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Demain, on ne rasera plus…

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Le gouvernement Ayrault va devoir trouver 25 milliards d'euros pour rentrer dans les clous de Bruxelles.

C’est bien connu, depuis 1982 et le gouvernement Mauroy, l’austérité est de droite et la rigueur de gauche. 

 

D’ailleurs, le président sorti se refusait à parler de rigueur et il avait pour cela un argument choc : la rigueur signifiait une hausse des impôts, attitude typique des socialistes à laquelle  il se refusait avec la plus grande fermeté... Il faut dire que ce refus pouvait prendre des tours étranges. Ainsi pendant la campagne, répondant à une question d’un journaliste sur les économies budgétaires qu’il avait prévues, il avait donné comme exemple le non relèvement du barème de l’impôt sur le revenu, dont tout un chacun peut comprendre sans sortir de l’ENA qu’il s’agit d’une hausse d’impôt…Bref le président sorti avait une vision un peu floue de ce que sont un impôt et une économie budgétaire, réduisant en son for intérieur la notion d’augmentation d’impôt au sadisme fiscal habituel des socialistes…

 

Aubry l'adepte du sadisme fiscal

Ce sadisme fiscal est d’ailleurs pleinement assumé, en tous cas par la désormais « première opposante ». Tout le monde aura reconnu sous ce titre Martine Aubry. Prenant au mot l’idée que la rigueur, toute de gauche, est avant tout fiscale, elle clame dès qu’un micro passe à sa portée qu’il va falloir augmenter les impôts de façon significative. De temps en temps, certains rappellent autour d’elle que lors des précédentes législatives, l’UMP alors en pleine euphorie aurait perdu près de 50 sièges de députés du fait de l’annonce par Jean-Louis Borloo d’une hausse de la TVA. Cela n’a semble-t-il pas de conséquences sur les propos  de la « méremptoire », bien au contraire. 

Officiellement en effet, elle espère que ce « discours de vérité » fera partir le quinquennat sur des bases de clarté et de responsabilité ; officieusement, elle est prête à tout pour torpiller Hollande. 

 

Rigueur ou austérité, derrière le choc des mots, il n’y a pas photo,  du moins à en croire  Bruxelles.  Pour  tenir son engagement  de déficit de 3% du PIB en 2013, (soit 60 Mds €) en plus des recettes nouvelles dues aux décisions prises par Fillon à l’été et à l’automne derniers, il faut trouver 25 Mds €. Et comme la croissance sera nulle cette année, ces 25 Mds € seront directement prélevés sur le pouvoir d’achat actuel des Français. 

Le seul qui semble ne pas en être convaincu est Pierre Moscovici. Pour l’instant, la multiplication de ses déclarations sur le thème qu’on s’en sortira sans hausse d’impôts avec juste 5Mds € d’économie n’émeut personne. Nous sommes encore en campagne électorale et il faut bien que quelqu’un réponde à la « première opposante ». Et puis, ceux  que l’on appelle dans la presse de façon quasi-mythique, les « marchés », c'est-à-dire de façon plus pragmatique, les dirigeants des banques internationales, ont compris deux choses : la première est que dans la déroute européenne ambiante, la France reste une bonne signature si bien que l’on peut continuer à lui prêter sans trop regarder sa politique budgétaire immédiate-au royaume financier des aveugles gréco-espagnols, les borgnes français sont rois… ; la seconde est que Moscovici, plus dandy que jamais, n’a pas de réel pouvoir. 

 

Mosco confond millions et milliards

Sa maîtrise approximative des dossiers, vient confirmer sa réputation bien établie de dilettantisme, ce qui quelque part est rassurant : Mosco reste conforme à lui-même, insignifiant. Ainsi, dans les salles de marché, le fait qu’un titre de Libération lui ait fait dire que Fillon avait accru la dette de 600 millions -alors que c’est de 600 milliards- a suscité les sarcasmes à la fois sur l’inculture économique des journalistes de Libé, et sur le fait que si cela se trouve, la coquille est issue directement de l’incapacité de Mosco à tenir un discours clair. 

Seulement voilà, derrière  la valse des chiffres absurdes demeure une triste réalité : Bruxelles et Berlin attendent 25 Mds €, si bien que nul n’ose vraiment faire semblant de croire que demain, on rasera gratis…

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lun, 11/06/2012 - 00:15

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