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The Dictator : tyran pour rire

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Remplacé par un sosie débile, un dictateur arabe, fan de Kadhafi et Kim Jong-il, sème la zone à New York. Du très bon mauvais goût par la vedette de Borat et de Brüno.

 

- Tu dois adorer Sacha Baron Cohen.

- Plus que cela, je l’aime d’amour.

- Tu peux développer…

- Ça a commencé avec Da Ali G show, émission télé britannique où

il « incarnait » un apprenti gangsta rapper avec survet’ immaculé et

chaînes en or dans lequel il posait des questions débiles, ridiculisait,

humiliait ses invités (Pat Buchanan, Newt Gingrich, Donald Trump…).

On voyait déjà chez lui le désir de repousser les limites du bon goût, du

politiquement correct.

 

 

- Le film était nul.

- Absolument, il en a fait un long-métrage raté en 2002. Tout ce qui

faisait le sel du show avait disparu. Incroyable !

- Il s’est rattrapé avec Borat.

- Même chose ! Borat Sagdayev est un journaliste obsédé, raciste et

homophobe venu du Kazakhstan, héros d’une nouvelle série télé culte de

Cohen. En 2006, l’acteur décline son personnage sur grand écran avec le

vrai-faux documentaire Borat, leçons culturelles sur l'Amérique au profit

glorieuse nation Kazakhstan. Sous la moustache de Borat, balbutiant un

anglais approximatif, SBC sillonne les Etats-Unis et interviewe une galerie d’autochtones allumés, racistes, à côté de la plaque et donne en creux une image hallucinante de l’Empire de George Bush. Il faut l’entendre demander quel est « le meilleur pistolet pour tuer les juifs », tandis qu’un armurier consciencieux répond : « Un 9 mm ou bien un 35 » ou le voir s’aventurer sur un terrain de rodéo texan pour se faire applaudir en lançant le cultissime : « J’aime votre nation de terreur ! » 

 

Le prince du documenteur passe à la fiction

 

- Brüno était également une de ses créatures de la télé et pour le

long-métrage, SBC reprend le concept de Borat, un « documenteur »

tourné aux USA, avec cette fois un animateur de télé, autrichien

et homo qui « veut devenir la plus grande star gay du cinéma du

Schwarzenegger ». C’était une nouvelle fois énorme : Brüno se

fait « blanchir l’anus » dans un salon d’esthéticienne, parasite les

tournages des séries dans lesquelles il fait de la figuration, sème sa zone

sur un défilé de mode, porte un T. shirt où il est inscrit FIST, se tape un

ado dans toutes les positions…

- Et The Dictator ?

- Sacha Baron Cohen n’a peur de rien, même pas de donner à son film le

titre d’un classique de Chaplin.

 

 

- Cette fois, ce n’est pas un « documenteur », mais un vrai film de fiction.

- Absolument. Finis les interviews pièges, les caméras cachées ou les

happenings, place à un vrai scénario, des vrais acteurs.

- Et ?

- Avec son passage à la fiction, Sacha Baron Cohen a perdu un peu de

son mordant, de sa puissance de feu. Pourtant, le pitch est ultra-excitant. Il incarne cette fois le général Haffaz Aladeen, mix barbu entre Kadhafi et Kim Jong-il, dictateur mégalo qui élimine les inconscients qui osent lui couper la parole ou lui piquer le gadget de son paquet de céréales. A New York, au cours d’une visite à l’ONU, son conseiller – Ben Kingsley – le fait disparaître et le remplace par un sosie débile qui aime vraiment beaucoup les brebis. Incognito, sans sa barbe, Aladeen erre dans les rues de New York…

 

«Megan Fox, je t'ai refilé l'herpès»

 

- Encore la découverte des Etats-Unis par un « candide ».

- C’est le même ressort que Borat et Brüno. Mais ici, la narration tourne

essentiellement autour de deux axes : Aladeeen va-t-il retrouver son trône et découvrir le grand amour ? C’est peu dire que SBC a mis de l’eau dans son vin avec ce script un poil paresseux. Néanmoins, le film est parsemé de répliques anthologiques et SBC a toujours des idées géniales. Ainsi Saddam Hussein loge incognito dans une de ses nombreuses chambres d’amis d’Aladeen qui se tape des centaines de stars américaines (« Megan Fox, je t’ai refilé l’herpes »), veut se faire fabriquer sa petite bombe nucléaire mais fait exécuter ses savants atomistes… SBC arrive même à faire rire avec le 11 Septembre lors de la scène de l’hélico où deux gros Américains pensent qu’Aldeen va se crasher sur la Statue de la Liberté. Enorme !

- Tu as quelques répliques en stock ?

- A New York, le général retrouve un de ses anciens savants atomistes. Il lui demande :

- « Tu étais un génie de l’ordinateur. Que fais-tu maintenant ? »

- « La plupart du temps, je nettoie le sperme dans les claviers. »

- « Bravo, tu as réalisé le rêve américain. »

Effectivement, ça claque.

 

Accouchement sous X

 

- Il y a également une séquence extraordinaire, hénaurme, dans le plus

pur style SBC quand il porte secours avec sa compagne à une femme

en train d’accoucher dans un magasin. Il lui introduit un avant-bras

inquisiteur dans un orifice et l’autre se met à beugler : « Vous êtes dans

le mauvais trou ». Ce à quoi Aladeen, hilare, répond « Si j’avais eu un

dollar à chaque fois que j’ai entendu celle-là ».

- Ah quand même.

- Ce n’est pas fini. La séquence s’éternise et on se retrouve avec un plan

insensé où la main du héros et de sa compagne se retrouvent dans le

vagin de la femme enceinte, un plan filmé de l’intérieur !

- Conclusion ?

- Un film qui frôle le bon goût sans jamais vraiment l’atteindre. Si tu

n’attends pas un film aussi subversif que Borat, tu vas passer un sacré un

bon moment.

 

 

The Dictator de Larry Charles avec Sacha Baron Cohen, Anna Faris, Ben Kingsley, Megan Fox, Edward Norton, Gad Elmaleh.

En salles le 20 juin 2012

mar, 12/06/2012 - 07:15

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