qu’ils sont «qu’il n’y aura aucune suite, ce qui est très souvent la réalité». De fait, «même l’ONCI ne porte plus plainte suite aux courriers de menaces et d’insultes que reçoivent les dirigeants du CFCM, car ces plaintes sont toujours classées sans suite par les parquets, sous prétexte que ceux qui ont commis ces infractions ou délits ne sont pas identifiés», et juge d’ailleurs – cela serait en effet instructif - qu’«il serait intéressant de connaître le nombre d’affaires dont les coupables sont identifiés, arrêtés et traduits devant la justice, et surtout d’avoir le résultat de leurs condamnations».
«Chasser sur les terres de l'extrême droite»
En attendant : l’observatoire demande, rituellement, et comme chaque année, «aux hommes politiques de ne plus se taire et de s’exprimer sur la question de l’islamophobie» - ou à tout le moins de se guérir de la manie qui leur fait psalmodier, «pour chasser sur les terres de l’extrême droite, que “l’islam est incompatible avec les valeurs de la République“». Et quant à la presse, il conviendrait qu’elle se décide enfin à dénoncer pour ce qu’elle est «cette haine de l’autre qui porte» quotidiennement «atteinte au “vivre ensemble“» : mais de cela, évidemment, il n’est nullement question dans les rédactions où l’islamophobie française est devenue un produit d'appel…
(1) Le nombre des « simples » menaces, en revanche, a considérablement diminué dans la période envisagée – de 49,9 %. Mais la haine raciste continue de se développer de façon exponentielle sur le Net, où des courriels en chaîne prônent notamment la « guerre à l’islam » et « l’extermination des musulmans ».
Selfie à sco...
La BCE lance un concours de selfie basé sur son nouveau billet de 10 € ou sur tout qui coûtera bientôt 10 € grace à eux...
Courte Échelle
L’hebdomadaire L’Express prétend cette semaine expliquer pour son lectorat, dans un long papier d’un certain Tugdual Denis (dont nous verrons plus loin qu’il n’est, dans cette affaire, pas complètement neutre), «pourquoi le pire» - la Pen à l’Élysée en 2017 – «est» désormais «possible».
La – prodigieuse - démonstration dudit Denis se résume, pour l’essentiel, comme suit : avant, y avait moins de gens qui votaient pour l’FN.
Mais maintenant, ils sont vachement plus nombreux.
Et donc : y a ces temps-ci plus de gens qui votent pour l’FN, alors que naguère, y en avait point autant (1).
(Je sais que c’est un peu complexe, comme raisonnement, mais j’espère que t’arrives quand même à suivre.)
Naturellement : d’autres explications pourraient être avancées, à l’appui de l’assertion, difficilement contestable, que la popularité de la Pen est assez nettement supérieure en 2014 à ce qu’elle était en 2009.
Par exemple : on pourrait pointer que l’hebdomadaire L’Express n’a pas peu contribué, depuis toutes ces années, à son renforcement.
Puisqu’en effet : l’hebdomadaire L’Express fait toutes les semaines, et d’une part, la promotion – pour ne pas dire la propagande -, discrètement délirante, des dogmes thatchériens qui génèrent les souffrances sociales où la cheffe du FN, travestie en ennemie du libéralisme – bien fol(le) est qui s’y fie, et qui méconnaît l’histoire commune de l’extrême droite et du grand capital -, alimente sa démagogie.
Cependant que, d’autre part : l’hebdomadaire L’Express s’emploie toutes les semaines à disqualifier, par des procédés dans lesquels la dignité n’entre qu’en très petites proportions, la véritable opposition, de gauche, à l’économisme dominant - quand par exemple son directeur, l’éditocrate assisté Christophe Barbier, crie (2) que Jean-Luc Mélenchon est un «clone de Robespierre», puis que «l’idée révolutionnaire est, en Europe, mort-née».
Cependant que, d’une autre part encore : l’hebdomadaire L’Express s’emploie régulièrement, par la confection de couvertures paranoïdes et de prédications hallucinées, et sous le constant prétexte de briser des tabous, à normaliser la phobie antimusulmane avec laquelle le parti pénique fait son beurre – sous le même prétexte, exactement.
Cependant que, d’une dernière part (du moins pour aujourd’hui, parce qu’on ne va pas non plus y passer la journée), l’hebdomadaire L’Express contribue, presque toutes les semaines, à une méticuleuse banalisation du FN, par la production de brèves, souvent signées par un certain Tugdual Denis, qui narrent par exemple que le pauvre M. Gollnisch, dont les états d’âme sont donc regardés comme des informations intéressantes, «regrette de ne pas avoir donné suite à la proposition de Marine Le Pen» qui «lui avait proposé en 2011 la vice-présidence du parti».
Mais de sa propre responsabilité dans les succès de la fille du Pen - et de celle, plus largement, de la presse et des médias qui depuis cinq ans déroulent devant ses pas des tapis rouges -, L’Express ne dit bien sûr pas un mot : le constat récurrent qu’«elle monte» doit rester déconnecté, surtout, de l’évidence que les forgerons de l’opinion lui tiennent très gentiment l’échelle.
(1) Au passage, Tugdual Denis délivre quelques sentences mémorables, d’où ressort par exemple qu’«à Artignosc-sur-Verdon», la Pen fait des scores de folie, alors que «pas une mobylette trafiquée ne roule la nuit» dans ce paisible village varois…
(2) Dans son éditorial de la semaine dernière.
1984, l'autre visage de l'anti-terrorisme
Quand l'Europe s'abime dans une nouvelle course à l'antiterrorisme, sort un livre salutaire.
C'est un petit livre noir d'une cinquantaine de pages. Presqu'un fascicule. Ce ne sera pas un succès de librairie. «Ce discours aujourd'hui, est inaudible» concède même son auteur Jacques Follorou. Journaliste au Monde, spécialiste des questions corses et de renseignement, le presque cinquantenaire n'a rien d'un révolutionnaire ou d'un anarchiste. Mais ces lignes, teintées de l'évidence des faits, balaient la doxa dominante des 15 dernières années. En fait le terrorisme a gagné. Démocraties sous contrôle: la victoire posthume d'Oussama Ben Laden démonte les rouages du triomphe, planté sur trois ressorts. La main mise des services de renseignements sur les démocraties occidentales, l'indolence des élus des mêmes contrées, l'acceptation par la population d'une privation de liberté pour se prémunir d'une menace, sinon virtuelle, du moins largement surestimé. «Je vous le dis, la liberté et les droits de l'homme en Amérique sont condamnés. Le gouvernement des Etats-Unis entraînera le peuple américain - et l'Occident en général- dans un enfer insupportable et une vie étouffante», prédit un certain Oussama Ben Laden le 21 octobre 2001. Visionnaire sans aucun doute. Depuis, le champ des lois antiterroriste n'a cessé de s'aggrandir, rognant sur les libertés individuelles, dérogeant toujours plus aux règles d'un Etat de droit. Et profitant de la menace fantôme du terrorisme pour surveiller toujours plus de choses, toujours plus de monde. Toujours avec moins de contrôle.
L'amicale des services de renseignement
Un simple exemple. Entre 2012 et 2013, les Etats-Unis ont intercepté près de 70 millions de données, téléphonique ou électronique en France. Sans grande réaction ni des autorités françaises ni des services secrets français. Il ne fallait pas fâcher l'ami américain, ni «l'amicale du renseignement» décrit l'auteur. Les agences américaines (NSA), anglaises (GHCQ), françaises (DGSE) entretiennet plus que des relations diplomatiques. Elles échangent allègrement leurs données techniques interceptées, ouvre leurs accès et s'entraident sans compter pour tracer les communications. A l'ère numérique, autant dire une surveillance généralisée. Le tout sans en avoir référer à la tutelle politique… «A ce niveau là, avoue un haut responsable de l'exécutif français, c'est sous nos radars les services disposent d'une autonomie de stratégie». Plus qu'un aveu d'abandon. Un renoncement quasi gratuit. A tout collecter, les agences oublient souvent d'exploiter les données. Quand bien même elle le feraient «la surveillance de masse est inadapté à la lutte contre le terrorisme» scandent magistrats, vétérans du renseignements et autres experts. «Les profils de Mohammed Merah et Medhi Nemouche échappent en grande partie aux filets juridiques et de surveillance. Ils sont absents d'Internet et des réseaux sociaux, décrit l'auteur. Autoradicalisés ils n'ont pas de sociabilité religieuse et ne fréquentent pas la mosquée.» Aussi force est de lister à quoi servent le contrôle des échanges par les services secrets: représsion culturelle (comme en Chine), politique (l'exemple libyen), contrôle de la presse ou de l'opposition….
Une société ultra-surveillée sans contrôle politique, des communications interceptées au nom d'une menace fantômes, des citoyens asservis par un dogme. Quel est le nom de ce chemin emprunté par nos sociétés?
Démocraties sous contrôle: la victoire posthume d'Oussama Ben Laden (CNRS Editions)
Etape intermédiaire
François Hollande arrive à mi mandat
la peau du président
François Hollande est un animal politique au cuir tanné, c'est lui qui le dit...
FIFA : saura-t-on un jour si le Qatar a triché ?
Michael Garcia voudrait que son rapport soit rendu public, après avoir garanti à l’un de ses témoins que son enquête était confidentielle ; comprenne qui pourra…
Michael Garcia, l’ancien procureur du District Sud de New York devenu président – indépendant - de la Chambre d’Instruction du Comité d’Ethique de la FIFA a bien du souci. Le 5 septembre 2014, il a remis à son collègue Hans-Joachim Eckert qui préside la Chambre de Jugement du même Comité, son rapport de 350 pages sur les conditions douteuses dans lesquelles a été attribuée l’organisation des éditions 2018 et 2022 de la Coupe du Monde de Football.
Depuis cette date, fortement encouragées dans ce sens par Garcia lui-même (« …c’est aussi l’occasion pour la FIFA de démontrer qu’ils ont retenu les leçons du passé et qu’ils sont déterminés à permettre qu’une organisation ouverte et transparente donne l’exemple des principes éthiques les plus élevés, au bénéfice du jeu et dans l’intérêt plus large du public…. ») des voix qui comptent dans la grande famille du football se font entendre pour que le pensum soit rendu public au plus vite.
Eckert, un magistrat allemand dans le civil lorsqu’il ne se prend pas la tête avec les pitreries du football planétaire, affirme à qui veut bien l’entendre que ce n’est pas possible dans l’état actuel des textes saints de la FIFA. En particulier du fait du paragraphe 1 de l’article 36 du Code d’Ethique de la FIFA qui précise que « Les membres du Comité d’Ethique et des secrétariats des chambres doivent s’assurer que toutes les informations qui leur sont communiquées dans le cadre de leurs fonctions demeurent confidentielles, en particulier les faits relevés, le contenu des investigations, des délibérations et des décisions prises, tout comme les informations de caractère privé et personnel, conformément aux dispositions de la FIFA en matière de protection des données… ».
En d’autres termes et comme il l’a rappelé le 17 octobre lors d’une interview, le Juge Eckert estime que « rendre public l’intégralité du rapport mettrait juridiquement le Comité d’Ethique et la FIFA elle-même dans une situation très délicate… ». Pour calmer le jeu, il a néanmoins ajouté qu’aux alentours de la mi-novembre, il publierait un communiqué « résumant les découvertes principales faites (par les fins limiers du sergent Garcia), leurs conclusions et leurs recommandations quant aux suites judiciaires à donner à l’affaire ainsi qu’un bref avis de sa part sur la situation d’ensemble »
A l’approche des premières confidences d’Eckert, on sent monter la pression au sein du Comité Exécutif de la FIFA incarné par la joyeuse équipe de 25 personnes qui constitue le conseil d’administration de la grosse machine du football mondial. Une agitation fort compréhensible si l’on se souvient que 12 d’entre eux ont participé au vote controversé du 2 décembre 2010 ayant désigné la Russie pour 2018 et le Qatar en 2022. Des soupçons de corruption plus ou moins avérés pèsent d’ailleurs sur 5 des 12 membres de l’actuel Comité Exécutif ayant pris part au vote.
Un infiltré du FBI à la FIFA
L’affaire vient de prendre un tour nouveau avec l’annonce le 1er novembre par le New York Daily News que l’impayable Chuck Blazer, ex-Secrétaire Général de la CONCACAF l’une des 6 familles du football mondial organisé sévissant en Amérique du Nord et dans la Caraïbe, roulait pour le FBI et le fisc de l’Oncle Sam (IRS) depuis novembre 2011.
Pour échapper à la case prison – il a palpé 21,6 millions de dollars de 1990 à 1998 sans payer un cent d’impôt et a réalisé pour 29 millions de dollars d’emplettes diverses avec sa carte American Express au cours des 7 dernières années ! - il a enregistré des conversations avec ses collègues footeux forcément du plus haut intérêt.
C’est ainsi que pendant que les athlètes olympiques s’échinaient pour décrocher une médaille dans les stades londoniens, Chuck conviait les cibles que lui désignait le FBI à une collation détendue dans sa suite de l’hôtel Mayfair.
Seraient notamment venus casser la croute et lui faire des confidences, enregistrées bien entendu en Haute Fidélité grâce à un micro dissimulé dans son porte-clefs posé bien en évidence, Alexei Sorokin, le patron de la candidature russe, Frank Lowry, promoteur malheureux de la candidature australienne et Anton Baranov, le secrétaire de Vitaly Mutko, président russe du comité d’organisation de la coupe du monde 2018.
Au total 44 personnalités du football dont le capo de tutti capi Sepp Blatter himself, auraient été « accouchées » à leur insu de leur plein gré par le charmant Chuck. Il se murmure même que deux émissaires orientaux de très haut niveau hiérarchique et chargés de lubrifier les rouages de la bureaucratie footballistique zurichoise en faveur de la candidature du Qatar pour 2022, auraient laissé des spécimens de leurs voix suaves sur le magnétophone de l’infiltré du FBI…
Comment auraient-elles eu l’idée de se méfier d’un vice-président de la FIFA, tête pensante reconnue de la CONCACAF, membre imposant (il pèse près de 200 kg) de son comité exécutif de 1996 à 2013, membre et président de plusieurs de ses commissions permanentes dont celle du Marketing et des droits TV à la tête de laquelle il a œuvré de manière déterminante à la conclusion d’un deal avec Univision et ESPN qui a fait entrer 425 millions de dollars dans les caisses de la FIFA au titre des droits TV des coupes du monde 2010 et 2014 ?
Son rôle dans la chute en 2011 de Jack Warner, son patron à la CONCACAF qui compte 41 pays dont une vingtaine de nains exotiques du football mondial qui pour autant pèsent extrêmement lourd le jour de l’élection du président de la FIFA, et en décembre 2012 de Mohammed Bin Hammam qui s’était mis en tête de devenir Calife à la place de Sepp Blatter à coups de dizaines d’enveloppes de 40 000$ en cash, aurait pourtant dû les inciter à la prudence.
D’autant plus que c’est à Louis Freeh, l’ancien patron du FBI, qu’a été confiée dans des conditions un brin obscures, l’enquête ayant conduit au bannissement à vie de toute activité liée au football infligé à Bin Hammam, citoyen du Qatar dont on ne sait toujours pas s’il œuvrait en solo ou pour le compte de l’émirat.
Pour qui roule Michael Garcia ?
Pour l’organisation de la coupe du monde 2022, le Qatar a vaincu les USA au dernier tour du scrutin. Lesquels comptaient tout de même au sein du comité de candidature (« Go USA 2022 ») des personnalités comme Bill Clinton et Henry Kissinger peu habituées à prendre des claques aussi cinglantes pour les projets d’envergure mondiale dans lesquels ils s’investissent. C’est peut être comme prix de consolation que Blatter – qui a prestement, publiquement et opportunément fait savoir qu’il s’était prononcé en faveur de la candidature américaine – avait offert à Kissinger la présidence du Comité Indépendant sur la Gouvernance (IGC) sensé extirper la corruption endémique dont souffre l’organisation mondiale du football. Avant de se rabattre du fait du refus de l’ex-éminence grise de Richard Nixon, sur l’expert anti-corruption suisse, le professeur Mark Pieth.
Le premier rapport de l’IGC a été présenté aux instances dirigeantes de la FIFA ainsi qu’à son congrès en 2012. La première recommandation du rapport mise en pratique par la FIFA a été l’établissement du Comité d’Ethique nouvelle version, doté de deux chambres indépendantes puisque présidées chacune par un Président et un Vice Président non membres du sérail.
Et c’est ainsi que Michael Garcia s’est retrouvé propulsé à la tête de la chambre de l’instruction dudit Comité et que le cabinet d’avocat Kirkland & Elis dont il est associé, a facturé à ce jour 20 millions de dollars à la FIFA pour déterminer si les matches ayant vu la victoire de la Russie pour 2018 et du Qatar pour 2022, n’ont pas été grossièrement truqués…
Compte tenu du contexte politique international de ces deux dernières années, on a du mal à imaginer que compte tenu de son cursus et de son réseau relationnel, Garcia n’ait pas reçu discrètement mission de faire la peau de la Russie et plus encore du Qatar, afin de contraindre la FIFA à remettre la balle en jeu pour l’attribution de ses deux prochaines coupes du monde quoi qu’il puisse lui en couter au chapitre des compensations éventuelles aux deux lauréats en titre. Et bien entendu à condition de disposer d’un plan B, ce qui ne semble pas être le cas sauf à ce que la prochaine édition de l’épreuve soit confiée aux USA seuls capables aujourd’hui de la reprendre à la Russie au pied levé.
La question à quelques milliards de dollars porte évidemment sur l’impact que revêt dans une telle stratégie, le fait de rendre public le rapport de la chambre du Comité d’Ethique de la FIFA qu’il préside ?
Quand le Sergent Garcia se blesse en nettoyant son arme
Michael Garcia n’a de cesse de convaincre les huiles de la FIFA de la nécessité de rendre public son rapport d’enquête. Formellement, cela nécessiterait que son Comité Exécutif – fortement impliqué dans la possible double carambouille – modifie à la hâte, le Code d’Ethique de l’organisation.
C’est pas gagné. Pour toutes sortes de raisons à commencer par le peu d’enthousiasme d’un certain nombre de membres du Com-Ex sur lesquels plane l’ombre de la suspicion et qui craignent sans doute à juste raison de voir leur nom jeté en pâture au public.
De plus, l’ex-procureur new-yorkais devenu avocat-enquêteur, vient de se faire pincer en flagrant délit de grand écart. Dans une lettre qu’il expédiait à l’un des témoins interrogés par son équipe au début de cette année, Garcia concluait son propos en ces termes : «…Enfin, veuillez noter que cette procédure d’enquête est confidentielle. C’est la raison pour laquelle je vous invite à vous abstenir de discuter de la présente notification ou de cette procédure avec quiconque, exception faite de votre avocat si vous décidez d’en prendre un… ».
Sommé de s’expliquer par le magazine allemand Der Spiegel, sur les raisons de son apparent volte-face, il s’en est tiré en affirmant que le paragraphe du courrier assurant sa gorge profonde d’une complète confidentialité était « une clause de style » sans rapport avec la question de savoir « si, et dans quelle mesure les résultats d’une enquête terminée doivent ou non rester confidentiels ». Un peu chahuté sur sa conception très personnelle de la confidentialité, il en a repassé une couche lors d’un discours prononcé lors d’un récent déjeuner organisé à Londres par l’association des membres du Barreau américain : « c’est une chose d’affirmer au public qu’un processus rigoureux a été mis en place. C’en est une autre de lui montrer comment le système fonctionne et ce qu’il a permis de découvrir… » a-t-il indiqué, suscitant au passage une moue dubitative de la part d’une partie de son auditoire.
Une valse-hésitation que le juge Eckert a traduite en ces termes lors de son interview du 17 octobre : «Michael Garcia n’a jamais dit que son rapport devait être intégralement publié. Il a seulement indiqué qu’une publication ‘appropriée’ du rapport devrait être autorisée… ».
Bref, malgré la pression des partisans de la transparence, on pourrait bien attendre longtemps encore avant de savoir si la Russie et le Qatar ont triché pour gagner le droit d’organiser la Coupe du Monde de la Fifa…
Au menu de l'Elysée
Les indiscrétions de Jean Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée, indisposent la présidence.
Au menu de l'Elysée
Les indiscrétions de Jean Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée, indisposent la présidence.
#freenabilla
La commémoration de la grande guerre ne doit pas faire oublier les feux de l'actualité...
Pendant que les banksters se gavent, les enfants trinquent…
En 2012, 76,5 millions d’enfants vivaient sous le seuil de pauvreté dans les 41 pays les plus riches du monde. Pas sûr que les choses aillent mieux aujourd’hui…
Fascinant, le dernier rapport de l’UNICEF (« Les enfants de la récession : l’impact de la crise économique sur le bien-être des enfants dans les pays riches » - septembre 2014 ) qui enrichit considérablement – si l’on peut dire – notre connaissance sur la qualité de l’héritage que les élites politiques dirigeantes des états les plus riches du monde s’apprêtent à léguer aux générations futures.
[doc:https://fr.scribd.com/doc/246265029/Les-Enfants-de-La-Recession]
Les experts –italiens- de l’exercice se sont donc livrés à un calcul au demeurant assez simple compte tenu de la qualité de l’outil statistique dont ils disposaient : dénombrer la population d’enfants vivant en dessous du seuil de pauvreté dans les 41 pays les plus riches de la planète, et l’évolution de cette tranche de la population depuis et à cause de la crise économique de 2008.
On rappellera utilement qu’on considère généralement qu’un ménage disposant d’un revenu inférieur à 60% du revenu médian observé dans le pays considéré, entre dans la catégorie des « pauvres ».
Pour nos lecteurs un peu fâchés avec les concepts statistiques élémentaires, le revenu médian – à ne pas confondre avec le revenu moyen – est tel, qu’il y a dans le pays en question, autant de ménages percevant un revenu supérieur, que de ménages bénéficiant d’un revenu inférieur à celui-ci.
Comme l’indiquent les auteurs, «…La grande dépression qui a été déclenchée par le désordre financier ayant pris naissance aux Etats Unis et qui s’est rapidement étendu à l’ensemble de la planète, a aussi infligé la crise économique aux enfants et l’écart entre les familles riches et les pauvres s’est accru de manière alarmante dans les pays industrialisés…Des taux de chômage inconnus depuis la Grande Dépression des années 30, ont placé de nombreuses familles dans l’impossibilité de prodiguer les soins, la protection et les opportunités auxquels ont droit les enfants…Dans chaque pays, l’ampleur et les formes particulières de l’impact de la crise sur les enfants résultent directement de la gravité de la récession, des conditions économiques en vigueur avant qu’elle survienne, de la robustesse du système de protection sociale et, facteur déterminant, de l’efficacité des politiques mises en œuvre pour y faire face… »
De manière très surprenante, l’étude de l’UNICEF démontre que si, dans 23 des 41 pays étudiés, la « pauvreté enfantine » a considérablement progressé depuis 2008, elle s’est réduite dans les 18 autres, parfois même de manière considérable, démontrant ainsi que même dans un tel domaine, il n’y a pas de fatalité.
Les auteurs ont donc établi, leur hit parade de la pauvreté enfantine, en prenant soin de prendre un indice de référence, à savoir, la situation qui prévalait en 2008.
En effet, la dégradation des conditions économiques générales d’un pays peut avoir des conséquences trompeuses en termes statistiques. C’est notamment le cas de la baisse sensible du revenu médian observée dans de nombreux pays qui peut donner l’impression d’une réduction du nombre des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté. Le meilleur exemple est celui du Royaume Unis où, la « pauvreté enfantine » est apparemment passée de 24% en 2008 à 18,6% en 2012. Par rapport au revenu médian de 2008 en revanche, le nombre des enfants vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé à 25,6%, soit une progression réelle de 1,6%.
Les progrès de l'enfant polonais
En variation donc, les plus importantes réductions de la « pauvreté enfantine » ont été observées dans cet ordre, au Chili (de 31,4% en 2008 à 22,8% en 2012 soit une baisse de 8,67%) en Pologne (de 22,4% à 14,5% - moins 7,90%) et en Australie (de 19,2% à 13% moins 6,27%). A l’autre extrémité, le podium de l’aggravation de la pauvreté enfantine est trusté par…L’Islande dont le « miracle » macro-économique est peut être un trompe l’œil social (de 11,2% à 31,6% soit plus 20,40% !) suivie de la Grèce (de 23,6% à 40,5% soit plus 17,50%) et de la Lituanie (de 23,6% à 38,2%, soit plus 14,60%).
En valeur absolue cette fois et non plus en variation, laquelle n’est qu’un indice de l’impact de la crise sur les structures sociales des 41pays étudiés par l’UNICEF, les Oscars de la pauvreté enfantine, reviennent sans grande surprise à la Grèce dont 40,5% des enfants vivaient en 2012, en dessous du seuil de pauvreté, suivie de la Lituanie (38,2%) et de l’Espagne dont 36,3% des enfants vivaient dans les mêmes conditions à la même période.
Un tiers des enfants pauvres du monde riche vivent en Amérique
Plus surprenant, ce trio « de tête » de la détresse sociale des pays dits riches, était suivi en 2012 et dans cet ordre, d’Israël dont 35,6% des enfants vivaient sous le seuil de pauvreté en 2012, du Mexique (34,3%) et des USA dont, globalement 32,2% des enfants vivaient dans de telles conditions (un total de 24,2 millions de jeunes, en augmentation de 1,7 millions d’enfants ou 2,06% par rapport à 2008, qui ne disent probablement pas merci au président Obama).
Vu sous un autre angle, le tiers des 76,5 millions d’enfants pauvres du monde riche vivaient donc aux USA en 2012, un record dont le président démocrate le plus cool du monde se garde bien de faire état lorsqu’il s’auto congratule.
Avec d’ailleurs de terribles disparités internes puisque ce taux global variait de 41,9% au Nouveau Mexique à forte population hispanique comme chacun sait, à 12,5% dans le New Hampshire fortement WASPérisé… Une population qui ne manquera pas de demander des comptes un jour prochain à ses banksters dont la voracité sans borne a gravement et durablement sapé les fondations du rêve américain, et à ses élites politiques qui les ont laissé faire quand elles ne les ont pas purement et simplement encouragés dans cette voie…
Les auteurs de l’étude se sont aussi penchés sur un concept connexe à celui de la pauvreté enfantine à savoir, celui des « NEET » (Not in Education Employment or Training) autrement dit des gamins de 15 à 24 ans abandonnés à eux-mêmes, ne bénéficiant ni d’une scolarisation ou d’un apprentissage et sans emploi. Une population désœuvrée au sein de laquelle les gangs de la nouvelle criminalité organisée internationale ont su recruter prioritairement leurs « petites mains ».
La France pas très NEET
Non sans surprise, le trio de tête de cet indice de grande détresse sociale était constitué en 2012 d’Israël dont 30,7% des jeunes de 15 à 24% étaient « NEET », suivie de la Turquie (25,5%) pays où on observe la réduction la plus sensible de ce phénomène social, baisse qu’il faut peut être mettre au compte de la réislamisation sournoise de la société turque sous le régime de Recep Tayyip Erdogan, lequel a célébré la bonne nouvelle en inaugurant son Palais Blanc de 200 000 m2 habitable… (Le taux de NEET recensés en Turquie était encore de 37% en 2008 !) et enfin de l’Italie (22,2%, en augmentation de 5,6% par rapport à 2008).
Et la France dans tout cela ?
Conséquence probable de la relative efficacité de notre légendaire et envié système de protection sociale, l’hexagone se situe honorablement sans plus dans l’étude de l’UNICEF. Très loin de l’inaccessible Norvège (5,3% d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté en recul de 4,3% depuis 2008).
En 2012, la population enfantine française vivant sous le seuil de pauvreté, bien qu’ayant augmenté de 3% depuis 2008 (elle a baissé dans le même temps de 0,2% chez notre voisin et principal partenaire économique allemand) se limitait encore à 18,6% (contre 15% pour l’Allemagne).
Là où nous aurions – aussi - beaucoup à apprendre de notre voisin d’Outre-Rhin à la démographie certes poussive, c’est dans la lutte contre le phénomène « NEET » où, avec 6,3% (en réduction de 2,1% par rapport à 2008) l’Allemagne creuse profondément l’écart avec la France (11,2% en augmentation de 1% par rapport à 2008).
LES RISQUES DU FUMIER
Nième tempête cévenole sur l’Elysée. Les girouettes ne savent plus où se tourner : après le chemin des Dames, le gaz moutarde…
Le journalisme d’investigation, genre découverte du Watergate, cela consiste à mettre au jour ce qu’on veut à tout prix cacher. En principe, et en se donnant un mal fou, sans parler des risques encourus. Désormais, la définition a évolué: investiguer, cela consiste de nos jours à diffuser ce qu’on vous balance. Déjà, on savait qu’au Canard enchaîné, l’essentiel des infos arrive par la poste, en photocopies. De nos jours, on passe carrément à table. Un déjeuner bien choisi vaut six mois d’enquête, pour peu qu’on tombe sur un fielleux, un étourdi ou, à l’extrême rigueur, un rien du tout soucieux d’exister pendant huit jours. Guettez le pet, et orchestrez la chambre d’amplification médiatique, toute prête à résonner à donf. Pas la peine d’organiser les chœurs, ils sont à, avec leur partition toute écrite, prévisible à la mesure près, à droite comme à gauche – et comme ailleurs, sur les bords qui ne sentent pas forcément bon.
A boire et à manger
Tenez, par exemple, imaginez de quoi peuvent parler un ancien premier ministre de Sarkozy et son ex-sous-ministre recyclé en béquille de Hollande. Certes, on a eu de bien belles journées en automne, mais cela ne peut pas occuper la conversation au delà du plat de résistance. Comment va Machin, et Truc, toujours cocu ?, cela nous mène au fromage. Alors, comme dans toutes les familles en deuil et les retrouvailles de vieux potes, on se met à parler politique à l’heure de la pêche Melba. Pour des pros, « parler politique », ce n’est certainement pas échanger des avis. Le gimmick, la phrase clé qui ouvre la porte de l’essentiel, c’est : « au fait, j’aurais quelque chose à te demander… ».« Je t’écoute, répond l’autre, dis toujours… ». « Eh ben voilà : comme tu le sais… ». Je vais pas scénariser ça, je suis pas Audiard, mais je l’imagine à peu près comme ça, le dessert entre Fillon et Jouyet. L’intéressant, c’est le dernier mot. Certainement du genre : « J’en toucherai un mot à qui tu sais, si ça te fait plaisir. Mais je te promets rien, tu sais comme il est… ». Pas besoin d’investiguer beaucoup pour sentir le coup, non ? pas suffisant quand on a un livre à faire – et surtout à vendre. Alors, on se met à l’affût de la bourde, de la phrase qui tue. Le dictaphone ronronne sur la table. Et le gars lâche une perle.
Iznogoud moins quatre
Oh, pas besoin d’un scoop renversant, du genre « personnellement, j’adore les teckels » ou « François s’est enfin décidé, il fait refaire les papiers de l’escalier ». Là, le scoop, c’est « Fillon veut la peau de Sarko ». Putain, ça, c’est une nouvelle, retenez-moi, je chavire de stupéfaction. Et en plus, il veut qu’on l’étripe fissa, parce que lui, personnellement en ce qui le concerne, il est en train de se dissoudre dans l’opinion comme la sucrette dans la camomille. La new, s’il y en a une, c’est qu’il en est réduit à demander à l’Elysée, pas moins, de faire ce que lui-même ou Sarko feraient en ce cas : activer le haro judiciaire. Il a l’air malin, le Snoopy de la Sarthe. C’est peut-être pour l’euthanasier, finalement, que Jouyet a balancé sur sa démarche subtile. Non, si Jouyet avait lu Machiavel, ça se saurait. Parce que, soyons sérieux, Fillon, c’est Iznogoud puissance moins quatre, il rappelle furieusement ce que Coluche disait de Lecanuet : « Vous savez, Lecanuet, il n’a l’air de rien ? Eh bien, il n’est rien ! ». C’est à cette transparence de second couteau en plexiglas trempé qu’il a dû sa nomination et sa longévité à Matignon. On le voit bien depuis qu’il évolue sans décor : hier, il était effacé, aujourd’hui, il est carrément gommé.
Je mens, tu décryptes, il décode, nous gobons
Donc, la dramaturgie est très simple. Reste ce qu’on peut en faire médiatiquement et politiquement. Je mets les deux adverbes côte – côte, ce qui est un peu lourd stylistiquement, mais ils sont devenus strictement complémentaires, inséparables comme les deux couilles de la néo-démocratie qui s’en va claudicante de scandale d’Etat en des tas de scandales. Le politique n’existe plus en soi, il n’accède à la visibilité qu’à travers la polémique. Entendez par là que toute esquisse d’un geste décisionnel va immédiatement susciter une contradiction dans les commentaires. Fût-elle très artificielle. Je prends un exemple : supposons qu’un Président de la Météo passe à la télé pour dire « vendredi, il fera beau, je décide de mettre mon alpaga ». Dans la presse, le lendemain, vous aurez le choix entre deux commentaires : 1) « Des annonces qui n’en sont pas » 2) « Une prise de risque dangereuse ». Côté opposition, on déclarera « : « Finalement, il n’a rien dit ! » avant de détailler ce rien et de certifier qu’un vrai professionnel aurait soit parié sur la pluie soit évoqué plutôt les risques d’alopécie chez les caniches, seul sujet qui préoccupe vraiment « les Français ». Ah oui, cette manie qu’ont les gus de Droite de s’exprimer au nom des « Français », qui attendent ceci, qui espèrent cela, qui sont en droit d’exiger ça et ça… Moi, ça me gave, pas vous ? Et la presse reprend ça illico, pour chauffer la sauce. Par exemple, il paraît que le mariage pour tous a « divisé les Français ». Non, il a fait chier 5% de bigots rassis qui ont cassé dix fois plus de vitrines que les écolos du Tarn… Bon, j’en reviens au temps qu’il fait : s’il tombe des cordes le vendredi, médias et opposants ricaneront, et dénonceront un « mensonge » de plus de la part d’un pouvoir cynique et coupé « des Français » , lesquels gardent toujours un parapluie à portée de main vu qu’ils ne croient plus les hommes politiques.
Ce mot de « mensonge » aura été l’arme fatale de l’opposition, mais aussi de la presse politique, pendant ce quinquennat. Il est très symptomatique : pour accuser l’autre de mentir, il faut poser en postulat qu’on détient la vérité. Elémentaire, n’est-ce pas, mais encore faut-il s’en souvenir. En vérifiant d’autre part la définition du mensonge, qui consiste à énoncer une chose fausse en sachant qu’elle est fausse. Par exemple, quand Sarkozy annonçait qu’à la fin de son mandat le chômage serait infinitésimal, il ne « mentait » pas, il faisait une promesse électorale, il ne mentait que s’il savait pertinemment que c’était du flan. En revanche, quand Hollande misait sur le retour de la croissance pour que la courbe du chômage s’inverse fin 2013, je vous fiche mon billet qu’il y croyait ardemment. Dire qu’il s’est planté grave est une chose, dire qu’il a menti en est une autre. Et si la Droite matraque sur le « mensonge », c’est que sur le plantage, elle des états de services personnels tout à fait éloquents, sinon, elle serait encore derrière le comptoir. C’est bien normal, de sa part, cette ruse. Ce qui est grave, c’est que les médias reprennent le refrain, sans critique ou presque, et exploitent le filon avec des orgasmes à répétition. D’abord, en abusant du terme « décryptage », qui implique qu’en politique, tout est « crypté », caché, brouillé comme les messages des espions russes, donc illisible et incompréhensible pour le simple citoyen, auquel on voudrait faire en permanence avaler des bobards. Ensuite, en multipliant des « décodages » qui, si on les lit bien, démontrent que le « plutôt vrai » voisine généralement avec le « plutôt faux ». Si l’on appliquait la règle à nos conversations ordinaires, on arriverait à peu près au même résultat, soit dit en passant, à l’exception des banalités du style « passe-moi le sel ». Pour une raison que les philosophes ont parfaitement repérée : dans le champ des opinions, c’est-à-dire hors du mesurable et du constant (par exemple, l’eau mouille…) la conviction se fait sur la vraisemblance, i.e. ce qui « ressemble » le plus à la vérité, ou encore : ce qu’on est enclin à considérer comme vrai. Par exemple, que Fillon veuille la peau de Sarko, c’est vraisemblable. La réciproque aussi, du reste. Pas sûr, toutefois, que l’Elysée ait quelque chose à gagner quand ça chauffe dur entre ses CRS et les écolos. Comme quoi, faut toujours se poser la question. Mais se la poser vraiment.
Les égouts, c’est tout en bas
On ne peut donc pas strictement reprocher aux politiciens de s’ébattre dans le champ de la rhétorique, qui est le domaine du vraisemblable. En revanche, on peut dénoncer l’usage qu’ils en font pour masquer la vérité, lorsqu’elle serait visible. C’est tout l’objectif des « petites phrases », formules lapidaires qui escamotent la complexité de la réalité. Elles vont par mode et par école : de la dénonciation permanente du « mensonge » par une UMP fertile en Ganelons (au hasard, Copé, Hortefeux, Buisson, Guéant…. et Sarko !) à la ritournelle syndicale (reprise par EELV, le FG et les Frondeurs) « le compte n’y est pas », vous n’avez que l’embarras du choix. Mais le pire, c’est cette perpétuelle contorsion des « commentateurs », qui baptisent « analyse » une parodie de thèse-antithèse-synthèse au terme de laquelle tout geste politique est devenu vide de sens (pour reprendre l’exemple de l’alpaga, la conclusion d’un de ces rusés serait : « pas sûr que souhaiter le beau temps soit une bonne idée » !). Prédire un échec est, du reste, cent fois plus porteur que de saluer une réussite : c’est le b-a-ba du « commentaire lucide », la courbe des événements et des sondages ne peut que descendre vers les abîmes du pire. Cette pratique, qui contraste avec la connaissance approfondie de la politique de leurs aînés, trahit surtout leur inculture politique et historique. Que penser d’un présentateur vedette, sur Itélé, qui borne ses interventions, après Hollande à la télé, sur l’examen d’une collection de tweets hétéroclites, dernière marche avant le micro-trottoir ? D’un « expert » en analyse politique qui, sur la 3, au terme de son topo de 55 secondes, s’interroge sur la manière dont tourneront les prochains « scrutins électoraux » (sic) ? De cette dame qui, passée devant et non par Sciences-Po, soutient que si le PS perdait la majorité absolue à l’Assemblée, on se trouverait dans une situation « sans précédent sous la Ve République » ? Et je ne compte pas les finauds qui ponctuent leur « analyse » par « la polémique n’est pas prête de s’arrêter », faute de français malheureusement rituelle chez nos Trissotins.
Voilà le décor, et au bout du bout, une terrible constatation s’impose : de nos jours, seule la merde se vend. En livre, sur les ondes, entre deux pubs du magazine. La merde conjugale, façon Trierweiler. La merde réactionnaire, style Zemmour. La merde télévisuelle, genre Nabilla (en attendant mieux). Ce qui « fait le buzz », dans cette affaire Fillon – Jouyet, c’est son côté merdeux. Avec pour « héros », deux clowns tristes comme un film des Dardenne. Parce que sur le fond, on ne voit pas ce qui va réveiller le chat. Merdeux, ce Fillon venant chialer auprès du pote à François pour qu’on étripe son rival. Merdeux, ce secrétaire général de l’Elysée qui a fait l’essuie-glace entre gauche et droite pour un strapontin et se fait pièger par des journalistes comme le premier gaffeur venu. Merdeuse, cette gauche molle et fuyante comme les rats du navire, infoutue de saisir cette belle occasion de crucifier une droite où l’on s’entretue comme dans un Tarantino, et de répliquer à Sarko, qui s’indigne de la brutalité du « pouvoir en place », qu’en son temps il voulait suspendre Villepin à un croc de boucher et a tout fait pour que la justice fasse l’abattoir (pas un seul journaliste assez couillu pour le rappeler !). Merdeuse, cette droite qui réclame sa cent-huitième démission en deux ans et demi, sur l’air des lampions et en oubliant de demander celle des Balkany, tiens, par exemple, puisqu’on en est à critiquer les amitiés de nos présidents. Merdeuse, cette presse « d’opinion » qui n’en assume aucune, et qui se garde bien de rappeler tous ces à-côtés éloquents, en laissant au Figaro le rôle de seul quotidien militant, à droite toute, de Rioufol à Tabard, chers lecteurs, la poubelle est en bas de l’écran pour vos déjections racistes et votre haine des fonctionnaires.
La grande machine à décrédibiliser les politiques est en place, en marche et tourne à plein régime. Certes, une certaine médiocrité des intéressés lui fournit tout le carburant nécessaire. Jusqu’au jour où, à force d’ouvrir des débats idiots sur l’utilité des tablettes numériques en classe (« une fausse bonne idée de Hollande » ?) ou les « forces secrètes des francs-maçons », sans passer à la moulinette les tartarinades d’un Gattaz incapable de créer un seul emploi dans sa boite ou les crimes d’une Merkel qui assassine l’économie européenne pour faire survivre son « modèle allemand », on réalisera qu’on a oublié de traiter les vrais sujets. Ceux qui, faute de sentir mauvais, pouvaient réhabiliter l’utilité du débat public face aux démagogues, aux néo-poujadistes et autres mange-merde.
Silent lucidity
Le silence vaut accord, c'est la nouvelle règle en vigueur dans l'administration Française...
Quand vient la nuit : Des chiens et des hommes
Dans un bar Brooklyn, des hommes luttent contre les démons de leur passé. Par le réalisateur de Bullhead, un film noir sous tension, porté par des acteurs exceptionnels, dont James Gandolfini dans son ultime rôle.
- Encore une vingtaine de nouveaux films en salles cette semaine.
- Qui peut suivre un rythme pareil ?
- En tout cas, pas le spectateur.
- De plus, une bonne partie des écrans est toujours mobilisée par le Christopher Nolan.
- Donc, sur 20 films, une quinzaine sont directement envoyés au casse-pipe.
- Il y a toute une série de films fragiles comme le nouveau Jean-Pierre Améris, le Respire de Mélanie Laurent, La Prochaine fois je viserai le cœur avec Guillaume Canet ou Favelas de Stephen Daldry. Des films qui auraient pu sortir directement en VoD…
- Et [Rec]4 ?
- Big nanar, atroce, qui enfonce les derniers clous dans le cercueil de la série. Ou comment flinguer une belle saga horrifique en quatre épisodes. Triste !
- Bon alors, je vais voir quoi cette semaine ?
- Je te conseille un petit polar low profile, très 70’s, Quand vient la nuit.
- Quel mauvais titre.
- Tu as raison, c’est loin d’être original, ça évoque La Nuit nous appartient de James Gray et au moins 2000 séries B. Mais c’était difficile de garder The Drop, bar-dépôt de la mafia des bas-fonds de Brooklyn.
- Il est donc question de mafia et de bas-fonds, pas très original tout ça…
- Pas seulement. Et tout est une question de traitement, tu sais.
- Et là ?
- Aux manettes de Quand vient la nuit, tu as deux hommes. Le maître du roman noir, Dennis Lehane, auteur de Mystic River ou de Shutter Island, qui signe son premier scénario. Et le Belge Michaël R. Roskam, réalisateur de l’immense Bullhead, qui met en scène son premier film américain.
Film noir et mélancolie
- Quand même ! Et donc, le pitch ?
- Très basique, classique, presque du déjà vu. Un barman taiseux et désabusé, Bob, fait son job tous les soirs dans un rad miteux de Brooklyn qui sert accessoirement de « Money Drop » où l’on récolte l’argent sale des paris sportifs de la mafia. Naturellement, la bar se fait braquer et Bob et son cousin Marv, le proprio atrabilaire, se retrouvent au milieu d’une embrouille inextricable qui va faire surgir des gros bras, un chiot, une étrange voisine ainsi que des fantômes du passé.
- Un chiot, une jeune femme et des fantômes, tu me donnes presque envie. Allumeuse…
- En plus, tout est vrai.
- Développe.
- Lehane a adapté une de ses nouvelles (Animal rescue) et réalise un vrai travail d’orfèvre, de brodeuse, en redessinant les schémas classiques du film noir et en jouant avec ses clichés : petites frappes énervées, policiers impuissants mais pas dupes, hommes rattrapés par leur passé, parrains tchéchènes sanguinaires…
- Le bien, le mal, tout ça…
- Bien sûr. Mais ici, pas de grosses fusillades, ni de poursuites de voitures, encore moins d’effets spéciaux 3D, Lehane fait dans l’intime. Les personnages principaux sont donc superbement dessinés, et vont révéler au fil de l’intrigue des failles, un passé complexe. C’est donc admirablement tricoté et Lehane refuse les facilités du cinéma contemporain : il prend son temps, installe une ambiance très noire, écrit des personnages de chair et de sang.
- Ca change des ectoplasmes d’Hollywood.
- Comme dans Cartel, le diamant noir de Ridley Scott et de Cormac McCarthy, Lehane délaisse l’action pour ses concentrer sur ses persos et leurs interactions. Il est donc question d’animaux et d’hommes blessés, de vies perdues ou en sursis, de tragédies existentielles et Lehane fait suinter de quasiment toutes les scènes une sourde mélancolie.
Le dernier film de James Gandolfini
- Derrière la caméra, il y a le jeune cinéaste belge Michaël R. Roskam. Son premier film, Bullhead, était un vrai choc, un film-monstre.
- C’était à la fois un polar agricole, un drame shakespearien, un film sur l’enfance, la barbaque, une comédie grotesque, un western dans les Flandres, un mix hallucinant entre Frankenstein et Taxi Driver.
- Quand vient la nuit n’est sûrement pas aussi surprenant.
- Non, bien sûr. Le film s’apparente plus à un exercice de style. Mais, comme Roskam le reconnaît lui-même, il y a quelques similitudes avec Bullhead, « C’est un film sur le statisme, sur ces gens qui ne veulent plus vivre mais qui existent », assure le réalisateur virtuose. Il joue la carte de la gravité étouffante et de la menace. Il goupille son film comme un cocktail-Molotov et le jette en pleine poire du spectateur à la fin, un peu à la manière de Scorsese lors du règlement de compte de Taxi Driver. D’ailleurs, son personnage principal est une bombe à retardement qui finit par exploser, comme dans Bullhead, dans une ultime scène cathartique Dans l’ombre, le chef op, Nicolas Karakatsanis sculpte la lumière et Roskam vise l’intime, joue la carte de l’émotion, de la mélancolie avec une incroyable économie de moyen. Pas d’effet, pas d’esbroufe, il cadre les visages, radiographie les âmes et regarde les hommes tomber.
- C’est également un incroyable directeur d’acteurs.
- Tu as raison. Dans Bullhead, il révélait l’immense Matthias Schoenaerts, vu depuis dans le Jacques Audiard et le Guillaume Canet. Il lui offre ici un petit rôle, mais complexe, de psycho allumé. Il est une nouvelle fois épatant. Tom Hardy, gueule de Marlon Brando, impassibilité de Bob Mitchum, le verbe rare, porte tout le film sur ses larges épaules. Qu’il prenne dans son blouson son chiot pitbull ou qu’il pète un plomb, il est phénoménal et devrait tout casser avec le prochain Mad Max.
- C’est également le dernier coucou de James Gandolfini, le héros des Soprano.
- Il faut le voir, bouffi d’orgueil dans son fauteuil miyeux, se souvenir des bons vieux jours, quand il était le mâle-alpha du quartier, le chef de meute. « J’étais respecté, j’étais craint. Cela voulait dire quelque chose… » Un mec en bout de course, une ancienne gloire locale, un petit caïd qui sait qu’il est fini et qui tente pourtant d’échapper à son destin. C’est fini, on ne verra plus Tony Soprano. James Gandolfini est mort à 51 ans en juin 2013. Quand vient la nuit restera son dernier film. Dis-moi, tu pourrais manquer un truc pareil ?
[video : http://www.dailymotion.com/video/x29ip76_quand-vient-la-nuit-de-michael-r-roskam-bande-annonce_shortfilms]
Quand vient la nuit de Michaël R. Roskam avec Tom Hardy, James Gandolfini, Noomi Rapace, Matthias Schoenaerts.
En salles depuis le 12 novembre 2014
Quelque Chose De Milton Friedman Ou D'Augusto Pinochet
L’éditocrate assisté Franz-Olivier Giesbert (1), also known as FOG, dit ce matin, dans Le Point (2), son avis sur le dernier bouquin d'Éric Zemmour - et narre que l’intéressé «est en communauté de pensée totale avec Marine Le Pen».
Mais c’est pour aussitôt préciser que : «S’arrêter à cette assertion avec des trémolos d’indignation comme tous les perroquets de la bien-pensance ne mène nulle part.»
Car en effet, pour FOG, il conviendrait surtout de relever – plutôt que de trop s’indigner, donc, de ce que Zemmour psalmodie des saletés nationalistes et xénophobes -, que : «Le discours zemmourien est aussi en résonance profonde avec ceux de l’extrême gauche et des prétendus frondeurs du PS.»
Car en effet : ce qui «frappe» FOG (3) au premier chef est qu’il y a «en»Éric Zemmour «quelque chose d’Olivier Besancenot ou de Nathalie Artaud».
Car en effet : FOG «retrouve» dans la production livresque d’Éric Zemmour «des thèmes chers à la gauche de la gauche», comme «notamment, un antiaméricanisme compulsif».
Et certes : ces considérations pourraient presque donner l’impression de n’être jamais que la récitation, par cœur, des mêmes amalgames et raccourcis dégueulasses par quoi les chiens de garde médiatiques du capital prétendent depuis de longs ans disqualifier quiconque outrerait son effronterie jusqu'à se positionner un peu à senestre d'Alain Duhamel.
Mais au lieu de trop mépriser cette «démonstration» : nous devrions peut-être nous en inspirer.
Car elle fait une méthode qui présente le double avantage qu'elle permet de gagner du temps, et de ne pas trop s'user le neurone.
Par exemple : si nous décidions de recourir, nonosbtant qu'ils sont absolument dégoûtants, aux mêmes procédés que FOG, nous pourrions assez facilement constater que la relecture des numéros du Point publiés depuis la création de cet hebdomadaire ne laisse aucune place au doute…
…Quant à la résonance profonde – pour ne pas dire abyssale – de cette ahurissante addition de ululements thatchériens et d’imprécations anticommunistes avec la doxa du régime chilien circa 1975.
Et que voilà en somme ce qui frappe, quand on lit avec attention, et avec les mêmes lunettes qu'il chausse pour lire Zemmour, la prose de Franz-Olivier Giesbert et de quelques-un(e)s de ses pair(e)s de proximité : il y a quelque chose en eux de Milton Friedman ou d’Augusto Pinochet.
(1) Qui biberonne depuis bien plus d'années que nous n'en pourrions compter sur les doigts de nos deux mains des fonds publics, au pis des aides à la presse d’une part, et à celui des confortables émoluments que lui versait France Télévision, de l’autre.
(2) Que l’État nantit annuellement de gros millions d’euros.
Castrat d'état
Bernard Cazeneuve a décidé d'interdire les grenades offensives lors de manifestation... heureusement qu'il reste le FAMAS pour se tenir propre.
FIFA : le sergent Garcia taclé par Bernardo
La guerre reprend à Zurich : pour le juge Eckert, les conditions épiques de l’attribution des Coupes du Monde 2018 et 2022 est une affaire classée.
Comme il l’avait indiqué au début du mois, Hans-Joachim Eckert, le président de la Chambre de Jugement du Comité d’Ethique de la FIFA, a rendu public le 13 novembre son commentaire de 42 pages sur le rapport de son collègue Michael Garcia, boss de la Chambre d’Instruction du même comité.
[doc:https://fr.scribd.com/doc/246778995/Zorro-a-la-Fifa]
Comme le savent maintenant tous les lecteurs de Bakchich, ce dernier a passé beaucoup de temps – trop, disent ses détracteurs – à essayer d’y voir un peu plus clair sur les conditions dans lesquelles a été attribué par la FIFA à la Russie et au Qatar, le droit d’organiser les versions 2018 et 2022 de sa Coupe du Monde.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que Garcia est devenu fou-furieux en prenant connaissance du commentaire public d’Eckert. Pour un peu, il tiendrait même le juge allemand pour une mauvaise réplique de Bernardo, le personnage sourd et muet de la cultissime série télévisée, auquel il reproche d’avoir mal lu son rapport et de le décrire de façon inaudible, voire d’agir dans l’intérêt supérieur de la grande famille mondiale du football en enterrant inexplicablement l’affaire.
Garcia a d’ailleurs indiqué dans les heures qui ont suivi la parution du commentaire de son rapport, qu’il allait « faire appel » de la décision du président – indépendant tout comme lui – de la Chambre de Jugement du Comité d’Ethique de la FIFA.
On se prépare donc à une jolie guerre de tranchée du côté de Zurich pendant qu’on doit, à juste raison, se délecter de la situation à Moscou et à Doha où, en dépit de postures avantageuses, on n’en menait pas large.
Les doutes du juge Eckert
Affirmer comme le fait Eckert à partir du rapport de son collègue dont personne ne connaît la teneur exacte, que les anomalies relevées ne sont pas de nature à décider qu’on remette la balle au centre afin de rejouer la partie, est pour le moins audacieux et suscite forcément pas mal d’interrogations dans l’esprit de ceux qui connaissent assez bien les données de l’affaire.
Quand bien même les reproches qu’il adresse à Garcia et qu’on devine entre les lignes, seraient pour partie justifiés (« …Pour un organe à vocation judiciaire comme le Comité d’Ethique de la FIFA, il ne suffit pas d’établir l’origine de paiements à vocation corruptrice. Il faut aussi démonter leur caractère frauduleux. Ainsi, l’impression selon laquelle un vote pour la Coupe du Monde de la FIFA aurait été ‘acheté’ pour l’unique raison que le pays hôte retenu n’était pas favori des sondages (une appréciation très fréquente dans les médias) est une pure spéculation très éloignée de ce qu’un organe judiciaire tel le Comité d’Ethique de la FIFA est fondé à accepter comme une preuve. Au contraire, la Chambre d’Instruction du Comité d’Ethique de la FIFA a l’obligation de recueillir des faits véritables, autrement dit des preuves qui devront ensuite être évaluées par les 2 Chambres du Comité. A cet égard, il n’est pas inutile de rappeler qu’elles doivent être substantielles, appuyées par de la documentation (officielle), les résultats de recherches bancaires, des emails et autres correspondances, ainsi que des attestations de témoins qui constituent toujours les preuves les moins discutables. Pour autant, ne perdons jamais de vue en ce qui concerne les attestations, qu’il convient toujours de s’interroger sur la possibilité qu’elles soient corroborées par d’autres preuves puisqu’elles sont susceptibles de contenir des appréciations subjectives, des récapitulations parcellaires, voire constituer des accusations mensongères envers autrui… »).
Salement habillé pour l’hiver l’ex-procureur de New-York !
Obstruction russe, dribbles qataris
D’un autre côté, comment aurait-il pu contourner la volonté russe évidente de faire obstruction à l’enquête ? (paragraphes 6.7 et suivants). Prétendre comme l’ont fait les lauréats de la version 2018, que les ordinateurs du Comité de Candidature ‘Russie 2018’ ont tous été malencontreusement détruits, que les demandes adressées à Google pour obtenir copies des emails échangées à partir desdits ordinateurs ont été infructueuses constitue une quasi reconnaissance de culpabilité. Mais comment le prouver ? Tout comme la collusion manifeste avec le Japon.
Mais c’est sans conteste sur la partie de l’enquête consacrée à la candidature du Qatar que les coups de griffes d’Eckert auront été les plus douloureux pour le sergent Garcia. A la décharge du juriste teuton, il faut reconnaître que les découvertes et les méthodes de Garcia telles qu’elles sont commentées par son collègue, ont parfois de quoi surprendre.
Pour quelle raison en effet, l’ancien procureur admet-il avoir reçu (et donc accepté comme moyen de preuve) de nombreux documents et passé des heures d’entretien « pendant près d’un an à partir de décembre 2012 » avec un whistleblower (bien que non nommément désigné par Eckert, il ne peut s’agir que de Phaedra al-Majid, membre déchue du Comité de Candidature qatarien) qui s’est rétractée dès juillet 2011 des lourdes accusations qu’elle portait à l’encontre de 3 membres africains du Comité Exécutif de la FIFA ayant pris part au vote controversé ? (paragraphe 6.6.7)
Quant aux dizaines de millions de dollars distribués tous azimuts et de préférence en espèces, par Mohamed Bin Hammam avant son bannissement à vie de toute activité footballistique (paragraphe 6.6.6), au généreux sponsoring par le minuscule émirat, du congrès de janvier 2010 de la Confédération Africaine de Football en Angola (paragraphe 6.6.5), de l’organisation des plus suspectes du match amical à Doha le 17 novembre 2010 entre l’Argentine et le Brésil (paragraphe 6.6.4), au rôle troublant de la Aspire Academy (paragraphe 6.6.3), et aux agissements ayant « de manière avérée, violé plusieurs dispositions du Code d’Ethique de la FIFA » de deux conseillers/consultants du Qatar contre lesquels ne peuvent être prises aucune sanction « sportive » puisqu’ils n’exercent aucune fonction d’aucune sorte dans le football, c’est manifestement de manière abusive que le juge Eckert affirme que tous ces faits délictueux sont sans rapport direct avec la candidature de l’émirat…
Bref, rien n’est joué malgré la ferme intention de Hans-Joachim Eckert de classer l’affaire tout en s’opposant à ce que le rapport de Garcia soit intégralement rendu public.
D’autant qu’il se murmure aujourd’hui du côté de Zurich avec une troublante insistance, que les organes disciplinaires de la FIFA seraient sur le point de prendre des mesures désagréables envers le chef de ses inspecteurs en charge d’étudier et de donner un avis technique sur les candidatures à l’organisation du Mondial.
Le chilien Harold Maynes Nicholls, inconnu du grand public, aurait eu une petite faiblesse injustifiée pour le dossier qatarien dit-on aujourd’hui, histoire de faire payer à quelqu’un la prétendue omission de l’information capitale sur la température ultra caniculaire observée en été dans l’émirat, période pendant laquelle est supposée se dérouler l’épreuve.
Sauf que le garçon se défend en rappelant – un peu dans le désert c’est le cas de le dire – qu’il avait évoqué à l’époque le dossier qatarien comme celui qui présentait un risque technique exceptionnel, et de loin le plus élevé de toutes les candidatures.
Qui croire donc ? Une question récurrente dès qu’il s’agit de la FIFA…
Terrorisme, la menace fantôme
Visite guidée de la nouvelle loi antiterroriste, par un expert de la question d’une étonnante lucidité.
Un après midi ensoleillé d’automne. Les grand magasins parisiens préparent tranquillement leurs vitrines aux fêtes de Noël. Le flot de touristes est encore raisonnable. Les enseignes ne font pas encore le plein. Les services anti-terroriste, eux, ont déjà fait leurs emplettes. Une 15e texte visant à renforcer la grande loi contre le terrorisme de 1986 a été définitivement adopté par le Parlement le 13 novembre. Et aussitôt promulguée au journal officiel le 14, si ce n’est dans l’indifférence générale, du moins avec un assentiment politique et médiatique qui confine à l’unanimisme. 317 sénateurs (sur 348), la quasi totalité des députés (à l’exception notable des écologistes) ont entériné sans beaucoup broncher le texte.
«Les médias font bien leur travail»
«C’est un peu la course à l’échalote», sourit ce promeneur un peu particulier des grands boulevards. Ponte des services antiterroristes, le haut fonctionnaire a peu de temps pour lui ces dernières semaines. Lutte contre l’Etat islamique, surveillance des jihadistes potentiels, textes législatifs encore en discussion… Son agenda autorise juste une petite ballade citadine. La démarche péripatéticienne appliqué. «Il y a en permanence une surenchère sur la menace terroriste. Cela crée un climat anxiogène». Voire paralytique sur les bancs des Assemblées.
A l’horizon, aucune saisine du conseil constitutionnel n’est à l’étude pour un texte. «Les médias font également bien leur travail» lance taquin le fidèle commis de l’Etat. Depuis la présentation du projet de loi durant l’été, les couvertures de magazines sur le risque terroriste se sont multipliés, de même que les annonces d’attentats déjoués. Le 3 octobre, le Premier ministre Valls se félicite de «4 projets» avortés grâce aux services de police. Un mois plus tard, une note de la Direction générale de la sécurité intérieure en ajoute 3. La veille du vote définitif du texte. Joli timing. «Les correspondants de services dans les médias travaillent bien. Même si on a un peu extrapolé. De ce que je sais, le projet contre la Carnaval de Nice n’était pas aussi avancé que cela. » Au moins la communication est-elle bien passé, rendant encore plus indolore le vote d’une loi qui tord le coup à quelques règle de droits. «Elles sont dérogatoire sur le fond et la forme à la procédure standard, donc il y a toujours un risque pour les libertés individuelles».
L’ombre de l’Europe et de la QPC
Désormais, les citoyens français, mêmes majeurs et vaccinés, pourront se voir confisquer leur passeport ou leur carte nationale d’identité sur demande du ministère de l’Intérieur en raison de leurs projets supposés d’aller combattre à l’étranger. Une sanction de l’intention, assortie d’une interdiction de sortie du territoire national, qui s’appuiera sur des surveillances, compte rendu des services secrets, et pourra être contesté, a posteriori devant le juge administratif. L’appelant ne pourra toutefois pas avoir accès à toutes les pièces, rassemblés par les services secrets à son encontre, sécurité nationale oblige… Un étranger pourra se voir interdit d’entrer en France, aux mêmes motifs.
A l’heure de Schengen, la décision inquiète un tantinet l’Europe. «La lutte contre le terrorisme relève à 90 % des Etats membre, à 10 % de l’UE, résume un membre de la coordination européenne de la lutte contre le terrorisme. Mais il faut quand même respecter la législation européenne et les droits de l’homme.»
Ni l’entrave à la liberté d’aller et venir, ni les prémices de justice préventive, ni même l’élargissement des pouvoir des services secrets n’ont suffi à réunir assez de parlementaires pour saisir le conseil constitutionnel.
«Aucun attentat n’a jamais eu lieu faute d’un arsenal législatif»
Charge incombera aux ONG et à leurs avocats de pousser la loi dans ses retranchements. Dans la croix, elles ont d’ores et déjà annoncé qu’elles porteront des questions prioritaires de constitutionnalité sitôt les premières interdictions lancées. Avant un tour par la Cour européenne des droits de l’homme.
- De toute façon, résume notre promeneur de l’antiterroriste, ces lois sont un faux problème. Aucun attentat n’a jamais eu lieu faute d’un arsenal législatif approprié». Pour exemple, l’ancien directeur de la NSA a admis l’an passé devant une commission du renseignement du Sénat américain que le programme Prism n’avait permis de déjouer qu’un ou deux projets terroristes. Les parlementaires américains étaient particulièrement vindicatifs à l’égard de Keith Alexander. Un exemple loi d’être suivi par leurs homologues français.
«Les députés autrefois les plus remontés à l’encontre des services de renseignements ont depuis été pris en main, glousse notre interlocuteur. C’est un syndrome de Stockholm amusant à observer». Qui laisse ouverte la lancinante question de l’empilement des loi-antiterroristes. Et leur utilité.«Que ce soit les politiques, les magistrats ou les services, on a tendance à terroriser beaucoup de situations, conclut le grand flic. Regardez ce qui s’est passé avec l’affaire de Tarnac. L’anti terrorisme est le cache sexe de bien des choses…»